Conflit entre TF1 et les diffuseurs : l'Arcep veut prendre "un peu de hauteur"

Dans le bras de fer qui oppose le groupe de télévision à Canal+, Orange et Free, Sébastien Soriano, le régulateur des télécoms, a estimé sur Europe 1 qu'il y a "sans doute une faille réglementaire". "La loi n'interdit pas la rémunération de TF1" pour ses chaînes gratuites, constate-t-il. Pour autant, il juge qu'il faut "entendre" le "cri d'alarme" de TF1, dont le modèle économique est menacé par les nouveaux acteurs du numérique.
Pierre Manière
Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, le régulateur des télécoms.
Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, le régulateur des télécoms. (Crédits : Arcep)

Le bras de fer doit être l'opportunité d'une réflexion plus large sur l'avenir de l'audiovisuel à l'heure d'Internet. Voilà, en somme, ce qu'a affirmé Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, le régulateur des télécoms, ce mercredi 7 mars sur Europe 1, à propos du conflit qui oppose le groupe TF1 à Canal+, Orange et Free. Pour rappel, TF1 souhaite faire payer les opérateurs télécoms pour la distribution de ses chaînes en clair. Si le groupe de Martin Bouygues est arrivé à s'entendre avec SFR et Bouygues Telecom, les négociations sont dans l'impasse avec ses autres diffuseurs. Ainsi, Canal+ a décidé de couper le signal de TF1 la semaine dernière. Orange et Free, pour leur part, menacent d'emboîter le pas.

Sébastien Soriano a d'abord déploré que "les téléspectateurs soient pris en otage par un conflit entre des acteurs économiques". Mais il a surtout appelé à "prendre un peu de hauteur" par rapport à ce "bras de fer". Pour lui, il faut "un peu faire appel au bon sens".

"Un contrat avec l'État"

"La chaîne dont on est en train de parler a passé un contrat avec l'État qui lui a octroyé des fréquences, a-t-il rappelé. Ce contrat prévoit que tous les Français doivent bénéficier de cette chaîne gratuitement. En conséquence, on ne peut pas jouer sur tous les tableaux. Vous ne pouvez pas, quand ça vous arrange, bénéficier de la régulation, et quand ça ne vous arrange pas, rentrer dans le rapport de force..."

En conséquence, Sébastien Soriano juge qu'"il y a sans doute une faille réglementaire":

"Il y a peut-être un trou dans la raquette : aujourd'hui, la loi n'interdit pas effectivement cette rémunération de TF1, poursuit le patron de l'Arcep. Il manque peut être un principe très simple, qui dit qu'une chaîne gratuite doit être gratuite."

"Réinventer le paysage audiovisuel"

Pour autant, il appelle à "entendre" le "cri d'alarme" de TF1, qui, à l'heure d'Internet, voit son modèle reposant sur une diffusion gratuite et une rémunération par la publicité menacé par les acteurs du numérique comme Netflix.

"[TF1 juge qu'il ne peut] plus vivre dans le cadre réglementaire actuel, indique Sébastien Soriano. Ils estiment que ce modèle ne leur rapporte pas assez de revenus. Cela, il faut l'inscrire dans une réflexion plus large, qui nous permettent de réinventer le paysage audiovisuel et sa régulation à l'heure des réseau du futur."

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 07/03/2018 à 17:27
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J'ai un doute : la redevance télé ..... elle est gratuite ? Pourtant sur ma feuille d'impot ..................

à écrit le 07/03/2018 à 16:42
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...... d'autre part sauf erreur de ma part la plupart des téléviseurs récents (HD ) permettent de recevoir la TNT (....donc TF1 and Co ) SANS box ! , donc on peut parfaitement coupler les deux ........ et continuer a tout recevoir ! Personnel...

à écrit le 07/03/2018 à 16:34
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" ....Ce contrat prévoit que tous les Français doivent bénéficier de cette chaîne gratuitement." ......... Pourquoi ergoter ? On comprend trés mal la position suicidaire de TF1 : si les operateurs coupent le signal , certes les abonnés seront lés...

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