Une opération de crowdfunding pour lancer un savon anti-paludisme

Une startup du Burkina Faso prépare le lancement sur le marché africain d'un savon capable de repousser les moustiques porteurs du paludisme, plusieurs heures après avoir été utilisé. Faso Soap a lancé une opération de crowdfunding sur le site Ullule, mardi pour recueillir assez de fonds afin de finaliser les recherches et industrialiser son produit.
Jean-Yves Paillé
Utilisé seul, ce savon n'est pas non plus le produit miracle, avoue Faso Soap. La startup y voit un "complément des moustiquaires imprégnées et la pulvérisation d'insecticides dans les habitations".

Une des solutions pour lutter contre le paludisme, une maladie potentiellement mortelle transmise à l'homme par des piqûres de moustiques anophèles femelles infectés, pourrait venir... d'un savon. La startup burkinabée Faso Soap a lancé mardi 12 avril une opération de crowdfunding sur Ullule pour développer et financer un savon permettant de repousser durant au moins six heures les moustiques porteurs de parasites responsables du paludisme.

Le principe: Faso Soap développe des savons qui contiennent plusieurs huiles essentielles répulsives.

"Au Centre national de recherche contre le paludisme à Ouagadougou, on teste chacune des huiles essentielles sur les moustiques femelles pour trouver la meilleure combinaison, le principe actif le plus efficace", explique à La Tribune Franck Langevin, membre de la startup. "On essaie de mettre ces substances dans des micro-capsules. Ainsi, cela assure à la répulsivité une durée maximale, car les huiles essentielles sont dégagées au fur et à mesure." Sans micro-capsules, ces huiles essentielles sont volatiles. Si on les met dans le savon de façon classique, cela éloigne le moustique mais trop peu de temps. Or les moustiques piquent la population entre 17 heures et une heure du matin."

Association avec les grands producteurs de savons

Le projet lancé sur Ullule a recueilli plus de 14.000 euros pour le moment, sur un premier objectif de 30.000 euros suffisant pour fabriquer les prototypes de savon. La startup espère engranger 100.000 euros via la plateforme de crowdfunding au total pour lancer la production puis la diffusion.

Une fois cette somme recueillie, elle va "s'associer avec les grands producteurs de savons en Afrique", explique Franck Langevin. Le projet restera en ligne sur la plateforme de financement participatif jusqu'au 22 mai. Par ailleurs, la société est soutenue financièrement à hauteur de 20% par Etikea, un fonds de dotation de Turgot Asset Management, qui investit dans la recherche médicale. Enfin, elle bénéficie d'un appui de la communauté scientifique. Les premiers travaux de recherche de Faso Soap ont été primés par la Global Social Venture Competition de l'Université de Berkeley (Etats-Unis) en 2013.

12 milliards de dollars par an, ce que coûte le paludisme à l'Afrique

La startup évoque la possibilité de sauver jusqu'à 100.000 vies en ciblant la zone dans laquelle elle souhaite s'implanter (les dix pays africains) et en considérant qu'elle parviendrait à réduire de moitié la contamination au paludisme dans les six pays les plus touchés dont le Nigeria et l'Ouganda. Car utilisé seul, ce savon n'est pas non plus le produit miracle, avoue Faso Soap. La startup y voit un "complément aux moustiquaires imprégnées et à la pulvérisation d'insecticides dans les habitations".

Si le nombre de nouveaux cas de paludisme a diminué, cela reste un des plus importants problèmes de santé en Afrique, "88% des cas de paludisme et 90% des décès dus à cette maladie sont survenus dans cette région", indique l'OMS. En 2015, 214 millions de cas de paludisme et 438.000 décès dus à la maladie ont été enregistrés dans le monde. Avec des coûts économiques conséquents. La Banque mondiale estime à 12 milliards de dollars par an les pertes financières dues au paludisme en Afrique.

Jean-Yves Paillé

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