
La reprise du dialogue entre direction et syndicats à Radio France, organisée samedi à la demande de la ministre de la culture Fleur Pellerin, a été sans effet immédiat sur une grève entrée dans sa troisième semaine et qui devrait continuer au moins jusqu'à mardi.
Il s'agit du conflit le plus long depuis dix ans à Radio France. Il coûte un million d'euros par semaine au groupe public en perte de recettes publicitaires.
"Il n'y a pas espoir de sortir de la grève tout de suite, le malaise est profond", a déclaré à l'AFP une source syndicale alors que la réunion était toujours en cours en début de soirée, ajoutant que les organisations "n'attendaient honnêtement pas grand chose" de cette rencontre.
La réunion entre représentants des syndicats et de la direction s'est déroulée sans le PDG du groupe, Mathieu Gallet, a-t-on appris auprès des intéressés.
"Mathieu Gallet n'est pas un interlocuteur, il est disqualifié et on ne le voit pas aux négociations", a estimé un syndicaliste.
Les syndicalistes jugent aussi que le PDG a été "discrédité" après les récentes révélations du Canard enchaîné sur ses dépenses. Vendredi, une assemblée du personnel a voté contre lui une motion de défiance.
La réunion de samedi a quand même permis de confirmer le maintien des deux orchestres de Radio France avec l'engagement de la direction de ne pas les fusionner, même s'il reste des zones "d'ambiguïté", selon le délégué CFDT, Renaud Dalmar.
Pour les syndicats, seules des avancées importantes permettraient de mettre fin à la grève. "Sauf avancée majeure, la grève va continuer (...). Après il faut trouver une issue", commentait samedi matin Philippe Ballet (Unsa).
Pour Renaud Dalmar, quelle que soit l'issue de la réunion de samedi, la grève se poursuivra jusqu'à mardi, date d'une prochaine assemblée générale du personnel.
Plan de départs
Sur le fond, les syndicats se montraient partagés samedi sur les propositions de Fleur Pellerin.
Vendredi soir, la ministre a déclaré à l'AFP qu'un plan de départs volontaires à Radio France était "sans doute nécessaire" mais a expressément écarté une fusion des deux orchestres tout en souhaitant leur "redimensionnement". Elle a aussi envisagé une rallonge budgétaire pour financer la fin des travaux de la maison de la Radio.
"Il y a une avancée sur le maintien des deux orchestres. Il y aura des efforts à consentir mais on peut en discuter. En revanche, la ministre confirme un plan de départs. Nous craignons une réduction des effectifs surtout dans les 44 radios locales de France Bleu", soulignait Philippe Ballet dans la matinée.
La grève a démarré le 19 mars, alors que Mathieu Gallet n'avait pas encore présenté, ni aux partenaires sociaux, ni au ministère, son projet stratégique destiné à redresser les comptes de la Maison ronde, lourdement déficitaire.
Convoqué deux fois par Fleur Pellerin, le dirigeant de 38 ans le lui a finalement remis cette semaine et doit maintenant le présenter lors d'un CCE extraordinaire de Radio France mercredi, date à laquelle il devra également défendre son plan à l'Assemblée nationale.
A la recherche d'économies, le gouvernement lui demande de réformer Radio France sans dépenser plus, comme il l'a fait pour d'autres acteurs du secteur public.
La tension était montée d'un cran vendredi dans le conflit, avec le vote d'une motion de défiance contre le PDG. Le personnel a aussi voté la poursuite de la grève jusqu'à mardi matin.
Le mouvement, que les journalistes ont plus largement rejoint vendredi, a été reconduit massivement lors d'une assemblée générale du personnel à laquelle assistaient entre 300 et 400 salariés.
Fragilisé, Mathieu Gallet, a dit jeudi qu'il irait "jusqu'au bout", rappelant qu'il ne pouvait être démis que par le CSA qui l'a nommé il y a un peu plus d'un an.
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