Les pépites de Montpellier, trop rares pour générer un effet boule de neige

Avec un seuil de chiffre d’affaires d’au moins 50  millions d'euros et des effectifs entre 250 et 5 000 salariés, la marche pour se hisser au niveau de l’entreprise de taille intermédiaire semble trop haute pour l’immense majorité des PME de la Région. Même si des champions locaux ont émergé et réussi à croître, leur trajectoire ne fait pas encore école.

Selon un récent décompte de Bpifrance, le Languedoc-Roussillon abrite aujourd'hui 74 ETI indépendantes. L'écart avec le cumul national (4 703 entreprises) offre à lui seul une illustration du retard régional. Un constat récurrent, car le problème est ancien.

« Historiquement, la région s'est positionnée sur des activités peu ou faiblement industrialisées, orientées vers les services à la personne et le secteur viticole, analyse Didier Redon, directeur du pole Languedoc-Cévennes de KPMG. Quant au bassin industriel régional, il reposait sur des filières trop vite concurrencées par l'international, comme le textile, ou en perte de vitesse, à l'image du bassin minier d'Alès. »

Riche de 5 500 chercheurs et de ses universités vénérables, la Région affiche, toutefois, le troisième plus fort taux de création d'entreprises innovantes en France. Mais leur aptitude à se propulser vers le palier supérieur reste limitée.

`« Nous butons sur une absence de culture entrepreneuriale, déplore Nadine Faedo, directrice régionale de Bpifrance. Quand une start-up développe un nouveau process, personne ne se soucie d'en faire une success story à l'anglo-saxonne. Nos pépites se font racheter car elles ne grandissent pas assez vite. »

De leur côté, les ETI du cru utilisent, de longue date, les trois leviers de croissance identifiés par KPMG dans son étude d'avril 2013. Dans le matériel pour BTP (groupe Altrad, 6.500 salariés, CA en 2013 de 710 millions d'euros), le vin (AdVini, 257 salariés, CA en 2013 de 219 millions d'euros) ou bien le textile enfants (Orchestra-Prémaman, voir ci-dessous), les champions régionaux ont su dégager une capacité à innover sur leur produit ou leur réseau commercial, à se développer sur le grand export et à faire de la croissance externe. Et surtout, elles ont compris l'intérêt d'ouvrir leur capital pour soutenir cette croissance.

Une faible attractivité pour le capital-risque

Trop peu nombreuses dans ce cas, leur exemple tarde à faire effet boule de neige.

« Le recours à l'autofinancement et à la dette pour financer les investissements ou la R&D reste très élevé chez les PME régionales, quand l'augmentation de capital est négligeable », confirme Nadine Faedo.

Les sociétés locales de capital-risque, Sud Angels et Melies, et de capital-investissement, Soridec et Sofilaro (Crédit Agricole), même renforcées par l'arrivée récente du toulousain Midi Capital, sont trop esseulées aux yeux des experts.

« La Région ne réussit pas à convaincre les grandes banques d'implanter plus de capital-risque chez elle, cingle l'économiste Nicolas Bouzou, auteur en 2010 d'une étude sur les ETI pour l'Ordre régional des experts-comptables. Une solution serait d'évoluer vers une logique de clusters, en regroupant des entreprises à forte cohérence sectorielle tout en intégrant ces solutions de financement. »

L'association LeadeR regroupe les PME régionales en forte croissance. Le manque de perspectives du marché est le frein le plus fréquemment cité par ses 48 adhérents pour justifier ce retard de croissance. Du coup, LeadeR travaille sur des offres groupées, à l'export ou pour les grands appels d'offres.

« À ce jour, les PME qui collaborent le plus le font au sein de clusters, et donc sur un même métier, note le président Jean-Pierre Richard. Nous développons une approche intermétiers, où des acteurs qui se connaissent pourraient travailler sur un même objectif commercial, avec un panel de clients communs. »

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Commentaire 1
à écrit le 11/11/2014 à 15:19
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L'histoire, la terre et ses hommes n'ont pas produit d'effet boule de neige mais d'effet boule de sable. L'on y accourt.

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