Le fonds pour le civisme en ligne de Facebook, un coup de com' à 1 million d'euros

Annoncé en novembre dernier, Facebook France s'apprête à récompenser ce mardi 12 projets lauréats dans le cadre de son fonds dédié au civisme en ligne. Si le géant américain entend "lutter contre le harcèlement en ligne et les discours de haine", le fonds est doté de seulement un million d'euros, avec un faible potentiel transformateur.
Anaïs Cherif
Facebook France revendique 35 millions d'utilisateurs.
Facebook France revendique 35 millions d'utilisateurs. (Crédits : Dado Ruvic)

En connectant plus de 35 millions d'utilisateurs rien qu'en France, Facebook sert à son insu de canal de diffusion pour les discours de haine, les "fake news" ou encore le harcèlement en ligne... C'est pourquoi le premier réseau social au monde, avec plus de 2,30 milliards d'utilisateurs, avait annoncé en novembre dernier la création d'un fonds en France dédié "au civisme en ligne". Le but : "soutenir des projets luttant contre le harcèlement, les discours de haine et pour le développement de l'esprit critique", selon le communiqué de presse de l'époque.

Facebook s'apprête ainsi à financer 12 lauréats, en plus d'un accompagnement d'un an pour le développement de leur projet. A l'occasion de la "Journée pour un internet plus sûr", ils seront récompensés ce mardi lors d'une remise de prix dans les bureaux de Facebook France, parrainée par le choix étonnant de Patrick Bruel.

Une toute petite enveloppe pour une action symbolique

En dépit des ambitions affichées par le fonds, ce dernier est doté de seulement un million d'euros. Un grain de sable à l'échelle de Facebook, qui a généré un chiffre d'affaires de 55 milliards de dollars (48 milliards d'euros) pour un bénéfice net de 22,1 milliards de dollars (19,3 milliards d'euros) en 2018. L'initiative française fait aussi pâle figure par rapport à ce que fait le réseau social dans d'autres pays avec un objectif similaire. Ainsi, Facebook a annoncé début janvier vouloir investir 300 millions de dollars sur trois ans, principalement aux Etats-Unis, dans divers projets liés au journalisme.

Alors que Facebook a connu une année noire en 2018, sur fond de polémiques incessantes, le géant américain souhaite redorer son blason. Le fleuron de la Silicon Valley avait donc annoncé l'initiative pour afficher le message symbolique d'une entreprise consciente des fléaux qui pullulent sur sa plateforme. Facebook a même obtenu pour son fonds le soutien de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH).

De (bons) projets locaux dans un fonds fourre-tout

En France, le "Grand Prix" a été attribué à l'association Résonantes et remporte une dotation de 200.000 euros. La structure développe une application gratuite permettant de mettre en relation les filles et femmes victimes de violences verbales, physiques ou sexuelles avec des centres d'accueil spécialisés.

Les autres projets obtiennent un financement entre 50.000 à 80.000 euros chacun. Au vu de la thématique fourre-tout du fonds, Facebook prime pêle-mêle un podcast qui lutte contre le sexisme (Urban Prod), un "film de sensibilisation émouvant en réalité virtuelle" (e-Enfance) ou encore des "thérapies innovantes via l'épanouissement par le théâtre" (Cap'Ados Caen)... Des projets qui, aussi louables soient-ils, entrent dans la thématique du "civisme en ligne" (qui s'étend, selon Facebook, autant à la lutte contre les violences et les incivilités qu'à l'éducation au numérique) de manière très artificielle.

Parmi les lauréats, figure cependant l'école supérieure de journalisme de Lille (ESJ) pour son projet d'éducation aux médias "News-Truck" - un camion équipé de matériel radio, TV et web qui sillonnera 50 établissements scolaires de la région pour monter 10 projets par an. Ces ateliers de formation sont réalisés par des journalistes volontaires des médias régionaux (Voix du Nord, Courrier Picard, France 3, etc.) afin d'aider les jeunes à "décrypter les fake news et les théories du complot, analyser les sources d'informations, réaliser des reportages(...) et développer sa capacité de discernement", explique l'ESJ sur son site Internet.

"C'est un début et je souhaite que de telles initiatives se multiplient", a salué Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, citée dans un communiqué Facebook. "Les plateformes doivent se responsabiliser, inviter les usagers à des comportements vertueux et permettre aux utilisateurs de signaler beaucoup plus facilement ce qui les choque et doivent supprimer le plus vite possible ces contenus illicites."

Anaïs Cherif

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