Lagardère : la demande d’AG de Vivendi et Amber retoquée par la justice

Le géant des médias dirigé par Vincent Bolloré et le fonds britannique avaient saisi la justice pour réclamer l’organisation d’une assemblée générale exceptionnelle, et prendre le pouvoir au conseil de surveillance de Lagardère. Mais leur demande a été rejetée.
Pierre Manière
Vincent Bolloré, le chef de file de Vivendi.
Vincent Bolloré, le chef de file de Vivendi. (Crédits : Reuters)

La décision était très attendue. Ce mercredi, le tribunal de commerce de Paris a balayé la demande de Vivendi et Amber, respectivement actionnaires de Lagardère à hauteur de 26% et 20%, d'organiser une assemblée générale exceptionnelle. La justice a considéré que les deux groupes « ne démontrent pas avec l'évidence requise qu'ils poursuivent un autre but que celui de leurs intérêts propres », et les a débouté de leurs demandes. La réponse de Vivendi n'a pas trainé. Dans un communiqué publié dans la foulée, le groupe de Vincent Bolloré « prend acte de la décision » du tribunal. Mais « confiant dans le bien-fondé de sa démarche », il veut faire appel.

Il s'agit d'un camouflet pour Vivendi et Amber. Une issue favorable aurait pu faire pencher le rapport de force chez Lagardère en leur faveur. Ils misaient sur une AG exceptionnelle pour placer leurs pions au conseil de surveillance du groupe d'édition, de travel retail et de médias. Ce faisant, ils auraient pu mettre des bâtons dans les roues d'Arnaud Lagardère, en lui mettant la pression pour qu'il renonce à son mandat de gérant.

Bientôt une OPA de Vivendi ?

Vivendi et Amber, qui se sont alliés au printemps dernier, fusillent la gestion d'Arnaud Lagardère. Les deux partenaires multiplient les manœuvres pour qu'il abandonne la commandite, ce statut particulier qui caractérise son groupe, et qui lui permet d'en conserver les rênes avec une faible part du capital, soit 7,26%. L'héritier du groupe d'édition, de travel retail et de médias, lui, s'est allié avec Bernard Arnault, un autre cador du capitalisme français. Ils possèdent conjointement 15% du capital.

Vincent Bolloré pourrait prochainement hausser le ton. Le 2 octobre dernier, Vivendi a assuré qu'il était en mesure de racheter les actions d'Amber dans Lagardère, ce qui l'obligerait à lancer une OPA sur le groupe. Une option que le géant des médias « assumerait » totalement, a-t-il déclaré à l'AMF. Cela ne serait toutefois pas suffisant pour prendre le contrôle de Lagardère, à cause de la commandite.

Arnaud Lagardère va-t-il renoncer à la commandite ?

Mais sur ce front, les lignes pourraient bouger. Arnaud Lagardère a indiqué à Capital qu'il pourrait bien, un jour, abandonner ce statut juridique si protecteur. « Bien évidemment, je ne décommanditerai pas avec des actionnaires qui rêvent d'avoir mon scalp et qui veulent découper mon entreprise, comme Amber Capital, a-t-il affirmé au magazine économique il y a cinq jours. Mais si j'arrive à avoir en face de moi des gens qui veulent le faire de manière intelligente et apaisée, pourquoi pas. » D'après Capital, Arnaud Lagardère et Vincent Bolloré se sont même parlés récemment. Les discussions entre les deux hommes se seraient « bien passées », promet le chef de file de Lagardère. Reste que celui-ci ne mettra pas fin à la commandite gratuitement. Il faudra, forcément, qu'il y trouve son compte, a minima sous la forme d'un important tas d'actions.

Pas sûr, c'est peu dire, que le groupe Lagardère s'en sorte indemne. In fine, Vincent Bolloré pourrait vouloir mettre la main sur l'éditeur Hachette et le rapprocher d'Editis, qui appartient à Vivendi. Bernard Arnault, lui, pourrait lorgner les boutiques de gares et d'aéroports. Les médias influents de Lagardère (le JDD, Paris Match et Europe 1) pourraient, eux, intéresser les deux hommes.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 14/10/2020 à 21:43
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Un actionnaire qui demande la tenue d'une AG poursuit-il un autre but que la défense de ses intérêts? Cela devient compliqué la France...

le 15/10/2020 à 11:53
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