Apple s'apprête-t-il à vivre sa dernière grande fête avant une période plus compliquée ? Habituée à surpasser les prédictions des analystes les plus optimistes depuis des années grâce à son produit phare, l'iPhone, la première capitalisation mondiale devrait, encore une fois, annoncer des revenus record lors de la présentation de ses résultats trimestriels, mardi 26 janvier dans la soirée.
Selon une quarantaine d'analystes américains, le chiffre d'affaires du quatrième trimestre 2015 devrait établir un nouveau record. Apple devrait annoncer des revenus compris entre 75,5 et 77,5 milliards de dollars, le consensus des analystes s'établissant à 76,8 milliards de dollars. Soit, tout de même, une progression de 2,8 milliards de dollars sur un an. Comme d'habitude, ces revenus hors normes seront tirés par les ventes d'iPhones, dont on attend 75 millions d'exemplaires écoulés au dernier trimestre 2015.
Ça, c'est le consensus, autrement dit la moyenne des prédictions des analystes. Très peu croient Apple capable ne pas atteindre la fourchette basse. En revanche, une douzaine d'entre eux se montrent particulièrement optimistes et estiment que la marque à la Pomme pourrait battre sa fourchette haute. Ce ne serait pas vraiment surprenant de la part de Tim Cook, coutumier des prévisions légèrement en-deçà des attentes pour mieux sidérer les investisseurs. Quoi qu'il en soit, une mauvaise surprise, c'est-à-dire un chiffre d'affaires au niveau ou en-dessous de la fourchette basse, semble très peu probable. Contrairement à Sony et Samsung, Apple n'a pas publié d'avertissement sur résultats, le signe d'une mauvaise nouvelle à venir.
Le déclin des ventes d'iPhones inquiète
Manque de chance, même si Apple s'apprête à annoncer un excellent trimestre, l'attention des marchés est ailleurs. La force d'Apple, c'est-à-dire ses iPhones qui représentaient en 2015 66% de son chiffre d'affaires global, est aussi sa faiblesse : si ce segment de revenus se grippe, Apple a un gros problème.
Or, les ventes d'iPhones s'essoufflent un peu, que ce soit aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. En décembre dernier, la banque Morgan Stanley a évoqué une réduction de la production d'iPhones de l'ordre de 20%. Lundi 25 janvier, le magazine économique japonais Nikkei affirme que cette limitation est en réalité de 30%, la marque à la Pomme ayant du mal à écouler autant d'iPhones 6S et 6S Plus que prévu.
La santé des fournisseurs asiatiques d'Apple est un bon indicateur de cette mauvaise passe. Taïwan Semiconductor Manufacturing (TSMC), qui fabrique des puces pour Apple, s'attend à une baisse de ses revenus de 11% sur un an. LG Display, SK Hynix Inc, Samsung Electronics ou encore Largan Precision (équipementier en appareil photo) devraient boire la tasse dans les mêmes proportions.
Autre indice inquiétant : le sous-traitant taïwanais Foxconn, qui assemble la plupart des iPhones, a réduit les heures de travail de ses salariés pendant les fêtes de fin d'année, une période où les heures supplémentaires sont pourtant légion. "La demande est très faible", indique à Reuters Adam Lin, le directeur général de Largan Precision. En cause ? Le ralentissement de la croissance chinoise, entre autres, mais aussi des inquiétudes sur la capacité d'innovation d'Apple et le fait que la concurrence se hisse progressivement à son niveau.
La croissance du marché du smartphone ralentit
La conséquence de ce ralentissement, qui se voit venir depuis plusieurs mois, se constate en Bourse. Depuis son pic d'avril 2015, le titre Apple a perdu près d'un quart de sa valeur. L'action navigue désormais autour des 100 dollars, contre plus de 130 dollars il y a huit mois.
Comme le souligne le cabinet IDC, les difficultés d'Apple s'inscrivent dans le ralentissement global du marché du smartphone. La croissance des ventes, extraordinaire jusqu'à l'an dernier, a nettement ralenti en 2015. Les ventes ont progressé de 9,7%, contre 27,7% en 2014 et 34,2% en 2013. Plus inquiétant, les perspectives ne sont pas radieuses. L'institut estime que le marché ne va pas cesser de ralentir jusqu'en 2019, où la croissance se sera que de 4,7%.
Une Apple Watch 2 et un iPhone 5SE pour le printemps ?
Dans ce contexte, Apple doit donc impérativement rassurer les investisseurs sur sa capacité à vendre toujours plus d'iPhones. Les prévisions du groupe pour le premier trimestre 2016, traditionnellement moins florissant que la fin d'année, seront donc particulièrement scrutées.
En plus de rassurer à court terme, Tim Cook et ses équipes doivent aussi convaincre que la firme à la Pomme en a toujours sous le coude, alors que ses concurrents, à commencer par Samsung, se rapprochent de plus de plus de la qualité des produits Apple.
Pour cela, un seul secret : l'innovation. Quelques nouveautés devraient donc être annoncées. Les rumeurs sont nombreuses sur la Toile ces derniers jours. Si l'iPhone 7 est plutôt attendu pour septembre, Apple pourrait annoncer la sortie d'un iPhone 5SE, une nouvelle version de l'iPhone 5S, plus petite que le 6S (4 pouces) et moins chère. Il se murmure aussi, selon le site spécialisé et très bien informé 9to5Mac, qu'une nouvelle Apple Watch, la deuxième du nom, arriverait au printemps.
Pour le reste, Apple multiplie les chantiers et pourrait préciser ses intentions concernant le futur iPhone 7. Sera-t-il le premier iPhone vraiment waterproof ? Quel avenir pour la prise casque jack, qu'Apple voulait supprimer pour imposer les écouteurs sans fil malgré l'opposition bruyante d'une partie de ses utilisateurs ? La capacité minimale de stockage du futur iPhone va-t-elle passer de 16Go à 32Go ? Qu'en est-il des performances photo et des écrans OLED, censés être plus économes en énergie ? Autant de questions attendues de pied ferme à la fois par les amateurs de high tech... mais aussi par les investisseurs, qui espèrent plus que jamais un rebond créatif de la firme de Cupertino.
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