Telespazio France fait sa révolution du second écran

À quelques jours du Salon MIPTV de Cannes, la branche française du groupe italien Telespazio, filiale de Finmeccanica et Thales, propose un nouveau contenu aux médias grâce aux applications satellitaires.
Encore cantonné à la diffusion d'informations complémentaires, le second écran pourrait enrichir son contenu par l'intermédiaire des données spatiales. / DR

Imaginez un téléspectateur du Tour de France pianotant sur son smartphone ou sa tablette. Le maillot jaune n'est pas encore connu, mais déjà plusieurs statistiques tombent. Alors que les coureurs cyclistes s'engagent à vive allure sur les plus belles routes de l'Hexagone, la chaîne de télévision diffuse en simultané sur son site Internet des informations relatives à la vitesse d'un coureur ou au positionnement géographique du peloton. Elle offre même la possibilité de manager en temps réel une équipe fictive en compétition, avec des cyclistes, eux, bien réels. C'est la société du second écran, celle du « téléspec-acteur » : un oeil rivé sur la Toile, un autre sur l'écran panoramique de sa télé.

Encore à ses débuts par rapport aux possibilités promises par ces technologies, le phénomène prend de l'ampleur. Selon une étude CSA-NPA Conseil publiée en 2013, 76 % des Français utiliseraient déjà un second écran tout en regardant leur programme télé. Le potentiel publicitaire qui en résulte est non négligeable... car l'exemple du Tour de France peut se décliner à des milliers d'événements sportifs, culturels ou d'actualité. Pour répondre à ces nouveaux défis, Telespazio France, l'un des leaders de services par satellite, est en pole position. Son annonce ne devrait pas passer inaperçue lors du prochain salon de la télévision et des médias, le MIPTV, à Cannes, du 7 au 10 avril, devant un public averti de directeurs des programmes de chaînes de télé et de producteurs.

Un pilote "fantôme" au milieu de la course

Certes, la filiale du groupe Telespazio, propriété de l'italien Finmeccanica et du groupe Thales, est plus connue pour ses applications d'observation de la Terre ou dans les télécommunications. Certes encore, ses clients sont des géants de l'énergie tels Total ou Veolia, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), mais également le Cnes. Mais pourquoi ne pas faire des médias un axe de développement ?

« À Cannes, nous officialiserons la création d'un pôle "channel lab" au sein de Telespazio France, en collaboration avec des partenaires du numérique, indique son vice-président, Laurent Husson. Avec l'objectif de proposer du contenu aux médias grâce aux applications satellitaires ainsi qu'à nos compétences logicielles de simulation 3D.

Depuis longtemps, le satellite n'est plus le domaine réservé de la défense ou de la sécurité civile ; mieux : il se démocratise. Nous vendons déjà de la capacité satellitaire aux médias, par exemple avec la retransmission des matchs de rugby du Top 14 pour le compte de Canal+. L'idée est de faire évoluer notre offre en créant du contenu qui réponde à la révolution du second écran et aux nouveaux besoins des clients. »

Philippe Jouteux, responsable du secteur médias chez Telespazio France, complète :

« L'arrivée sur le marché des opérateurs de fibres optiques ne concurrence pas le satellite, dont la zone de couverture est plus vaste ; il s'agit d'une offre complémentaire permettant aux médias l'acheminement et la diffusion des contenus numériques. À ce titre, nous avons développé un partenariat avec l'opérateur Ad Valem, spécialisé dans la fibre. »

Le second écran constitue une sacrée occasion, pour la technologie satellitaire et pour la fibre, de se démarquer en offrant un service à forte valeur ajoutée permettant de « s'adapter à un marché des médias en pleine effervescence ».

Une dizaine d'entreprises d'Angoulême ont été sollicitées par Telespazio France pour développer des applications concrètes à partir de la technologie satellitaire. Membres du cluster Pôle Image Magelis ou du collectif Imag'in Space, piloté par l'agence économique Charente développement, ces entreprises vont mener des projets collaboratifs autour du second écran. Elles ont d'ailleurs toutes été repérées pour leur expertise dans les jeux vidéo, les films d'animation ou la capture de mouvement.

« Pour l'instant, le second écran s'attelle à donner des informations complémentaires au premier écran, comme la fiche descriptive d'un joueur de foot quelques secondes après son but, explique Romain Soulié, cofondateur de la start-up Studio Nyx, spécialisée dans les jeux vidéo. Le téléspectateur peut aussi converser en ligne à propos de l'émission en cours. Notre souhait est donc d'enrichir le contenu proposé en passant par la technologie satellitaire proposée par Telespazio France. »

Pour ce passionné de rugby, l'idée serait de proposer au téléspectateur de jouer au même moment à un jeu vidéo lors des arrêts de jeu ou pendant la mi-temps : « Pour l'instant, cela n'est proposé nulle part, même aux États-Unis. »

Mais le plus innovant serait la possible interaction avec l'événement luimême.

« Le spectateur d'un Grand Prix de formule 1 pourrait conduire une formule 1 dite "fantôme" sur sa tablette, décrit Romain Soulié. Elle serait alors en compétition fictive avec de vrais pilotes pendant la course, en direct, par l'intermédiaire du satellite. »

Des applications à forte valeur ajoutée

L'offre de services satellitaires à forte valeur ajoutée dans le numérique n'en est donc qu'à ses prémices. Le bon moment, par conséquent, pour prendre des positions. C'est en tout cas le pari du vice-président de Telespazio France, Laurent Husson. L'entreprise, qui emploie 350 personnes en France, est déjà positionnée dans la navigation par satellite, notamment aérienne, en étant l'un des opérateurs du système Egnos, qui améliore la précision des signaux de navigation GPS. Dans le domaine des réseaux, l'entreprise assure la connectivité entre les 3600 sites du groupe Intermarché en Europe.

Par ailleurs, Telespazio France est missionnée pour la surveillance d'infrastructures industrielles, notamment pétrolières. La liste des champs d'intervention est encore longue, sauf que « ce marché des applications spatiales revêt encore un fort potentiel, en particulier dans l'observation de la Terre », souligne Laurent Husson. Et de justifier la création l'année dernière d'un « Earth lab » sur le site Aérocampus Aquitaine, près de Bordeaux.

« Ce centre de R & D résulte d'un partenariat public-privé afin de proposer, toujours à partir des technologies satellitaires, des services dans le domaine de la géo-information, détaille le vice-président de Telespazio France. Des applications concrètes sont particulièrement attendues dans le domaine viticole, en partenariat avec des laboratoires et professionnels du secteur concerné. »

Un investissement d'environ 11 millions d'euros, dont 7 millions sont financés directement par Telespazio France. L'ambition ne s'arrête pas là. Un autre projet d'« Earth Lab », sur le modèle bordelais, est en cours d'installation à Libreville, au Gabon, tandis que des projets sont en cours de discussion au Vietnam, au Luxembourg et en Amérique du Sud.

« Pour la première fois va être organisé un réseau mondial de R & D au plus proche des besoins des populations, souligne Laurent Husson. Nous pourrons ainsi leur fournir une réponse en passant par la technologie satellitaire. »

Un gisement d'applications via le satellite à fort potentiel encore à explorer !

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Commentaire 1
à écrit le 09/04/2014 à 14:45
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Est au-dessus de ça.

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