
« Ici, à Donges, nous sommes 7.000 habitants et avons recensé quelque 5.000 sites Internet ! Or les habitants ont l'impression qu'il ne se passe jamais rien chez eux et désertent les communes rurales », observe Dylan Deshayes, ingénieur en électronique, fondateur de la plateforme collaborative Wiker, créée il y a trois ans dans cette commune du bord de Loire, située entre Nantes et Saint-Nazaire, pour tisser du lien social, promouvoir l'économie locale, les circuits courts et le développement durable. Un genre de Facebook de proximité. La chaleur humaine en plus.
« C'est une réponse à l'exode rural. L'objectif, c'est que les gens sortent et consomment en local », insiste le fondateur de Wiker, lancé en 2016 autour de trois communes.
Trois ans plus tard, la plateforme s'est déjà étendue dans une trentaine de petites villes. Elle devrait en compter 50 d'ici à la fin 2019 et 200 d'ici à 2020, grâce à un modèle économique astucieux. Wiker s'appuie, à ce jour, sur un réseau de six animateurs-modérateurs, licenciés par la plateforme qui leur reverse 60 % du chiffre d'affaires réalisé sous forme de commission.
Une initiative valorisée à 4 millions d'euros
Accessible gratuitement pour les associations, les clubs sportifs, les particuliers, les acteurs culturels, la plateforme se finance par un abonnement de 30 euros par mois pour les commerçants et entreprises, par une contribution d'un euro par an et par habitant pour les communes et collectivités, et via des animations et une régie publicitaire.
« Les mairies ont souvent des problèmes pour rayonner au-delà de leur territoire. On crée des nœuds de données entre chaque commune dont la zone de diffusion est limitée à 10 kilomètres », explique le fondateur.
La plateforme relaie ainsi l'ensemble des informations (actualité, météo, services culturels, sportifs, animations...) de ses membres et partenaires, puise dans l'open data et adresse près de 9.000 newsletters ciblées. « Dès qu'un sujet sort à propos d'une commune, on le partage en local », indique Dylan Dehayes. « Et ça fonctionne. Donges a, par exemple, augmenté son trafic de 40 %. Le problème est plutôt pour les partenaires de pouvoir répondre à la demande », constate-t-il.
De 100.000 euros cette année, le chiffre d'affaires pourrait grimper à 1 million d'euros d'ici à trois ans. L'initiative a, d'ailleurs, été sélectionnée en septembre parmi 60 entreprises européennes pour être accompagnée par l'accélérateur Startupbootcamp. Valorisée à hauteur de 4 à 8 millions d'euros par le cabinet KPMG, Wiker est soutenue par quatre investisseurs privés pour un montant de 300.000 euros, sous la forme de bons de souscription d'actions remboursables.
De quoi lui donner des ailes sur un territoire hexagonal composé à 60 % de communes de moins de 20.000 habitants. Déjà, Wiker lorgne sur l'Espagne et la Roumanie, où les problèmes de désertification du monde rurale sont similaires. Le site Wiker.es pourrait être lancée fin 2020 - début 2021.
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