Prisma Media : Vivendi s'empare de tous les magazines français du géant allemand Bertelsmann

C'est peu de dire qu'une page se tourne... Femme Actuelle, Télé-Loisirs, Voici, Prima, Capital ou Gala... tous ces titres de presse à succès, des concepts éditoriaux inventés pour la plupart sur le sol français à partir de la fin des années 1980 changent donc de propriétaire tous ensemble le 1er juin. La faute à la débâcle du distributeur Presstalis l'an dernier ou à un repositionnement stratégique de Bertelsmann dans le livre aux dépens des médias ? Pas seulement, car on assiste à un vaste mouvement de désertion des éditeurs étrangers: Emap, Mondadori, Roularta... ont déjà quitté la France.
Si Bertelsmann justifie cette cession à Vivendi par un repositionnement stratégique mondial du livre aux dépens des médias, l'argument n'explique pas tout. En effet, on assiste à un vaste mouvement de désertion des groupes étrangers : Emap, Mondadori, Roularta... ils ont déjà déserté la France.
Si Bertelsmann justifie cette cession à Vivendi par un repositionnement stratégique mondial du livre aux dépens des médias, l'argument n'explique pas tout. En effet, on assiste à un vaste mouvement de désertion des groupes étrangers : Emap, Mondadori, Roularta... ils ont déjà déserté la France. (Crédits : Christian Hartmann)

Le géant français des médias Vivendi a finalisé lundi l'acquisition du premier groupe de presse magazine en France Prisma Media, détenteur des titres Télé-Loisirs, Voici, Femme Actuelle, Prima, Capital ou Gala, selon un communiqué.

Vivendi avait annoncé le 23 décembre 2020 la signature d'une promesse d'achat à l'égard de Gruner+Jahr, filiale de l'allemand Bertelsmann. Le montant de la transaction n'a pas été dévoilé, mais serait de l'ordre de 100 à 150 millions d'euros selon la presse.

Bertelsmann est en train d'en finir avec la presse

Prisma Media revendique la place de leader de la presse magazine en France, avec une vingtaine de marques et 1.200 salariés. Mais le groupe a été bousculé l'année dernière, comme de nombreux journaux, par la débâcle du distributeur de presse Presstalis.

Cependant, en décembre dernier, dans le magazine "Challenges", un dirigeant français du géant allemand avançait l'argument d'un repositionnement stratégique mondial (voir plus bas) :

"Pour Bertelsmann, la presse n'est pas un métier mondial. Le groupe a fait des choix. Ce n'est plus indispensable pour lui."

De fait, Bertelsmann est en train d'en finir avec la presse. Le giga-éditeur allemand s'était déjà délesté de ses activités et participations dans les médias dans maints pays européens (Pays-Bas, Espagne, Italie, Autriche). Demain, 1er juin, ce sera donc le tour de la France avec la cession de Prisma Media, qui était tout de même sa deuxième plus grosse filiale d'édition de journaux après l'Allemagne.

Feu vert de l'autorité de la concurrence

L'Autorité de la concurrence avait donné fin avril son feu vert "sans condition" à l'acquisition, considérant que la nouvelle entité "ne détiendra des positions importantes que sur un petit nombre de marchés (publicitaires) dans la presse magazine (jeux, tourisme/découverte et people), sans pour autant constituer un débouché indispensable pour les annonceurs".

Elle avait également écarté tout risque concurrentiel lié à la possibilité d'offres publicitaires groupées entre Prisma Media et le groupe Canal+, ou sur les offres TV payantes/presse.

Vivendi poursuit sa conquête dans les médias et l'édition

Les médias et l'édition constituent des axes de développement privilégiés pour le groupe Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré. Il a ainsi racheté en 2019 Editis, qui détient notamment les maisons Nathan, Robert Laffont ou Plon.

Vivendi, qui dispose d'une trésorerie très importante après la vente de participations dans la major Universal Music Group, est également en position de force au sein du groupe Lagardère, dont il est le premier actionnaire, et qui possède l'éditeur Hachette et les médias Paris Match, le JDD, et Europe 1.

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En Europe, Vivendi est actionnaire du groupe espagnol Prisa (El País, Le Monde), et en Italie de l'opérateur Telecom Italia et de Mediaset dont il compte se désengager partiellement.

Enfin, il est propriétaire du groupe de communications Havas et de l'éditeur de jeux vidéo pour mobiles Gameloft.

Emap, Mondadori, Roularta... les éditeurs étrangers désertent la France

Si Bertelsmann justifie cette cession par un repositionnement stratégique mondial dans le secteur du livre aux dépens de celui des médias, il semble que l'argument n'explique pas tout. En effet, on assiste à un vaste mouvement de désertion des éditeurs étrangers, selon un article des Echos de février dernier:

"Qu'il s'agisse du britannique Emap, de l'Italien Mondadori ou encore du belge Roularta, tous sont repartis de l'Hexagone, qui avait pourtant été une belle terre d'accueil pour eux à la fin des années 1990."

(avec AFP)

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