"BlackBerry revient sur le marché des entreprises"

Interview de Mike Lazaridis, fondateur, président et codirecteur général de RIM, Research in Motion, l'inventeur canadien du fameux Blackberry.

Le groupe canadien Research In Motion (RIM), concepteur du BlackBerry, profite lui aussi du développement du marché des téléphones mobiles intelligents et multimédias, les smartphones. Loin d'être marginalisé par le succès de l'iPhone, il poursuit sa stratégie de différenciation en s'appuyant sur la force de sa marque et la personnalité de ses mobiles.

La Tribune - Quels sont les grands enjeux du Mobile World Congress pour l'inventeur du BlackBerry ?

- C'est un salon très intéressant. Pour le tout premier, en 2000, le secteur se demandait où étaient les téléphones 3G. Puis la question est devenue : où sont les clients de la 3G ? L'an dernier, nous sommes passés à : où sont les applications ? Maintenant que nous avons les téléphones, les clients, les applications, que ça marche, le secteur se retrouve avec un manque de capacités des réseaux. Les défis auxquels l'industrie du mobile doit faire face aujourd'hui sont les problèmes de congestion, synonyme de vitesse plus lente, de connexions erratiques et d'appels interrompus.

- Comment RIM répond-il à ces défis ?

- BlackBerry s'est développé dès le départ comme un système très efficient, grâce à sa compression des données, qui nous permet d'utiliser beaucoup moins de bande passante. Cela nous donne plusieurs avantages : la durée des batteries de nos appareils est excellente et la latence est moindre. Si les e-mails sur BlackBerry sont devenus si populaires, c'est parce qu'ils étaient aussi rapides que de la messagerie instantanée il y a dix ans. Notre navigateur est trois fois plus efficient que ceux des concurrents, autrement dit pour un opérateur le coût en bande passante est trois fois moins élevé pour un client BlackBerry que pour un autre. Et ce sans compromis sur la qualité de l'expérience utilisateur.

- Comment voyez-vous évoluer le marché, le smartphone va-t-il s'imposer ?

- Les smartphones sont déjà le standard. Je pense que, dans dix ans, tous les téléphones seront des smartphones. C'est pourquoi les opérateurs doivent se montrer très prudents dans la gestion de leurs capacités.

- Après le marché des entreprises, BlackBerry séduit celui du grand public. Quelle est la nouvelle frontière de RIM ?

- Paradoxalement, nous revenons sur le marché des entreprises. Nous annonçons ce mardi que nous rendons gratuit l'accès à Entreprise Server Express, nos applications, nos services, notre assistance technique. C'était un obstacle à l'adoption du BlackBerry dans les petites et moyennes entreprises, où le potentiel est énorme pour nous. En ces temps économiques difficiles, s'équiper pour communiquer plus vite est un moyen peu coûteux d'accroître sa compétitivité pour une PME.

- Votre boutique en ligne App World ne manque-t-elle pas d'applications ? Êtes-vous jaloux du succès de l'App Store d'Apple ?

- Non, je ne suis pas jaloux ! Black-Berry a le plus grand nombre d'applications business existantes, des dizaines de milliers. Toutes ne sont pas sur App World, car certaines sont des applications créées spécifiquement pour une entreprise. Vous savez, 90 % des applications téléchargées ne sont plus utilisées au bout de quatre semaines. Il y a deux stratégies : créer des centaines de versions de la même application ou en faire moins mais avec une meilleure intégration. Nous privilégions la qualité sur la quantité : nous avons une seule boîte aux lettres dans laquelle nous regroupons les notifications de Twitter et Facebook, les e-mails, les messages vocaux, etc., en présentant toujours le plus récent et en effaçant les notifications quand elles sont lues. Nous appelons cela une « super application » qui en intègre d'autres. Sur App World, nous tâchons d'avoir les meilleures applications, celles qui ont un intérêt pour les utilisateurs, plutôt que le plus grand nombre.

- Dans le marché grand public, allez-vous faire évoluer le design du Black-Berry, voire lancer d'autres produits comme des tablettes ?

- Nous ne sommes pas présents dans le monde du PC. Le marché des smartphones est à part. Les mobiles deviennent des objets de plus en plus personnels et personnalisés. Au restaurant, on pose son téléphone sur la table, on ne le ferait pas avec son ordinateur, même portable ! Avec son smartphone, on affirme sa personnalité, son style. Il existe des opportunités pour nous dans les accessoires. BlackBerry va donc développer plus de couleurs, plus d'étuis, de coques arrière customisées. Le marché des accessoires a un important potentiel pour BlackBerry.

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