Le torchon brûle entre le "Wall Street Journal" et le "New York Times"

Le scandale des écoutes téléphoniques illégales qui ébranle News Corp ravive la guerre entre les deux grands quotidiens new-yorkais.
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La réponse du "Wall Street Journal" n'a pas tardé. Eclaboussé par le scandale des écoutes téléphoniques illégales qui ébranle sa maison mère, News Corp, le quotidien des affaires s'est défendu dans un édito, non signé, publié ce lundi. Ces derniers jours, alors que l'affaire prenait de l'ampleur, conduisant à des démissions et des arrestations, des critiques avaient émergé sur le traitement de ces évènements dans les colonnes du titre. Plus particulièrement, envers la publication d'un entretien pour le moins complaisant de son propriétaire, Rupert Murdoch.

Dans la ligne de mire de cet édito: "les responsables politiques et nos concurrents qui utilisent cette affaire (...) pour attaquer le Journal et peut-être même la liberté de la presse en général". "Nous faisons confiance à nos lecteurs pour comprendre les intérêts commerciaux et idéologiques derrière les critiques de nos concurrents", poursuit l'édito, avant de se montrer encore plus précis: "ce qui est parfaitement infect, ce sont les leçons de déontologie journalistique données par des publications qui ont accordé à Julian Assange et à Wikileaks leur imprimatur moral". Une attaque à peine voilée destinée notamment à son grand rival, le "New York Times".

Vendredi dernier en effet, Joe Nocera, l'un des éditorialistes vedettes du "Times" s'était fendu d'une chronique particulièrement dure envers le "Wall Street Journal" et sa "foxisation" - référence à Fox News, la chaîne d'informations en continue de News Corp, très critiquée pour son traitement de l'information et pour ses prises de positions très conservatrices. "Il n'a fallu que trois ans et demi à Rupert Murdoch pour en arriver là", écrit Joe Nocera. Le magnat australien des médias avait mis la main sur le "Journal" fin 2007, en rachetant pour 5,6 milliards de dollars le groupe Dow Jones, jusqu'alors détenu par la famille Bancroft.

"En cinq mois, Murdoch avait renvoyé son directeur de la rédaction et installé son ami Robert Thomson, déjà l'origine de la 'foxisation' du Times de Londres", poursuit-il avant de lister les changements: des articles plus courts et moins approfondis, une plus grande couverture de la politique et "bizarrement" une moindre couverture de l'économie. "Cette transformation d'un excellent journal en un journal médiocre s'est accompagnée d'une changement plus subtil et plus insidieux, avance Joe Nocera. Les articles politiques ont de plus en plus penchés vers la ligne défendue par le parti républicain".

"Nos lecteurs décideront si le journal est meilleur qu'il y a quatre ans", répond le "Wall Street Journal". "Notre couverture de l'actualité internationale est bien plus robuste, notre édition du week-end plus substantielle et notre développement dans le numérique est en avance sur les autres", peut-on lire dans cet édito, qui défend en outre Les Hinton, l'ancien patron du groupe Dow Jones contraint la semaine dernière à la démission.

Derrière cette passe d'arme, c'est une véritable bataille que se livre les deux grands quotidiens new-yorkais. Depuis son rachat par News Corp, le "Wall Street Journal" a adopté une stratégie d'ouverture pour toucher un lectorat plus divers, au-delà de la communauté financière. Cela s'est caractérisé par de nouvelles rubriques, par des sujets plus variés et plus grand public et par un renforcement de l'édition du week-end. A New York, il s'est attaqué de plein fouet au "New York Times" en lançant , en avril 2010, une rubrique locale, baptisée "Greater New York".

Avec 2,1 millions d'exemplaires écoulés par jour, le "Journal" est redevenu le premier quotidien américain en termes de diffusion, devant le quotidien populaire "USA Today". Le "New York Times" plafonne lui à 917.000 exemplaires, selon les chiffres de l'Audit bureau of circulation. Sur les quatre dernière années, le quotidien aurait même perdu environ 120.000 lecteurs dans la seule ville de New York. Pour faire face à la baisse de la diffusion de son édition papier, le "New York Times" a lancé cette année une offre payante sur Internet. Le "Wall Street Journal" compte, lui, déjà plus d'un million d'abonnés en ligne.

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Commentaire 1
à écrit le 20/07/2011 à 10:51
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Fox News très critiquée pour son traitement de l'information? Ah bon? Par qui? Ah! Par les démocrates et les médias qui reçoivent des fonds publics... comme c'est pratique. Et si vous nous parliez du scandale de NPR ou du traitement à sens unique des...

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