Télécoms : le coup de fouet du régulateur aux investissements

L’Arcep, le gendarme français des télécoms, a décidé d’augmenter le prix d’accès au réseau cuivre d’Orange, afin d’inciter les opérateurs à investir davantage dans la fibre. En parallèle, selon le JDD, il devrait bientôt contraindre SFR à investir davantage dans son réseau mobile.
Pierre Manière
La France a lancé au printemps 2013 un grand plan très haut débit, qui vise à couvrir d'ici à 2022 la majeure partie du territoire avec cette technologie de pointe, beaucoup plus rapide que l'ADSL.
La France a lancé au printemps 2013 un grand plan très haut débit, qui vise à couvrir d'ici à 2022 la majeure partie du territoire avec cette technologie de pointe, beaucoup plus rapide que l'ADSL. (Crédits : REUTERS/Tim Wimborne)

Sébastien Soriano ne l'a jamais caché : pour le patron de l'Arcep, le régulateur français des télécoms, la priorité des priorités, c'est l'investissement. Concrètement, il veut favoriser le déploiement du très haut débit dans l'Hexagone sur deux fronts : le mobile (avec la 4G) et l'Internet fixe (avec la fibre optique). Sur ces deux créneaux, l'Arcep met actuellement les bouchées doubles.

Mi-novembre, l'institution a annoncé « un projet de (légère) hausse des tarifs de dégroupage » pour 2016 et 2017. De fait, pour fournir de l'ADSL à leurs clients, les opérateurs télécoms doivent se brancher au réseau cuivre de l'opérateur historique (hérité de l'ancien monopole de France Télécom), qui est chargé de son entretien. Pour y accéder, ils doivent aujourd'hui débourser 9,05 euros par mois par abonné. Dans le projet de l'Arcep, ce prix pourrait augmenter et passer à 9,10 euros en 2016, puis à 9,45 euros en 2017.

« De bonne incitations économiques »

Pourquoi ? D'après l'Arcep, il s'agit notamment de donner « de bonnes incitations économiques » aux opérateurs « dans un contexte d'investissements importants à réaliser dans les années à venir pour le déploiement en France des réseaux très hauts débit NGA  » (pour « Next Generation Access », c'est-à-dire les réseaux d'accès de nouvelle génération). En d'autres termes, avec cette manœuvre, l'Arcep veut pousser les opérateurs à accélérer leurs déploiements de fibre optique.

Pour mémoire, la France a lancé au printemps 2013 un grand plan très haut débit, qui vise à couvrir d'ici à 2022 la majeure partie du territoire avec cette technologie de pointe, beaucoup plus rapide que l'ADSL.

Reste que l'initiative a provoqué l'ire de Bouygues Telecom et de Free. D'après L'Express, les deux opérateurs se sont fendus d'une lettre à l'Arcep pour dézinguer cette augmentation. Dans cette missive, Maxime Lombardini, le DG d'Iliad (la maison-mère de Free), et Olivier Roussat, son homologue chez Bouygues Telecom, fustigent une manœuvre « ni légitime ni pertinente ». D'après eux, elle « casserait les capacités d'investissement des deux petits opérateurs et renforcerait la position déjà ultradominante d'Orange ». Entre les lignes, les deux opérateurs - et rivaux de longue date - menacent ni plus ni moins de lever le pied sur leurs investissements dans la fibre optique.

L'explosion des usages en très haut débit

Sur le fond, si l'Arcep met un point d'honneur à donner un coup de fouet aux investissements dans la fibre, c'est parce que l'accès au très haut débit fixe revêt une importance fondamentale pour la compétitivité de l'économie française. Sébastien Soriano n'en fait pas mystère. Début novembre, le patron de l'Arcep le rappelait à La Tribune :

« Tous les usages en très haut débit explosent. C'est quelque chose qu'on accompagne depuis longtemps. Surtout, on a la volonté de passer à une étape supérieure pour les entreprises. Une des grandes faiblesses de la France, c'est la numérisation des PME. De manière générale, aujourd'hui, la fibre optique demeure un luxe pour les entreprises. On veut donc en faire un marché de masse. L'idée, c'est d'arriver à considérablement faire baisser les prix que payent les PME pour avoir accès à une fibre optique. Même si évidemment, cela prendra du temps. »

Le « retard inexcusable » de SFR dans le mobile

Du côté du mobile, l'Arcep compte également donner un coup d'accélérateur aux déploiements de la 4G. D'après le JDD, le régulateur a notamment Numericable-SFR dans son collimateur. « L'Arcep entend lui imposer [prochainement] des contraintes pour l'obliger à investir et à déployer des antennes 4G seul », assure l'hebdomadaire. Et pour cause : selon l'Agence nationale des fréquences (ANFR), l'opérateur de Patrick Drahi, par le passé en pointe sur les technologies mobiles, est bon dernier sur le nombre d'antennes 4G dans l'Hexagone. Avec 3.802 antennes, il se situe loin derrière Free Mobile, qui en dispose de 5.347. Pour pallier à ce manque d'infrastructures, Numericable-SFR dispose d'un contrat dit « d'itinérance » avec Bouygues Telecom, qui lui permet d'utiliser les antennes de son concurrent là où il n'en a pas.

Numericable-SFR assure de son côté tout mettre en œuvre pour rattraper ce « retard inexcusable » dans le mobile, a lâché le mois dernier Michel Combes, le nouveau patron de la société. Pour lui, la faute incombe à Vivendi, le précédent propriétaire de l'opérateur au carré rouge. D'après Michel Combes, les investissements vont aller crescendo sur ce créneau, avec l'objectif de couvrir 90% de la population en 4G d'ici à 2017. A coup sûr, l'Arcep veillera au grain...

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 03/12/2015 à 9:09
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je te coince le kiki d'un cote en te forcant a mettre a titre quasi gratuit ton reseau pour que des nouveaux entrants puissent sans couts fixes faire des forfaits a 2 euros tout gratuits tout illimites en margeant a 80% je te demollit les marges du ...

le 03/12/2015 à 9:53
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Sauf que les marges bien grasses des opérateurs n'allaient aucunement dans les investissements d'infrastructure, mais finançaient les discussions de centaines de marketeux à la machine à café et les actionnaires... La fête est finie et c'est très bie...

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