La 5G à Paris sera bientôt une réalité. Après des mois de pourparlers et une « convention citoyenne », les grands opérateurs ont trouvé un terrain d'entente avec la mairie. En fin de semaine dernière, la ville a déclaré, dans un communiqué, qu'une « nouvelle charte citoyenne de la téléphonie mobile » a été définie. Celle-ci sera présentée au conseil de Paris courant mars. Une fois adoptée, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free pourront allumer leurs antennes, et permettre aux Parisiens d'accéder à la prochaine génération de communication mobile.
D'un point de vue politique, la mairie de Paris veut donner l'image d'une ville soucieuse de ne pas passer en force sur ce sujet de la 5G, qui irrite toujours les Verts et une partie de la gauche. Depuis le printemps dernier, des voix se sont élevées pour dénoncer une technologie énergivore, peu respectueuse de l'environnement, ainsi que ses conséquences éventuelles sur la santé. La mairie précise qu'elle a auditionné tous les acteurs des télécoms, le régulateur du secteur comme les associations de consommateurs, afin « d'éclairer le débat et de prendre en compte toutes les dimensions de cette transition technologique ».
Des Verts remontés
La nouvelle charte, argue-t-elle, contient des « avancées notable ». Les opérateurs se sont notamment engagés à favoriser le recyclage des terminaux et la réutilisation des smartphones, à respecter l'accord de Paris via des politiques visant à atteindre la neutralité carbone, à protéger les données à caractère personnel, à mettre en place des initiatives pour l'inclusion numérique, ou à sensibiliser les citoyens aux pratiques moins énergivores. Pas de quoi satisfaire, cependant, les Verts parisiens. « A juste titre, la Convention citoyenne pour le climat avait demandé un moratoire, nous le demandions également, a réagi à l'AFP David Belliard, l'adjoint en charge de la transformation de l'espace public et des transports. De plus, nous attendons les résultats des études commandées par le gouvernement sur cette question d'ici quelques semaines. »
La conversion de la capitale à la 5G intervient moins de deux semaines après celle de Bordeaux. Ici, Bouygues Telecom et SFR ont annoncé qu'ils allumaient leurs antennes, au grand dam de la ville qui militait auprès de l'Etat pour une consultation avant le lancement de cette technologie. Adjointe au maire EELV Pierre Hurmic, Delphine Jamet s'est dite « désolée » à l'AFP. « C'est un aveu d'échec, a-t-elle poursuivi. La seule chose que nous puissions faire est de veiller, sur le plan sanitaire, à ce que les expositions aux ondes ne soient pas importantes. » Même son de cloche du côté de Lyon, où les opérateurs, qui n'ont juridiquement nul besoin de l'aval des maires, ont également lancé la 5G. Idem à Grenoble, où le maire EELV s'en est pris à l'exécutif. « Le gouvernement a ligoté les mains des élus locaux dans ce domaine, a-t-il fustigé sur France Inter. Il y a un problème démocratique. On n'a pas le choix, ça démarre sans nous, on n'est pas au courant, c'est comme ça. » Eric Piolle se montre depuis des mois particulièrement virulent à l'égard de la 5G. En juillet dernier, il avait estimé que « la 5G, c'est pour permettre de regarder des films pornos en HD, même quand vous êtes dans notre ascenseur ».
Incendies et dégradations d'antennes
Dans d'autres villes, qui planchent sur des chartes ou ont lancé des débats citoyens, la situation est plus ou moins en stand-by. C'est le cas à Rennes, où une mission d'étude sur la 5G doit délivrer ses recommandations au conseil municipal du 29 mars. Strasbourg a de son côté lancé une conférence citoyenne au mois de décembre. Elle n'a pas encore rendu sa copie, mais cela n'a pas empêché Orange de commencer, au début du mois, à déployer son réseau. A Lille, enfin, un moratoire sur la 5G a été adopté au mois d'octobre. Ses conclusions sont attendues au printemps, et les opérateurs ont prévu d'attendre cette échéance pour se lancer. En parallèle, d'autres villes, comme Nice ou Toulouse, se montrent particulièrement accueillantes vis-à-vis de la 5G. Elles estiment que cette technologie favorisera le développement numérique et économique.
Le déploiement de la 5G intervient dans un contexte particulièrement tendu. Depuis quelques mois, les infrastructures télécoms sont la cible de dégradations. La semaine dernière, des locaux techniques d'Orange ont été victime d'incendies volontaires dans la Drôme, affectant les lignes Internet fixes de plusieurs milliers de clients, mais aussi une partie du réseau mobile. Quelques jours plus tard, en Isère, une entreprise spécialisée dans le déploiement de la fibre optique, Constructel de Sassenage, a également essuyé deux incendies criminels. Ces attaques s'ajoutent à la centaine de dégradations d'antennes-relais recensées l'an dernier, dont une partie a été revendiquée par l'ultragauche. Elles interviennent alors que, paradoxalement, jamais les Français n'ont eu autant besoin de mobile et d'une bonne connexion Internet avec les confinements et l'essor du télétravail.
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