Bruxelles veut doper les investissements télécoms

La Commission se prépare à lancer des réformes pour inciter les opérateurs à mettre davantage d’argent dans la fibre optique et dans la 5G, notamment pour ne pas rater le décollage de l’Internet des objets.
L'idée est désormais d'inciter à la dépense les nouveaux venus et les anciens tenants du monopole en améliorant le cadre réglementaire sur les conditions d'accès au réseau, selon une source proche de la Commission européenne.

La Commission européenne s'apprête à présenter mi-septembre un projet de réformes destiné à relancer l'investissement dans les télécoms au sein de l'Union, pour rester compétitif face aux Etats-Unis et à l'Asie avec l'arrivée de la 5G. La 5e génération de la téléphonie mobile, dont le lancement commercial mondial aura lieu en 2020, va consacrer l'avènement de "l'internet des objets" dans divers domaines. Elle sera l'outil de communication d'un monde de la connexion généralisée qui va révolutionner le quotidien, non seulement pour les smartphones, tablettes, ordinateurs, mais aussi pour les thermostats, voitures, camions, immeubles, machines industrielles, compteurs électriques, interventions médicales.

Or, pour parvenir à ce saut qualitatif, l'UE a besoin de s'équiper davantage en réseaux très haut débit, comme la fibre optique. Des investissements très onéreux que les opérateurs historiques - les anciens tenants de monopoles nationaux - rechignent à entreprendre. En effet, au moment de la libéralisation des télécoms à la fin des années 1990 dans l'UE, ces derniers s'étaient vu obligés d'ouvrir leurs réseaux aux nouveaux venus, au nom d'une concurrence élargie, censée faire le bonheur du consommateur qui paierait moins cher ses communications. Près de vingt ans après, la guerre des prix a eu lieu mais les opérateurs historiques hésitent à investir: pourquoi sortir son porte-monnaie, puisque des rivaux vont aussi en profiter ?

Améliorer le cadre règlementaire

L'idée est désormais d'inciter à la dépense les nouveaux venus et les anciens tenants du monopole en améliorant le cadre réglementaire sur les conditions d'accès au réseau, selon une source proche de la Commission européenne.

"Un premier pan de notre démarche est de déréglementer si on peut, quand le marché fonctionne", explique cette source.

Un projet auquel le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) promet d'être attentif :

"L'enjeu de cette réforme, c'est le prix à l'avenir pour le consommateur. Pour éviter les hausses de tarifs, nous avons besoin de concurrence entre les opérateurs."

L'exécutif européen compte aussi faire des propositions pour réduire les écarts de réglementation européenne entre les opérateurs de télécommunications traditionnels et les services concurrents sur internet, comme Skype ou WhatsApp. Les opérateurs traditionnels se plaignent en effet d'être soumis à une réglementation plus contraignante que celle imposée à leurs concurrents. Ainsi, par exemple, les règles de sécurité des réseaux applicables à ces nouveaux services (Skype, WhatsApp) dits "over the top" (OTT) ne sont actuellement "pas comparables avec celles qui s'appliquent aux opérateurs traditionnels".

Des règles "équitables"

"Il faut stimuler l'innovation des nouveaux 'players' (acteurs), mais créer en même temps des règles du jeu équitables pour tout le monde", selon une source à la Commission européenne. "Mais adapter les règles, ça ne veut pas forcément dire en ajouter." L'exécutif européen compte également inciter à mieux coordonner au niveau européen l'allocation du spectre radioélectrique, cette bande ultra-haute fréquence (UHF) de 470 MHz à 790 MHz. Ces fréquences, considérées comme "des fréquences en or", à l'origine utilisées par la télévision numérique terrestre, permettraient aux opérateurs télécoms d'améliorer l'accès à la 4G des téléphones et tablettes, notamment à l'intérieur des bâtiments, et de préparer le terrain pour la 5G.

Certains pays, comme la France et l'Allemagne, ont déjà autorisé l'usage de leur bande des 700 MHz pour les services mobiles, d'autres en revanche traînent des pieds. Outre ces réformes, la Commission européenne voudrait lancer des défis ambitieux à tous les pays de l'Union avec un certain nombre de buts chiffrés, non contraignants toutefois. Ainsi, un objectif phare pour la 5G serait d'avoir en 2020 au moins une ville dans chaque pays d'Europe équipée de cette dernière génération du mobile.

Et en 2025, elle devrait être présente dans tous les centres urbains, les autoroutes et voies ferrées à grande vitesse. Une manière de répondre aux annonces de la Corée du Sud et du Japon qui promettent de faire une démonstration à grande échelle de la 5G respectivement aux JO d'hiver en 2018 et d'été en 2020 à Tokyo.

(avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 10/09/2016 à 4:56
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en fait les operateurs historiques revent du temps beni ou , grace au monopole, il vivait avec des marges confortables. ils refusent le modele ou ils sont grossistes et ou les operateurs de detail se font concurrence et pourtant ça marche. c'est bien...

à écrit le 09/09/2016 à 9:56
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"notamment pour ne pas rater le décollage de l’Internet des objets" a savoir le truc dont le consommateur n'a pas besoin. Autant je suis d'accord pour développer la fibre et la 5g, passer par des fréquences hors micros ondes ne pourra qu'écon...

à écrit le 08/09/2016 à 19:46
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Je n'ai jamais tres bien compris l utilité d'avoir 4 réseaux installés en France : Il aurait mieux fallu n'avoir qu'un seul réseau séparer en plusieurs zones avec des appels d'offre tous les 5/10 ans pour gérer la maintenance et les investissement su...

le 08/09/2016 à 23:30
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Michel, le problème c'est que votre modèle ne fonctionne pas. On a voulu le faire avec la SNCF et RFF pour l'infrastructure. Bilan, le réseau se sclérose (faute d'investissements) et des opérateurs tributaires d'un réseau qu'ils ne maitrisent pas don...

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