Comment accélérer le développement du très haut débit via la fibre optique en France

Pour accélérer le déploiement du très haut débit à la campagne, SFR prône un réseau mutualisé co-détenu par les opérateurs. Éric Besson y serait favorable et France Télécom plutôt ouvert.
La Tribune Infographie

Faut-il créer une société « Fibre de France » ou « France Fibre » pour accélérer le déploiement des réseaux à très haut débit dans les campagnes ? Voire s'appuyer sur un Réseaux Télécoms de France, sur le modèle de RFF (réseau ferré) et RTE (réseau électrique), à partir des infrastructures héritées de l'ex-monopole du téléphone ? L'idée d'un réseau mutualisé, apparue il y a quelques années, refait surface. En particulier depuis l'avis de l'Autorité de la concurrence, mardi, invitant le régulateur des télécoms, l'Arcep, à travailler en vue d'une éventuelle mise en place de la « séparation fonctionnelle » chez France Télécome;lécom, entre les activités qui resteront « durablement en monopole », comme les infrastructures de réseaux, et celles, commerciales, relevant du champ concurrentiel.

L'Arcep n'est pas favorable à cette mesure lourde et complexe, en raison du niveau satisfaisant de concurrence dans le haut débit. Mais d'autres scénarios émergent. Ainsi le collectif Libre Choix, qui regroupe des acteurs alternatifs de plusieurs secteurs, s'est félicité de l'avis du gendarme de la concurrence tout en soutenant « l'idée de la création d'un réseau commun « Fibre de France » détenu et géré par une entité autonome » et qui serait « entièrement mutualisé jusqu'à l'abonné. » De son côté, l'association de collectivités Avicca a appelé le gouvernement et le Parlement à étudier « la séparation structurelle de l'opérateur historique », en rappelant le scénario évoqué l'an dernier dans un rapport de la Datar « avec remontée de l'État au capital » de cette entité, ce qui permettrait « d'autofinancer le passage du réseau cuivre au réseau fibre sans les atermoiements et retards actuels. »

L'État prêteur via la CDC

SFR, dont la maison-mère Vivendi plaide depuis des années pour la séparation fonctionnelle de France Télécome;lécom, semble s'être rangé à une option plus pragmatique. « Nous poussons actuellement auprès des pouvoirs publics et des autorités concernées une autre solution, celle d'une société commune, pour les zones moins denses, ouverte à tous les acteurs qui souhaitent investir dans la fibre optique », explique Jean-Dominique Pit, le directeur de la stratégie de SFR. L'idée est de remplacer la logique de co-investissement par la « co-propriété » dans une entité où les opérateurs seraient « co-décideurs », l'État pouvant intervenir en tant que prêteur via la CDC par exemple.

Selon plusieurs sources du secteur, le ministre de l'Industrie, Éric Besson, qui a fixé l'objectif ambitieux de couvrir 70 % de la population en très haut débit en 2020 et 100 % en 2025, serait « très intéressé et favorable » à une telle initiative. Son cabinet ne fait aucun commentaire. L'étude d'une telle structure mutualisée serait bien « en cours de finalisation » et le sujet arbitré sous trois semaines, croit savoir un haut fonctionnaire. Or France Télécome;lécom, soupçonné de vouloir faire cavalier seul et recréer un monopole dans les campagnes, serait aujourd'hui plus ouvert à cette idée de « co-investir dans un véhicule commun, dans lequel il aurait la majorité, l'Arcep régulant les prix d'accès à ce réseau », selon une source proche du dossier.

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