Gros plan sur les "start up" françaises de la musique en ligne

Plusieurs "start up" rencontrées au Midem illustrent la révolution que connaît le secteur.

La conversion de l'industrie musicale du modèle du CD physique à la distribution de musique en ligne n'implique pas seulement un changement de modèle économique. Il faut aussi une bonne dose d'innovation technologique et marketing. Illustration avec deux "start up" rencontrées au Midem.

Noomiz : au service du marketing stratégique des labels et des artistes

Fondateurs : Antoine El Iman, 12 ans chez Universal Music où il fut responsable commercial des labels Mercury, Polydor
Thomas Artiquebielle, 9 ans chez Cap Gemini, spécialisé nouvelles technologies, directeur de projets des sites Carrefour.fr et Champion.fr
Création en 2009. En version bêta depuis le 15 décembre sur noomiz.com
Capital : fondateurs, "business angels", Oseo, Ifcic (Institut de financement du cinéma et des industries culturelles).
Incubateur : Paris Innovation Bourse . Membre du Pôle de compétitivité Cap Digital
Projet : Fournir à l'industrie musicale, aux marques et aux agences de publicité des données statistiques pour les aider à détecter des talents sur Internet et déterminer le profil marketing du public des internautes qui apprécient un artiste.

A partir de blogs sur Noomiz créés par des artistes ayant ou pas signé avec un label (200 à ce jour, 600 en attente), d'une communauté de membres écoutant leur musique, de widgets pour transporter ces musiques sur Facebook, MySpace..., Noomiz propose à ses clients - éditeurs et producteurs de musique, tourneurs de concerts, agence de publicité - un abonnement à deux types d'outils: N Find (détection d'un artiste par genre, notoriété, type de public qui aime), et N Scan, (rapport statistique sur le profil de ceux qui écoutent et la qualité d'écoute  - un extrait, ou en entier, ou plusieurs fois...). Mis à jour en temps réél, il permet par exemple de mesurer l'impact d'un passage en télévision, de mieux cibler une campagne publicitaire de lancement d'un album sans dépenses superflues sur les publics déjà conquis.

L'algorithme mis au point par Noomiz vérifie sur le réseau, en recoupant les différentes inscriptions, les profils déclarés par les internautes (sexe, âge, localisation géographique). Il permet d'éditer des rapports pour chaque chanson et artiste, sur l'audience, la notoriété, la qualité de l'écoute...

Pour les artistes en quête de développement de carrière, Noomiz a noué des partenariats avec les labels AZ (Universal), Atmosphériques, l'éditeur Universal Music Publishig et bientôt d'un tourneur. Ces quatre acteurs se sont engagés chaque mois à recevoir 10 artistes inscrits sur Noomiz, sélectionnés grâce aux outils Noomiz.

MusiClassics.com : un site de niche pour amateurs de musique classique

Fondateurs : Samer Roumieh (X-Ponts), ex-Motorola, Jean-Hugues Allard (TP-INSEAD), ex- directeur général adjoint du label Erato, puis directeur artistique de Sony Classical, et plus tard de Decca et de Philips.
Capital : "business angels"
Création 2008.
Incubateur : Pépinière Numérique, Paris 20ème
Projet : Offre de télécharger ou d'écouter en streaming légalement de la musique classique. Le constat de départ est que les sites de téchargement existant ne permettent pas de s'y retrouver dans le répertoire classique. En tapant le nom d'un compositeur ou d'une oeuvre, on trouve des centaines d' interprétations et enregistrements de différents albums...

Le comité artistique, animée par des journalistes et musiciens, notamment Alain Cochard, Jean-Charles Hoffelé, Frédéric Lodéon et Jean-Marie Piel, a sélectionné au départ 1.200 ?uvres - 5.000 aujourd'hui sur une offre potentielle de 60.000 enregistrements- et pas plus de 30 interprétations pour chacune. Pour découvrir un compositeur, une sélection de ses ?uvres essentielles, des recommandations, est proposée.

Les internautes peuvent, après s'être inscrits sur le site (50.000 à ce jour) écouter les morceaux débarrassés des blancs qui ponctuent les mouvements, en streaming puis les télécharger en format wma ou AAC. Le prix est établi en fonction de leur durée (autour de 10 euros) . L'inscription ouvre droit à un crédit gratuit de temps d'écoute en streaming, réalimenté à chaque achat.

En termes de marketing, Musicclassics cible les amateurs mais pas forcément les vrais afficionados qui ont déjà une discothèque  fournie. D'où un contenu très pédagogique pour faire découvrir la musique classique. Beaucoup de visiteurs sont également très peu familiers des notions de streaming et téléchargement, d'où une explication sur chaque page "Que puis-je faire sur cette page ?".

L'innovation technologique a consisté à concevoir une base de données adaptée à la description de l'univers classique, qui vient se superposer aux métadonnées envoyées par les maisons de disques avec le fichier de leur catalogue, qui ne permettent de donner des résultats de recherche assez pertinents.

 Moozar, le prophète de l'édition Midem 2010 ....

Chaque année, un nouvel acteur est présent au Midem, déployant force communication, et se présentant comme détenteur de LA solution pour régler la crise de la musique, et du piratage, et redonner des revenus aux artistes. Souvent on ne les revoit pas l'année suivante. En 2008, on avait eu Qtrax qui promettait sur de grandes affiches, le peer-to-peer légal et gratuit, mais n'avait pas encore signé avec les majors. En 2009, la mode était aux labels participatifs avec la production financée par les internautes. L'un d'entre eux, Spidart, est en liquidation, les internautes risquent de perdre leurs mises et les artistes produits se retrouvent seuls.

Pour cette édition 2010, le prophète se nomme Moozar. Son représentant, qui se présente comme juriste ou "Legal Affairs" sur sa carte de visite, se met en travers du chemin de tout journaliste qu'il croise pour lui vendre son idée.

Une idée qui commence par une bonne nouvelle pour les artistes : 95% de la musique qui circule en ligne est piratée mais 60% des internautes sont prêts à indemniser les artistes. Il suffit juste de le demander et c'est ce que Moozar se propose de faire en collectant en ligne les dons et indemnités, d'un montant laissé à l'appréciation de l'internaute et affectés à un artiste ou un titre donné, qu'il a ou pas acquis illégalement. Puis Moozar répartit aux ayants droits (auteurs, producteurs, interprète...) qui lui donneraient mandat sur leur catalogue. Pour le moment, le site n'est qu'une page de présentation et les professionnels au Midem semblent sceptiques.

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