La filière pêche ligérienne crée Loire Océan Filière Pêche pour être plus visible

Fragilisée par la baisse des exportations et la fermeture des restaurants pendant la crise du Covid-19, la filière pêche ligérienne a accéléré la création de l’association interprofessionnelle Loire Océan Filière Pêche. Objectif : fluidifier les rouages logistiques auprès de la grande distribution et devenir plus visible aux yeux des consommateurs.
En Pays de la Loire, 370 navires débarquent en moyenne 30.000 tonnes de poissons à haute valeur ajoutée (bar, sole, langoustine, sardines...) chaque année an, pour un chiffre d'affaires annuel de 112 millions d'euros.
En Pays de la Loire, 370 navires débarquent en moyenne 30.000 tonnes de poissons à haute valeur ajoutée (bar, sole, langoustine, sardines...) chaque année an, pour un chiffre d'affaires annuel de 112 millions d'euros. (Crédits : D.R)

« La grande distribution a bien tenté d'acheter du poisson au cul du bateau pendant la crise, mais les producteurs n'ont rien lâché. Peut-être que ça a bien fonctionné parce que depuis un an et demi, on se parle !», reconnait Lionel Collachot, président de l'association regroupant l'ensemble des acheteurs sous criée des Pays de la Loire (ACAAPP) et l'un des artisans de la création de l'association interprofessionnelle, Loire Océan Filière Pêche, réunissant tous les acteurs de la filière pêche ligérienne, soit une trentaine d'acteurs (Comité régional des Pêches maritimes, organisation de producteurs, acheteurs, criées...) dont la région et son bras armé, le Smidap, syndicat mixte pour le développement de l'aquaculture et de la pêche en Pays de la Loire. En chantier depuis deux ans, ce projet, élaboré avec le bureau d'études rochelais spécialisé dans le domaine de l'économie maritime Odyssée Développement, devrait être officialisé au cours de l'été.

Du poisson à haute valeur ajoutée méconnu

Si les ports et les flottilles ont sauvé la face en privilégiant les marchés de proximité au moment où les exportations ont plongé de 70% et que les restaurants ont baissé leur rideau, la crise sanitaire a révélé l'urgence de se structurer et de se montrer. «Quand on parle pêche en France, on pense à la Bretagne. Or, avec 6% des apports, nous sommes la deuxième région productrice », rappelle José Jouneau, Président du comité régional des Pêches Maritimes (Corepem). Avec six ports de pêche (La Turballe, Le Croisic, Noirmoutier, Saint-Gilles-croix-de-vie, l'île d'Yeu et les Sables d'Olonne) la filière compte 1200 marins et 370 navires qui débarquent en moyenne 30.000 tonnes de poissons par an, pour un chiffre d'affaires annuel de 112 millions d'euros. Grâce à une flottille diversifiée, composée à 80% de navires de moins douze mètres qui effectuent des marées courtes de 24 à 96 heures, les acteurs de la pêche ligérienne revendiquent de débarquer toutes les espèces présentent dans le golfe de Gascogne. « De la sole, du thon, du bar, de la langoustine, du chinchard, de la sardine, de l'anchois... des produits à haute valeur ajoutée, extrêmement diversifiés. Ce sont 97 espèces, proposées sur le marché du frais dont très peu vont vers la transformation. Le paradoxe, c'est que les français sont très peu consommateurs de poissons. 60% de la production est exporté vers l'Italie et l'Espagne alors que 80% du poisson consommé en France (cabillaud, sabre...) est importé », regrette José Jouneau.

Les acteurs vont se parler

Regagner des parts de marché sera l'un des axes de travail de l'association Loire Océan Filière Pêche dont les statuts, la gouvernance et le financement devrait être finalisés début juillet. L'organisation est, elle, en revanche d'ores et déjà, actée. «Cette structure sera composée de cinq collèges, détaille Fanny Brivoal, directrice du Corepem, l'un pour les producteurs, un autre pour le mareyage et les entreprises de transformation, un troisième pour la distribution et la logistique, un quatrième ouvert aux halles de marée, un dernier réservé aux institutions et aux experts et si l'on va au bout de la logique on pourrait même accueillir des consommateurs. » Car, l'ambition est bien de faire se croiser et parler entre eux des acteurs qui ne traitent et ne partagent pas les mêmes enjeux de marché. « Le contexte, à l'instar du Brexit, a fait prendre conscience de la nécessité de se rapprocher. En aucun cas, il ne s'agit de remplacer des structures existantes. Ce sera un endroit pour débattre, trouver des solutions aux problématiques de filières. C'est là que l'on pourra obtenir des informations sur les aides financières ou être orienté vers les conseils appropriés . Et il y a urgence, on ne peut pas se permettre de perdre un bateau», observe Lionel Collachot. La volonté d'ouverture est telle que l'instance portera même la parole des pêcheurs d'eau douce. Du jamais vu !

Un problème de positionnement avec la GMS

L'autre challenge des acteurs de l'interprofession, plutôt habitués à une « surreprésentation » des collectivités et de l'Etat, est d'atteindre une taille critique suffisante pour s'autofinancer et être autonome, même si la région devrait amener une participation non négligeable. Si Loire Océan Filière Pêche entend développer une communication vers les consommateurs, les poissonniers et les restaurateurs pour gagner en visibilité, la structure entend développer une plateforme en ligne pour anticiper les apports, mettre en œuvre un système logistique pour mettre en adéquation l'offre et la demande, mieux approvisionner les circuits de distribution régionaux et nationaux avec des produits de la mer frais, français et de saison. «Comme les fruits et légumes ! », estime José Jouneau, qui entend capitaliser sur les besoins primaires de nourriture. « Le poisson est un produit sauvage, qui répond aux attentes de circuits courts des consommateurs français. Quand on voit le poids pris par le bio dans la grande distribution, il est essentiel que l'on interpelle la GMS », dit-il.

Si, paradoxalement, le prix moyen du poisson est resté très attractif pendant la crise sanitaire où seule une centaine de navires (sur 370) est restée à quai pendant trois semaines -le temps de trouver du gel hydroalcoolique!-, dès la réouverture du marché, les importations ont repris de plus belles. « C'est la région qui a le mieux résisté à la crise. On a réussi à maîtriser les cours, sans intervention financières des organisations de producteurs, ce qui ne s'est pas fait ailleurs. Mais, on a un problème de positionnement vis-à-vis de la grande distribution. En Italie, on lui a interdit de fermer, quand en France , faute de pouvoir acheter en direct -aux- bateaux- elle a préféré fermer ses rayons», déplore le président des acheteurs sous criées. De quoi alimenter les discussions de Loire Océan Filière Pêche.

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Commentaire 1
à écrit le 02/06/2020 à 20:24
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En fait les ports de Le Croisic ou la Turballe appartiennent à la Bretagne. Dénomer une filière loire océan, quelle drôle d´idée? Il est grand de faire une réforme régionale et simplifier la région très technocratique sans âme dite PDL. Réunifions le...

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