La startup de la semaine : Beegift, le chèque cadeau numérique qui dynamise les centres-villes

Toutes les semaines, La Tribune braque les projecteurs sur une pépite méconnue de la French Tech. Cette semaine, Beegift. Lancée en avril 2017, la startup lorraine propose des chèques cadeaux numériques à dépenser dans des commerces locaux et indépendants. L'idée : redynamiser les centres-villes et aider à la transformation digitale des commerçants.
Anaïs Cherif
Beegift permet via son site Internet d'offrir un chèque cadeau numérique à dépenser pendant un an, entre 10 à 250 euros.
Beegift permet via son site Internet d'offrir un chèque cadeau numérique à dépenser pendant un an, entre 10 à 250 euros. (Crédits : Beegift)

Se simplifier la vie pour offrir des cadeaux, tout en aidant le commerce local. C'est le credo de Beegift, né en 2017 de la nécessité de faire un cadeau à distance. "Je suis un ancien cadre dans l'Armée de terre. Je voulais faire un cadeau à ma sœur, tout en étant loin", se rappelle Cédric Caron, président et fondateur de Beegift. "Lorsque l'on n'est jamais chez soi et que l'on veut faire plaisir à ses proches, la seule solution est souvent de passer par Internet pour offrir des cartes cadeaux valables dans les grandes enseignes." Etant lui-même "petit-fils, fils et frère de commerçant indépendant", l'idée de favoriser les enseignes locales s'est alors imposée d'elle-même.

Lancée à Commercy (Meuse, Lorraine), Beegift permet via son site Internet d'offrir un chèque cadeau numérique à dépenser pendant un an, entre 10 à 250 euros maximum, selon les montants fixés par la législation européenne. Il se matérialise sous forme de QR code envoyé par mail. "Le chèque cadeau peut être dépensé en totalité dans un seul commerce local défini par la personne qui offre, ou au contraire, être utilisé dans toutes les enseignes de commerçants indépendants d'une ville donnée", précise Cédric Caron.

Beegift est aujourd'hui accepté par 2.000 commerçants (restaurateurs, instituts de beauté, artisans, franchisés indépendants...) dans 180 villes françaises - notamment dans le Grand Est et l'Île-de-France.

"Nous proposons une solution digitale et simple à destination des commerçants pour relocaliser la consommation en ville. On s'aperçoit aujourd'hui qu'il y a une prise de conscience énorme, de la part des élus mais aussi des consommateurs, sur le retour au centre-ville et à la consommation locale", estime le fondateur.

Une inscription gratuite pour les commerçants

Pour les commerçants, recourir à Beegift ne demande aucun coût d'installation spécifique  - puisque le QR Code peut être flashé par n'importe quel smartphone - et aucun logiciel de gestion. Enfin, l'inscription est gratuite. "Il n'y a aucun frais d'inscription, ni d'abonnement mensuel", souligne Cédric Caron. "Nous prélevons une commission de 8% sur les achats réalisés grâce au chèque cadeau, à l'exception des librairies, où la commission est de 5% pour prendre en compte la régulation sur les prix des livres."

Ainsi, pour 100 euros dépensés, un commerçant touchera 92 euros. En pratique, "nous nous apercevons que bien souvent, la somme correspondant à la commission est absorbée car les clients déboursent généralement davantage que la valeur offerte pour ne pas laisser quelques euros sur le chèque", précise le fondateur. Car il faut se rendre physiquement dans les magasins pour pouvoir dépenser son bon.

"Nos chèques cadeaux ne peuvent pas s'utiliser en ligne. L'idée est de se déplacer en centre-ville, où l'on a de forte chance de craquer sur une boîte de chocolats en plus d'un livre et d'un tee-shirt", pour ainsi redynamiser les centres-villes.

La startup dit avoir permis l'équivalent de 200.000 euros en volume d'affaires depuis la vente du premier chèque cadeau, en 2018. "Aujourd'hui, nos principaux clients sont les Comités d'action sociale, l'équivalent des comités d'entreprises pour une mairie", affirme Cédric Caron.

Un projet de levée de fonds courant 2020

Pour se développer, Beegift travaille avec les collectivités territoriales, les offices de tourisme ou encore les associations de commerçants. La jeune pousse permet aux territoires d'accéder en open data à des données brutes. "Toutes les données sont anonymisées. Elles permettent seulement de savoir quel montant est dépensé, quand et où. Cela permet de flécher des usages en centre-ville", détaille Cédric Caron.

"Par exemple, pour une petite ville dans l'Est de la France où nous avons analysé les données, ouvrir son commerce à midi permet de générer un chiffre d'affaires supplémentaire de 30%. Obtenir de telles données peut donc aider les mairies à imaginer des actions pertinentes."

La startup va donc plancher courant 2020 sur des modèles d'analyse et de recommandation pour pouvoir monétiser ses données auprès des collectivités. Elle travaille également sur une offre premium pour proposer aux commerçants d'activer diverses options, comme l'ajout de photos supplémentaires. Cette fonctionnalité devrait être disponible l'année prochaine, à partir de 4,99 euros par mois.

2020 devrait aussi être l'année de l'expansion géographique pour Beegift. La jeune pousse souhaite adresser le Luxembourg, la Belgique et l'Allemagne. "Nous allons également poursuivre notre maillage national. Nous visons 40.000 commerces sur notre plateforme d'ici la fin de l'année prochaine", détaille Cédric Caron. Encore en quête de rentabilité, la startup souhaite réaliser prochainement une première levée de fonds de 1,4 million d'euros. Celle-ci devrait permettre à l'entreprise de 6 salariés de recruter une dizaine de personnes l'année prochaine, réparties entre ses bureaux à Nancy, Commercy et Paris.

Anaïs Cherif

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