Rachat de Yahoo : Verizon obtient une ristourne après les piratages

Le géant du mobile, qui souhaite racheter les activités Internet de l’ex-étoile du Web, vient d’annoncer un accord pour une transaction de près de 4,5 milliards de dollars. C’est 350 millions de dollars de moins que ce qui était convenu initialement.
Pierre Manière
Pour Verizon, Yahoo constitue une brique importante pour devenir un leader de la vidéo et de la publicité sur mobile.

Les négociations ont été dures. Mais finalement, Verizon, le mastodonte du mobile au pays de l'Oncle Sam, a accepté aujourd'hui de racheter les activités Internet de Yahoo. Le montant de la transaction s'élèvera, selon des deux groupes, à 4,48 milliards d'euros. C'est-à-dire 350 millions de dollars de moins que l'enveloppe envisagée initialement, il y a plusieurs mois. Si l'opération, devenue un vrai serpent de mer, a débouché sur une telle ristourne, c'est parce que Yahoo a entre-temps essuyé des cyberattaques records. Lesquelles ont largement dégradé son image, alors que le groupe, qui plus est, se trouve économiquement dans la tourmente.

Au mois de septembre, l'ex-star et pionnier d'Internet a annoncé qu'il s'est fait piraté quelques 500 millions de comptes d'utilisateurs fin 2014. La fuite, gigantesque, tombe au plus mal. Non seulement la sécurité des données privées fait l'objet de maints débats auprès des professionnels et du grand public. Mais surtout, au mois de juillet, Verizon, en plein chambardement de son modèle économique, a décidé de s'offrir le cœur de métier de Yahoo (dont Yahoo Mail et Yahoo News), contre un chèque 4,83 milliards de dollars. De quoi refroidir ses dirigeants, qui, d'après le New York Post, ont d'emblée demandé une dégriffe de 1 milliard de dollars.

Le jackpot de la publicité ciblée

Pire, au mois de décembre, rebelote : Yahoo bat son propre record, affirmant s'être fait piraté 1 milliard de comptes supplémentaires, en 2013 cette fois ! Avec cette nouvelle casserole, les analystes et observateurs s'interrogent sur les intentions de Verizon. Rachètera, rachètera pas ? Finalement, l'opérateur a décidé de ne pas jeter l'éponge. Mais de profiter de la situation pour négocier un joli rabais. En outre, le « compromis » annoncé ce mardi prévoit que Yahoo partagera aussi le fardeau financier des éventuelles poursuites juridiques liées à ces attaques informatiques.

Finalement, la volonté de Verizon à boucler le deal en dit long sur sa détermination à s'ouvrir à de nouveaux horizons. C'est-à-dire à ne pas rester un simple opérateur de télécommunications. Concrètement, le géant américain souhaite se développer au plus vite dans la vidéo et la publicité. C'est la raison pour laquelle, il y a deux ans, il a avalé AOL, autre étoile déchue d'Internet, pour 4,4 milliards de dollars. En 2013, il avait préparé le terrain en se payant Adap.tv, une plateforme de ciblage publicitaire, pour 418 millions de dollars. L'idée est simple : en plus de ses abonnements mobiles, Verizon veut devenir un poids lourd de la vidéo sur la Toile. Et ce faisant, en croisant les données qu'il détient sur ses clients en tant qu'opérateur avec celles récupérées sur le Net, s'offrir une bonne part du gâteau de la publicité ciblée sur mobile. Un créneau en forte croissance où il rêve, in fine, de concurrencer les Google et autres Facebook.

Pierre Manière

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