Entre Vivendi et Universal Music Group, c’est fini

Les actionnaires du géant français des médias ont largement approuvé, en assemblée générale, le projet de scission du numéro un mondial de la musique, et sa cotation prochaine. Pour Vivendi, l’enjeu est désormais de bâtir un groupe attractif sans ce joyau, qui constituait, jusqu’à présent, le principal moteur de ses revenus.
Pierre Manière
(Crédits : Charles Platiau)

Il n'y a pas eu surprise. Ce mardi, les actionnaires de Vivendi étaient réunis en assemblée générale. Ils ont approuvé à une quasi-unanimité le projet de scission d'Universal Music Group (UMG) et sa cotation prochaine à la Bourse d'Amsterdam, qui pourrait intervenir au 21 septembre. Malgré quelques critiques de certains fonds activistes en amont de l'AG, les actionnaires ont dit « oui » à ce projet qui leur sera financièrement on ne peut plus profitable.

60% du capital d'UMG sera reversé aux actionnaires de Vivendi. Un sacré pactole, sachant que la major - dont le catalogue va des Beatles aux Rolling Stones, en passant par U2, les Beach Boys ou Rihanna - est aujourd'hui valorisé aux alentours de 35 milliards d'euros. C'est du moins ce qu'il ressort de la vente, la semaine dernière, de 10% d'UMG au véhicule d'investissement du milliardaire américain Bill Ackman pour 3,5 milliards d'euros. En décembre dernier, le chinois Tencent avait pris 20% de cette pépite contre 6 milliards d'euros.

Quelle stratégie industrielle pour Vivendi ?

Vincent Bolloré et Groupe Bolloré, premier actionnaire de Vivendi à hauteur de 27%, sera le premier à profiter de cette juteuse opération. Il percevra, in fine, 16% d'UMG, d'une valeur d'environ 5,6 milliards d'euros. Vivendi n'a vocation, à terme, qu'à détenir une participation minoritaire de 10% dans la major. L'AG a également validé le versement d'un dividende ordinaire de 60 centimes par action au titre de l'année 2020. Enfin, les actionnaires ont approuvé une résolution permettant à Vivendi de racheter jusqu'à la moitié de ses propres titres. Il s'agit, ici, d'une limite très élevée. Elle pourrait permettre au groupe Bolloré de renforcer son emprise sur le géant des médias. Même si selon une source proche de Vivendi à l'AFP, cette mesure serait plutôt défensive, en cas « d'opération hostile ».

Pour Vivendi, tout l'enjeu est maintenant de montrer sa capacité à rebondir et à croître dans ses différents métiers sans son joyau UMG, qui constituait, et de loin, la principale locomotive de ses revenus. Il s'agira pour le groupe diversifié dans la télévision (Canal+), la presse (Prisma Media), la communication (Havas), les télécoms (Telecom Italia), l'édition (avec Editis), les jeux vidéo (Gameloft) de démontrer sa pertinence industrielle. « Il y a désormais un vrai enjeu de reconstruction d'un projet attractif au sein de Vivendi sans Universal », souligne Thomas Coudry, analyste chez Bryan Garnier.

Pierre Manière

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