Lagardère continue de pâtir sévèrement de la pandémie

Alors que les négociations se poursuivent concernant la fin du dispositif de commandite du groupe, qui permet à Arnaud Lagardère, son chef de file, d’être seul maître à bord, le spécialiste de l’édition, de boutiques dans les aéroports et des médias a vu ses ventes dégringoler au premier trimestre.
Pierre Manière
Arnaud Lagardère a confirmé qu'un accord était en discussion avec les principaux actionnaires de son groupe pour mettre fin à la commandite.
Arnaud Lagardère a confirmé qu'un accord était en discussion avec les principaux actionnaires de son groupe pour mettre fin à la commandite. (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2013. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)

Les temps sont durs chez Lagardère. Le groupe d'édition, de boutiques dans les lieux de transport (les aéroports en particulier) et de médias a de nouveau énormément souffert au premier trimestre. Celui-ci a vu son chiffre d'affaires s'écrouler de 33% par rapport à la même période l'an passé, à 1,36 milliards d'euros. Dans son communiqué publié ce mardi, Lagardère a beau louer « sa capacité de résistance face à la crise sanitaire », force est constater que la Covid-19 lui fait énormément de mal.

Sa branche de Travel Retail, essentiellement des boutiques dans les aéroports, était auparavant la locomotive du groupe. Ce n'est plus du tout le cas. Ses ventes sont passées de 804 millions d'euros au premier trimestre 2020, à 341 millions sur les trois premiers mois de l'année en cours, soit une chute vertigineuse de plus de 57%. Ce n'est toutefois guère une surprise, puisque cette activité est « fortement corrélée à la tendance du trafic passager aérien [...], aussi bien en Europe dans un contexte de confinement qui perdure, qu'aux États-Unis dans un environnement de reprise progressive des vols domestiques », constate l'état-major du groupe.

L'édition profite (un peu) de la crise

Seul maigre motif de satisfaction : la branche Lagardère Publishing, avec Hachette, a vu son chiffre d'affaires croître de plus de 11% à 509 millions d'euros sur le trimestre. Une conséquence, là encore, de la pandémie. « La croissance du chiffre d'affaires en France (+22,2%) est soutenue par la progression de l'ensemble des divisions qui bénéficient de l'attrait pour la lecture, dans un contexte de reconfinement et de fermeture prolongée des restaurants et lieux culturels », souligne le groupe.

Les influents médias de Lagardère (Europe 1, le JDD ou encore Paris Match), qui font aujourd'hui l'objet de convoitises, sont eux logés dans une branche « Autres activités », au regard de leur faible poids économique au sein du groupe. Le chiffre d'affaires de cette branche a chuté de 8,3%, à 55 millions d'euros. « La performance de Lagardère News au premier trimestre 2021 est en repli de -3,5%, précise Lagardère. Le segment Radios est quasi stable à +1,5%, grâce à la bonne activité des annonceurs en particulier en mars 2021. La performance du segment Presse est de -3,4% en raison de la baisse des revenus liés à la diffusion due à la fermeture de nombreux points de vente dans un contexte de reconfinement. »

Exit la commandite ?

Malgré ces résultats, le titre restait stable, à 23,66 euros, en fin de matinée à la Bourse de Paris. Les investisseurs s'intéressent aujourd'hui moins aux performances du groupe en temps de Covid-19 qu'à son avenir... Lequel pourrait être chamboulé si Arnaud Lagardère, son chef de file, devait mettre fin à la commandite qui lui permet d'avoir les pleins pouvoirs. Ce mardi, celui-ci a précisé qu'il était « optimiste » concernant les négociations en cours visant à mettre fin à ce dispositif mis en place par son père, Jean-Luc Lagardère, au début des années 1990. Il a confirmé qu'il souhaite présenter d'ici peu un projet visant ainsi à transformer Lagardère en une société anonyme traditionnelle - et donc « opéable » - si des termes « raisonnables » sont trouvés avec ses principaux actionnaires.

Parmi eux, on trouve Vincent Bolloré, qui possède 28% de Lagardère via Vivendi, mais aussi Bernard Arnault, le patron de LVMH. Tous deux sont notamment intéressés par les médias du groupe, un an avant la prochaine présidentielle. En revanche, Arnaud Lagardère s'est montré « clair » : il ne signera aucun accord sans avoir l'assurance que le groupe ne sera pas démantelé. « Nous nous dirigeons vers un accord où toutes les activités et actifs resteront dans le groupe », a-t-il insisté.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 27/04/2021 à 12:05
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"de boutiques dans les lieux de transport (les aéroports en particulier)" Tandis que nous avons le ciel amputé des 3/4 des avions qui en plus volent quasiment vides pour nombreux, cela semble logique. Merci pour cette précision honnête.

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