Un nouveau dispositif européen pour accélérer l'innovation

A l'image du concours i-Lab, la Commission européenne met en place un Conseil européen de l’innovation, pour passer des découvertes scientifiques européennes à des entreprises capables de se développer rapidement. En phase pilote actuellement, ce Conseil deviendra totalement opérationnel en 2021. Et les lauréats du concours i-Lab peuvent bien sûr candidater.
(Crédits : Reuters)

Des projets « pionniers » de soutien à des technologies avancées à partir de recherches et un financement « accélérateur » pour aider les jeunes pousses et les PME à mettre au point des innovations et à les développer jusqu'au stade où elles pourront attirer des investissements privés : voici ce que propose la Commission européenne, à travers son nouveau Conseil européen de l'innovation, pour faire en sorte que l'Europe soit le berceau de success stories planétaires, à l'image de sociétés qui ont émergé ces dernières années aux Etats-Unis, en Chine ou ailleurs.

Déjà, en 2017, la Commission a lancé une phase pilote pour la création de ce Conseil, en organisant des concours et des entretiens individuels dans le but de recenser et de financer les jeunes pousses et les PME les plus innovantes d'Europe. Depuis cette date, plus de 1300 projets très innovants ont bénéficié d'un financement total de 850 millions d'euros. Et la Commission a annoncé, il y a peu, de nouvelles mesures renforçant le dispositif. Mesures particulièrement soutenues par la France, qui dispose déjà du concours i-Lab.

Grandir en Europe

« Les entreprises ont du mal à grandir en Europe », a concédé Jean-Éric Paquet, directeur général de la DG Recherche et Innovation à la Commission européenne, lors de la conférence de lancement des nouvelles mesures, à Paris. Certes, l'Europe crée autant de start-up que les Etats-Unis ou la Chine, mais « il existe des limites en ce qui concerne les marchés de capitaux et l'agilité des écosystèmes pour soutenir la croissance de ces sociétés », a-t-il ajouté. Ainsi, les investisseurs privés sont parfois réticents face à des projets innovants mais peu avancés : trop « loin du marché », ils sont considérés comme trop risqués... Comment faire pour remédier à cette situation, si ce n'est faire appel au financement public ? C'est donc ce que propose le Conseil européen de l'innovation : un guichet unique vers lequel pourront se tourner les porteurs de projets dont le profil correspond au constat dressé par les pays membres. D'ailleurs, les efforts, tels que ceux déjà fournis par la France, grâce notamment au concours i-Lab, porté par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, en association avec Bpifrance, « sont parfaitement complémentaires », a précisé le haut fonctionnaire européen. Il s'agit, avec des fonds supplémentaires, d'accroître la valeur ajoutée des systèmes nationaux.

Outils de financement

Le Conseil européen de l'innovation propose ainsi deux instruments de financement, l'un, le « Pathfinder » pour les projets en phase initiale, des projets « pionniers » de la deep tech, et l'autre, l'accélérateur, visant à aider les jeunes pousse et les PME à déployer sur le marché des technologies de rupture, commercialement viables à terme, jusqu'à ce qu'elles atteignent une phase de développement telle que le projet retiendra l'attention des investisseurs privés. Le premier outil sera doté, pour 2019 et 2020, d'un budget de 660 millions d'euros et offrira des subventions qui pourront aller chacune jusqu'à quatre millions d'euros. En outre, dans les domaines de l'intelligence artificielle, des dispositifs et des matériaux autonomes implantables et de la production d'énergie à émissions zéro, cet instrument pourra également épauler des consortiums de trois entités (issues de trois Etats membres différents).

Le deuxième outil, doté de 1,3 milliard d'euros pour les années 2019 et 2020, offre des subventions ou un financement mixte, combinant subventions et prise de participation en capital. Le but est là aussi de permettre aux entreprises de bénéficier de fonds avant de pouvoir s'appuyer sur des investisseurs privés. Au total, le Conseil européen de l'innovation dispose donc d'un budget de l'ordre de deux milliards d'euros pour l'année en cours et la suivante. Au-delà de ces dispositifs financiers, la Commission européenne va nommer de 15 à 20 responsables de l'innovation auprès d'un conseil consultatif du Conseil européen de l'innovation et recruter des gestionnaires de programmes spécialisés dans les nouvelles technologies qui soutiendront, à plein temps et de façon pratique, les projets retenus.

Lactips, un bénéficiaire hors pair

Autant de fonds et d'initiatives auxquels peuvent prétendre les lauréats du concours i-Lab. D'ailleurs, Lactips, spécialisée dans le plastique hydrosoluble, biosourcé (à partir de la caséine du lait) et biodégradable, en profite déjà, depuis juin 2017. Grand prix du jury du concours i-Lab 2015, la société lancée en 2014 et basée depuis 2015 sur le site de Metrotech, à Saint-Jean-Bonnefonds, dans la Loire, a candidaté pour ce que Marie-Hélène Gramatikoff, co-fondatrice de Lactips avec Frédéric Prochazka et Fabrice Plasson, considère comme un « super programme » - très difficile à décrocher... « Et nous l'avons eu du premier coup ! », se félicite-t-elle. A la clé, 1,5 million d'euros, pour un programme de deux ans, qui se termine donc prochainement.

Il faut dire que la proposition de valeur de Lactips - sous la forme de création d'une nouvelle matière première, qui va remplacer les produits polluants - a de quoi retenir l'attention. « Nous travaillons sur des enjeux environnementaux et planétaires, nous offrons une technologie de rupture et notre stratégie commerciale est solide », énumère ainsi Marie-Hélène Gramatikoff.

Après une première accélération grâce au concours i-Lab, Lactips en a donc connu une deuxième, avec les fonds européens. « Cela nous a permis de développer nos produits, de monter une chaîne de fabrication et de commercialiser », détaille-t-elle. Sans oublier les créations d'emplois. « Nous avons embauché 10 personnes ces derniers mois, et en trois ans et demi, nous sommes passés de deux à 38 salariés », indique la co-fondatrice de Lactips.

D'ailleurs, depuis son succès au concours i-Lab, puis au programme européen, la jeune pousse ne cesse de se déployer. Elle a levé des fonds - et compte d'ailleurs faire de nouveau appel à des investisseurs dans les prochains mois - et surtout, elle vient de signer un contrat de distribution avec le plus grand groupe chimique au monde, l'Allemand BASF.

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Commentaire 1
à écrit le 11/07/2019 à 12:40
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Des décisions très peu démocratique, financé par des prélèvements très peu démocratique! L' UE de Bruxelles dans sa splendeur! On comprend leur peur du R.I.C.!

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