Rachat de BSkyB : l'opposition anti-Murdoch à la manœuvre

Travaillistes et libéraux tentent de barrer la route au rachat par Rupert Murdoch du bouquet satellitaire BSkyB, dont le cours de Bourse dévisse depuis jeudi. David Cameron est sérieusement mis en difficulté par l'affaire.
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La décision radicale de fermer le tabloïd News of the World (NoW) jeudi dernier n?a pas allumé le contre-feu espéré par News Corp, la maison mère, dirigée par Rupert Murdoch. Pire, les conséquences du scandale des écoutes téléphoniques de feu l?hebdomadaire britannique n?en finissent plus de faire taches d?huile.

Ce lundi, le gouvernement britannique a demandé à la fois à l?Ofcom, le gendarme de l?audiovisuel, et à la Commission de la concurrence de revoir la validité du rachat de BSkyB par Rupert Murdoch, alors même que la transaction devait être finalisée dans les prochains jours. Murdoch détient 39% du bouquet satellitaire BSkyB et a proposé de racheter les 61% qu?il lui manque pour 14 milliards de dollars (environ 10 milliards d?euros).

Concert d?indignations

En toute logique, c?est le leader travailliste Ed Miliband qui, le premier, a ouvert le feu à propos du retournement du gouvernement : "ils [le gouvernement] ne le font pas parce qu?ils le veulent, mais parce qu?ils ont été forcés à le faire." Le chef de file de l?opposition appelle dans le même temps Murdoch à "renoncer au rachat de BSkyB." Si le Premier ministre David Cameron ne faisait pas tout pour empêcher cette opération, Ed Miliband menace de forcer un vote au parlement cette semaine.

Une annonce qui resterait sans grande conséquence si les alliés libéraux-démocrates des conservateurs n?avaient pas signalé leur intention de voter avec le Labour. Nick Clegg, libéral et numéro deux du gouvernement Cameron, a lui aussi interpellé le magnat australo-américain des médias : "regardez comment le pays a réagi avec dégoût aux révélations, donc faites ce qui est correct et raisonnable, reconsidérez votre projet pour BSkyB."

Avant de s?exprimer sur la BBC, il venait de s?entretenir avec la famille d?une des victimes des écoutes téléphoniques, Milly Dowler. Son téléphone aurait été piraté après sa disparition, et certains de ses messages effacés par des journalistes de NoW. Ce qui a rendu aux parents espoir? avant d?apprendre la mort de la jeune fille, en 2002, six mois après.

Les plans de Murdoch contrecarrés ?

Arrivé ce dimanche à Londres pour tenter de reprendre la main sur le dossier, Rupert Murdoch essuierait un énorme revers s?il ne mettait pas la main sur BSkyB.

Le projet de racheter ce bouquet satellitaire de chaînes de télévisions payantes et hautement rentables lui ouvrirait la voie pour financer une nouvelle stratégie pour la presse papier, inaugurée avec la fermeture de NoW ? il est par ailleurs possesseur des titres The Sun et The Times.

Un plan prévu de longue date, selon un article du New York Times publié le 8 juillet. Sous couvert d?anonymat, des employés de News Corp assurent que la suppression de NoW était prévue depuis "environ quatre mois", tant pour "supprimer des emplois" qu?"économiser de l?argent." Et aussi se concentrer sur la nouvelle acquisition TV du groupe.

A 850 pence lundi 4 juillet, l?action de BSkyB a dévissé de plus de 15% en moins d?une semaine, à environ 715 pence. Mais les analystes ne voient pas la donne fondamentalement changer, les opinions des courtiers sur les actions du groupe allant de "neutre" à "achat". A la City, on pense avant tout que le rachat risque d?être retardé, vers le début de l?année prochaine, mais en aucun cas annulé. David Cameron a lui insisté sur l?absence de pouvoir du gouvernement pour trancher si l?accord entre BSkyB et News International, branche de News Corp, ne remettait pas en cause la pluralité des médias.

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