David Layani (Onepoint), architecte de la transformation

PORTRAIT. Dans un parcours atypique, David Layani a créé Onepoint pour transformer les organisations. Y compris sa propre société.
David Layani, fondateur de Onepoint.
David Layani, fondateur de Onepoint. (Crédits : DR)

Assis à la grande table de son bureau lumineux, David Layani parle vite. Le quadragénaire aux cheveux mi longs et bouclés se lève soudainement pour arpenter la pièce tout en continuant à raconter son histoire, celle d'un jeune garçon diagnostiqué hyperactif devenu entrepreneur à succès. Né dans l'Est parisien, où il a longtemps vécu, l'adolescent doué pour les mathématiques s'ennuie très vite à l'école. À 16 ans, il quitte le lycée pour entamer une carrière dans l'immobilier, puis est embauché à 19 ans par le fabriquant de processeurs EMC (racheté par Dell en 2015). Le jeune homme découvre le monde de l'entreprise avec un regard critique et des convictions fortes : « J'étais persuadé qu'il fallait transformer les organisations en s'appuyant sur les femmes et les hommes, et aussi sur les nouvelles technologies qui arrivaient. »

En cette fin des années 1990, l'amateur de chevaux assiste à la naissance d'Internet. Il pressent que l'économie va en être bouleversée et qu'il va falloir complètement repenser l'entreprise. À 22 ans, il vend sa voiture et emprunte à son oncle pour créer Onepoint. Sa vision : proposer à ses clients un point d'entrée unique (one point) pour structurer l'entreprise. En 2001, les tours jumelles de New York s'effondrent et la bulle Internet explose l'année suivante. Le très redouté (mais en réalité inexistant) bug de l'an 2000 et le passage à l'euro ont asséché les moyens financiers et technologiques des entreprises. Une période de récession qui permet à ce passionné de design à l'énergie illimitée de trouver des oreilles attentives. « Chaque crise est une opportunité » : c'est le credo de David Layani.

Bien qu'il n'appartienne pas à l'establishment du business français, le jeune patron volontaire parvient à convaincre Carrefour, alors numéro deux mondial de la distribution, de lui confier un gros chantier de dématérialisation des documents et de signature électronique. À l'époque, c'est une démarche audacieuse dans un monde professionnel où le papier règne encore en maître. Onepoint doit mettre en place rapidement une architecture informatique, des process et des outils.

« Nous avons réussi en agrégeant des partenaires experts autour de nous. C'est comme ça que Onepoint est né en tant qu'architecte de la transformation des entreprises et de la modernisation des administrations », explique le fondateur et président.

Sa stratégie s'appuie sur trois piliers : fédérer des expertises, apporter des solutions innovantes et délivrer la promesse.

Résilience

Trois ans plus tard, il connaît son premier revers en perdant son client principal et avec lui 80% de son chiffre d'affaires. Mais le jeune entrepreneur ne baisse pas les bras. « C'est ma mère qui m'a transmis sa résilience et m'a appris à me relever », explique le natif du XXe arrondissement, qui ne licencie personne et part à la conquête de nouveaux marchés, y compris en Afrique.

Pari tenu : en 2007, l'entreprise réalise 15 millions de chiffre d'affaires. C'est aussi l'année où éclate la crise des subprimes. Les sociétés de service délocalisent en Inde pour profiter d'une main-d'oeuvre bien formée et très bon marché. Le fondateur de Onepoint, fidèle à ses principes, réagit à contre-courant et décide d'investir en province en rachetant des entreprises technologiques en difficulté à Nantes et Bordeaux. Son intuition est de miser sur la proximité et le time to market pour développer de la valeur rapidement.

« Plus on fait vite, plus on fait bien, plus on crée de la valeur, moins c'est cher pour nos clients », analyse-t-il.

Pour lui, les quatre leviers de la transformation à l'ère numérique sont l'intelligence artificielle, la plateformisation des services, le design pour les outils digitaux et l'intelligence collective.

Laboratoire

En matière de gestion des ressources humaines, il innove également avec le principe du « leadership authentique ». Pour piloter son groupe qui réalise 300 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 2.300 collaborateurs en Europe, Afrique du Nord, Amérique du Nord, Australie et Singapour, David Layani a imaginé un modèle d'organisation avec seulement trois statuts hiérarchiques : associés, leaders et partenaires.

Avec comme objectif que 100% des salariés deviennent actionnaires de l'entreprise. Les 80 partenaires le sont déjà, une somme de 10 millions d'euros est réservée à 300 leaders et d'ici à 18 mois, l'ensemble des collaborateurs devrait posséder une part du capital.

« Nous voulons être exemplaires en étant notre propre laboratoire de la transformation. Cela signifie donner les moyens à tous d'apprendre en permanence dans une forme de mobilité permanente », décrit l'entrepreneur atypique.

Cette formation continue délivrée à tous les salariés doit leur fournir quatre compétences clés : une maîtrise des data et de l'IA, du design, de la cybersécurité et des soft skills [compétences comportementales, ndlr]. Onepoint est en train de construire un bâtiment de 3.000 m² à Bordeaux pour assurer ces formations.

À tout juste 40 ans dont près de 20 ans d'entreprenariat, David Layani ne manque pas d'ambition : atteindre le milliard d'euros de chiffre d'affaires d'ici cinq ans. Un développement qui n'est pas une finalité mais plutôt un moyen de construire un nouveau modèle d'entreprise. Exemple : Onepoint va bâtir à Bordeaux une sorte de campus hybride de 30.000 m² dont 7.000 m² de logements pour les salariés.

Autodidacte

« Nous voulons accueillir les meilleurs pour dessiner un nouveau monde », s'enthousiasme cet autodidacte qui passait ses nuits à étudier jusqu'à obtenir un master à HEC en 2004. Le seul moment où l'hyperactif lève le pied, c'est pendant les week-ends où il accueille ses deux filles de 6 et 7 ans. Il s'est d'ailleurs arrangé pour que son appartement, ses bureaux et leur école soient concentrés dans un rayon de 500 m. Son rêve : qu'elles le rejoignent un jour chez Onepoint. Preuve qu'être un homme pressé n'empêche pas de se projeter dans le temps long.

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PROFIL

1979 : naissance à Paris.
1985 : quitte le lycée après la première.
1999 : embauché par EMC.
2002 : crée Onepoint, société spécialisée dans la transformation globale des entreprises.
2008 : implantation en province.
2015 : rachète la société belge Vision IT et double de taille.
2018 : rachat de Weave pour 120 millions d'euros.
2019 : 300 millions de chiffre d'affaires.

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Commentaire 1
à écrit le 01/05/2019 à 15:00
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Si vous voulez que les articles soient crédibles il faut vérifier les informations...EMC n'a jamais été un fabricant de processeurs mais uniquement de systèmes de stockage....

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