Bolloré imprime sa marque chez Telecom Italia

Aux yeux des analystes, la démission de Marco Patuano, l’actuel DG de l’opérateur transalpin, montrent que Vivendi veut y imposer ses vues. Le géant des médias souhaiterait notamment réduire drastiquement les coûts, d'autant que Telecom Italia a prévu d'importants investissements dans la fibre ces prochaines années.
Pierre Manière
Vincent Bolloré, le patron de Vivendi.

| Article publié le 21/03 à 16h11, mis à jour le 22/03 à 12h03.

Vincent Bolloré accroît son emprise sur Telecom Italia. Aux dires de plusieurs analystes sondés par La Tribune, le chef de file de Vivendi, désormais premier actionnaire de l'opérateur italien (avec 24,9% des parts), ne serait certainement pas étranger à la démission de Marco Patuano, son directeur général. Après avoir confirmé lundi des « négociations avancées » concernant « la fin consensuelle de ses fonctions », Telecom Italia a annoncé mardi la fin immédiate des fonctions de Marco Patuano, précisant qu'il partirait avec la somme de six millions d'euros bruts. L'intérim à la tête du groupe sera assuré par le président de l'opérateur, Giuseppe Recchi.

En soi, la nouvelle n'est guère surprenante. Elle se situe dans le sillage de la volonté du Vivendi de prendre les rênes du groupe. Ce qui, il y a peu, n'était pas complètement gagné. Récemment, Vivendi a été menacé de voir sa participation dans Telecom Italia diluée, via un projet de conversion d'actions proposé par la direction. Lors d'une assemblée générale extraordinaire en décembre dernier, cette résolution n'a pas récolté suffisamment de voix pour être adoptée. Dans le même temps, le géant français des médias a réussi à élargir le conseil d'administration à 17 sièges, pour y nommer quatre représentants maison.

Un plan d'économie plus important

Suite à cet accueil pour le moins frileux, il apparaît donc normal que le géant français des médias pousse en faveur d'un top management davantage en ligne avec ses desiderata. Et Marco Patuano, qui ne partageait pas la stratégie de Vivendi, faisait depuis quelques temps figure de grain de sable. Interrogé à ce sujet, Vivendi se refuse à tout commentaire. Reste qu'un premier point chaud entre le groupe de médias et Marco Patuano concernait le plan d'économies de Telecom Italia : alors que le DG l'a porté à 600 millions d'euros sur la période 2016-2018, Vivendi aurait demandé des coupes pour un milliard d'euros supplémentaire, assure le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore, d'après l'AFP. Autre dossier brûlant : Marco Patuano considérait comme « stratégique » la filiale Tim Participacoes, le deuxième opérateur mobile du Brésil. Alors que de son côté, Vivendi souhaiterait la revendre sans traîner.

D'après un analyste, il ne fait aucun doute que Vincent Bolloré cherche « à imprimer sa patte chez Telecom Italia ». Et montrer, comme il l'a récemment fait chez Canal+ en taillant dans la direction, que c'est lui le patron. D'après notre analyste, « cette manœuvre apparaît logique dans la mesure où Vivendi s'est présenté comme un investisseur industriel et non financier. En clair, il veut mettre les mains dans le cambouis, opérer des changements... Ce qui ne peut se faire qu'en changeant le management. »

Des investissements colossaux dans la fibre

Si Vivendi se montre aussi sensible à la réduction des coûts, c'est probablement parce que côté investissements, Telecom Italia prévoit des dépenses faramineuses. Lors de la présentation de ses résultats annuels en février dernier, l'opérateur a annoncé qu'il débourserait 12 milliards d'euros en Italie d'ici à 2018 - dont une grande partie pour le déploiement d'un réseau très haut débit fixe en fibre optique, dont le gouvernement a fait une priorité. « C'est énorme, on peut parler d'un vrai électrochoc », confie un analyste, arguant que ce montant « représente 26% du chiffre d'affaires sur les trois prochaines années, alors que les standards de l'industrie se situent entre 15% et 18% ».

D'après lui, c'est d'ailleurs cette nouvelle qui a fait baisser le titre lors des résultats annuels du groupe. Alors que Telecom Italia a notamment affiché un Ebitda décevant au quatrième trimestre, ces dépenses font craindre « un coup de frein au désendettement ». « Compte tenu de la période, on peut comprendre la nervosité du marché face à ces annonces », renchérit-il. Même si d'un point de vue industriel et sur le long terme, miser aussi fort sur la fibre peut « clairement être un pari gagnant ». Alors que Telecom Italia a souvent été critiqué pour son manque de direction stratégique, Vivendi semble vouloir tout chambouler en imposant la sienne. Ne serait-ce, bien sûr, que pour préserver la valeur de sa participation.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 21/03/2016 à 16:30
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Chez canal il va imprimer une mega perte Virer toute la direction changer l image et perdre le championnat anglais c'est la totale Quand je vois que la ligue des champions avec le PSG n'est même pas sur canal ouffff (vu le prix)

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