Nexans mise sur son ancrage local pour concilier industrie du futur et environnement

Le fabricant de câbles électriques, anciennement Alcatel, marque ce début d’année 2023 avec un plan d'investissement de 40 millions d'euros sur le territoire français. Objectif : recentrer sa stratégie sur son ADN : l’électrification, résolument tournée vers le durable.
(Crédits : AMANDINE IBLED)

Alors que la demande en électricité devrait augmenter de 40% d'ici 2040, que l'Europe engage des travaux de renouvèlement de ses infrastructures électriques, et que les réserves de matières premières, notamment en cuivre, sont limitées, Nexans capitalise sur son ancrage territorial français. Conscient de tous ces enjeux, Christopher Guérin, directeur général du fabricant de câble (6,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 25.000 salariés dans 42 pays) a annoncé fièrement sa volonté de construire un écosystème durable et local : « Au mot récession, la plupart des investisseurs pensent restructuration, réduction des coûts et délocalisation. Nous répondons au contraire : investissement en local, modernisation, pérennisation des emplois, et formation ».

Habituellement, le groupe coté à Euronext Paris, investit entre 2 à 3 millions d'euros par an sur le site d'Autun, en Bourgogne-Franche-Comté. Le 11 janvier dernier, le deuxième employeur du bassin annonçait un plan d'investissement de 40 millions d'euros pour deux ans, pérennisant ainsi les 200 emplois présents. « C'est le plus important investissement sur ce site depuis des décennies », précise Guillaume Texeira, directeur général de Nexans France. « L'objectif est triple : soutenir notre capacité de production et notre compétitivité reconnue sur les câbles PVC, en capitalisant sur notre industrie 4.0 positionner le site sur les défis de l'électrification en France en matière de sécurité incendie en produisant des câbles sans halogène et inscrire le site dans la neutralité carbone », poursuit-il. L'ambition fixée par le groupe est de réduire de 4,2% par an ses émissions de CO2 par an.

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Une vitrine vers l'industrie 4.0

« L'industrie 4.0 est la condition sine qua non de la pérennité de l'emploi industriel », souligne Guillaume Texeira. Le site d'Autun est présenté comme un site pilote en matière d'industrie du futur. Sur l'enveloppe de 40 millions d'euros, 15 millions d'euros sont consacrés au développement de la digitalisation des lignes de production et des outils de management. L'ensemble des flux du site seront profondément revus, simplifiés, et digitalisés. Objectifs : une agilité accrue, une meilleure traçabilité de l'information et une collaboration étendue. L'automatisation des machines permet, par exemple, le transfert de produits d'une machine à une autre, sans intervention humaine, en limitant la pénibilité et les risques de collision. « Cette technologie connectée au service de l'opérateur transforme l'usine en réseau social collaboratif », constate Guillaume Texeira. « Nous avons même créé un Facebook à l'échelle du site pour soutenir la formation des collaborateurs et les assister le plus rapidement possible lorsqu'ils sont confrontés à un incident ou un problème sur la ligne », précise-t-il. D'ici 2025, le groupe généralisera cette approche innovante sur l'ensemble de ses sites dans le monde en capitalisant sur l'expérience française.

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Répondre aux nouvelles normes

À partir de 2025, 30% des installations électriques du bâtiment devront intégrer des câbles qui limitent l'émission de fumées toxiques en cas d'incendie. Nexans anticipe l'évolution de ces normes de sécurité incendie, prévue courant 2023, pour les immeubles tertiaires (ERP). Actuellement, l'usine d'Autun produit 10% de câbles isolés HFFR, c'est-à-dire gainés avec une matière ignifugeante sans halogène. Son taux devrait passer à 30% d'ici trois ans. Pour atteindre cet objectif, le plan d'investissement de Nexans prévoit d'injecter 19 millions d'euros. « La capacité de notre centrale de mélange sera multipliée par trois pour servir nos besoins en PVC et en composants sans halogène, en France et en Europe », précise le directeur général France. Son ambition est de faire du site d'Autun, un centre d'expertise européen sur les mélanges PVC et sans halogène.

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L'électrification durable

« Durant 80 ans, le groupe a servi le réseau des énergies fossiles. Nous cherchons aujourd'hui à nous racheter en recentrant notre stratégie sur les énergies durables et en améliorant notre empreinte carbone », confie Christopher Guérin, directeur général du groupe. Le fabricant de câbles électriques s'est notamment spécialisé dans les éoliennes en mer. Il a remporté 100% du marché de l'Etat de New York et est leader sur toute la côte Est des Etats-Unis.

Cette préoccupation environnementale se traduit à travers une enveloppe de 6 millions d'euros dédiés à l'innovation durable. Le maître mot de la stratégie est la sobriété afin de trouver le juste équilibre dans toutes ses actions. À commencer par ses modes de production. Par exemple, le site d'Autun est celui qui a le plus réduit sa consommation de gaz. « Grâce à l'installation d'une pompe à chaleur, l'usine réalise 80% d'économie sur sa consommation de gaz, soit 1.000 tonnes de CO2 par an », précise Stéphane Colin, responsable maintenance de l'usine d'Autun.

La sobriété s'invite également dans ses relations avec ses partenaires. « Nos quatre premiers clients représentent plus de 70 % de notre chiffre d'affaires », confie Guillaume Texeira.  En France, Nexans est passé de 1.000 à 400 clients. Au niveau mondial, le chiffre est passé de 17.000 clients en 2019 à 4.000 en 2022. « En simplifiant notre offre et en choisissant nos partenaires, nous avons doublé la rentabilité du site », poursuit-il. Une stratégie qui mise sur la valeur ajoutée des produits plutôt que sur le volume pour atteindre davantage de rentabilité.

Recycler le cuivre

Produire durable, c'est aussi penser à la matière première qui permet de fabriquer les câbles : le cuivre. Selon les dirigeants du groupe, ce matériau risque la pénurie dans un futur proche et son prix est amené à augmenter de manière soutenu et durable. Nexans est le seul fabricant de câble français à avoir conservé une activité métallurgique en France, via sa fonderie de Lens. « C'est un avantage compétitif aujourd'hui, ce sera un atout décisif demain », assure Guillaume Texeira.  Le fleuron tricolore pense à la nécessité de recycler le cuivre. « Sachant que d'ici 2030, il n'y aura pas assez de cuivre nouvellement extrait des mines du Chili et du Pérou, pour répondre à la demande mondiale, la seule possibilité de répondre à la modernisation des réseaux électriques est d'accéder au recyclage », insiste Christopher Guérin. Déjà 95% des chutes des sites de production du groupe sont recyclés à Lens. « Jusqu'à 10% des cathodes de cuivre que nous achetons en Europe sont issues de filière de recyclage de câbles électriques ou source de cuivre », précise le directeur général du groupe.

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Une taxe carbone interne

« Nous croyons beaucoup au local pour le local », souligne Christopher Guerin. La politique du groupe impose de produire dans un rayon de 800 kilomètres. Pour l'export, Nexans a fait le choix de servir ses clients proches de ses usines installées sur place afin de réduire son empreinte carbone. Ainsi, la France produit pour la France, le Maroc pour le Maroc, et la Chine pour la Chine. « Nous allons mettre en place une taxe carbone interne à 200 euros la tonne pour les managers qui continueront à livrer sur des grandes distances », prévient Christopher Guerin « C'est la seule manière d'être au rendez-vous de nos objectifs environnementaux », poursuit-il.

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