Bitcoin : de Moscou à Paris, qui sont les "pro" et les "anti" ?

Par Adeline Raynal  |   |  1498  mots
En marge des jeux de Sotchi, la Russie a décidé de renforcer sa lutte contre le bitcoin.
En marge des Jeux de Sotchi, la Russie a décidé de renforcer sa lutte contre le bitcoin. L'occasion de faire la synthèse des récentes prises de position en la matière.

Le bitcoin, il y a ceux qui y croient. Et ceux qui s'en méfient. De Moscou à Paris en passant Pékin, la monnaie virtuelle créé en 2009 ne laisse personne indifférent, et surtout pas les gouvernements. Tour du monde des "pro", des "anti" et des curieux. 

LES PRO BITCOINS

  • Deux hôtels de Las Vegas:  paris Les restaurants et boutiques de souvenir de deux hôtels de la ville du Nevada, le D et le Golden Gate, acceptent désormais la monnaie virtuelle. Les transactions en bitcoins seront effectuées à travers BitPay, un système de paiement en ligne, à l'aide de tablettes installées aux caisses. En revanche, il n'est pas (encore?) possible de parier en bitcoins. 
  • Ebay aux Etats-Unis et au Royaume-Uni La plateforme d'enchère en ligne autorisera les internautes à effectuer leurs transactions en bitcoins. 
  • Les défenseurs d'une finance moins centralisée: Ils font valoir que la monnaie virtuelle peut être échangée en ligne contre des devises officielles (euro, dollar, yen ou autre) ou utilisée pour des achats, sans risque de manipulation par les banques centrales et sans frais bancaires. Pour eux, choisir d'utiliser le bitcoin est une manière de dénoncer le système financier dominant actuellement et de montrer qu'une monnaie peut fonctionner sans intervention d'autorités, uniquement sur la base de la confiance.
  • Le gouvernement finlandais: si le bitcoin n'est pas considéré comme "monnaie", il a été classifié en tant que marchandise brute (commodities). Les Finlandais peuvent investir dans le bitcoin comme on investit dans l'or, le sucre ou le coton. Ils peuvent tout de même s'en servir "légalement" comme instrument de paiement, mais "c'est à vos risques et périls", a prévenu la Banque de Finlande.
  • Quelques acteurs de l'économie réelle: Quelques commerçants américains, la plus grande université privée chypriote, un dentiste canadien... Nombreux sont ceux qui acceptent désormais les paiements en bitcoins.

"Nous sommes conscients du fait que la monnaie numérique est un développement technique inévitable qui va conduire à l'innovation significative dans le commerce en ligne, les systèmes financiers, les paiements et les transferts de fonds internationaux, et le développement économique mondial" a fait savoir le directeur financier de cette université, Christos Vlachos.

Un restaurant de San Francisco, Sake Zone, accepte les bitcoins...

... tout comme une pâtisserie vendant des cupcakes implantée à San Francisco:

A Vancouver, un distributeur automatique de bitcoins a même été installé dans un coffee shop:

>> Le premier distributeur automatique de bitcoins débarque au Canada.

Une monnaie longtemps restée cantonnée à une sphère de "geeks"

Les monnaies électroniques, et surtout le plus connue d'entre elles, le bitcoin, n'en finissent pas de cristalliser les attentions. Créé en 2009 dans le sillage de la crise financière mondialisée, le bitcoin est longtemps resté une monnaie cantonnée à une sphère de "geeks".

Mais au cours de l'année 2013, son cours s'est mis a flamber. Un bitcoin valait environ 20 dollars en janvier 2013, aujourd'hui (mardi 11 février 2014) il en vaut plus de 590 dollars ! Extrêmement volatile, sa valeur a même dépassé les 1.000 dollars le 27 novembre 2013.

>> 1.000 dollars: le seuil franchi par le bitcoin

La masse de bitcoins en circulation croît également de plus en plus vite. "Aujourd'hui, la masse de bitcoins en circulation dans le monde équivaut à environ 9,6 milliards d'euros" estimait le chercheur en finance Philippe Herlin mardi 11 décembre dans une interview à  latribune.fr. L'emballement du cours suscite l'appétit des spéculateurs et l'engouement médiatique et sociétal autour de cette nouvelle monnaie ret éveille l'intérêt des institutions financières.

L'objectif de la création du bitcoin à partir d'un code informatique open source (accessible à tous) était justement d'échapper au contrôle de toute banque centrale ou institution financière, en réaction au séisme qui a touché le système financier mondial en 2008.

Mais les craintes que la monnaie virtuelle puisse servir à financer des activités illicites sont très présentes. Et elles ne sont pas chimériques, comme en témoigne l'arrestation le 28 janvier de "l'évangéliste du bitcoin" Charlie Schrem, accusé de blanchiment d'argent dans le cadre de l'affaire Silk Road ("l'e-bay de la drogue").

LES ANTI BITCOINS

Les détracteurs du bitcoin dénoncent régulièrement son usage pour des activités criminelles comme le blanchiment d'argent sale. Plusieurs institutions ont, pour leur part, émis des avis négatifs. En voici quelques uns. 

  • La Banque de France: Inquiète quant à une utilisation en vue de blanchiment ou de financement d'activités terroristes, l'institution a renforcer l'encadrement de son usage le 29 janvier dernier ; désormais le bitcoin peut être échangé seulement "contre des devises ayant cours légal (euro, dollar, yen, etc.)" et doivent être effectués "par l'intermédiaire d'un prestataire en services de paiements (c'est à dire un établissement de crédit, un établissement de paiement ou un établissement de monnaie électronique)".
  • La Banque centrale chinoise: "Les bitcoins ne sont pas émis par des autorités compétentes", ils "n'ont pas de cours légal" ni "le même statut légal que les monnaies fiduciaires" et "ce n'est en aucun cas une authentique devise", a averti l'institution sur son site internet le 5 décembre 2013. La Chinois représentent la population qui échange et détient le plus de bitcoin sur la planète. Le 18 décembre, l'institution a interdit aux plateformes de paiement toute opération impliquant des bitcoins, faisant ainsi chuter de 65% le cours de la monnaie le même jour.

>> Pékin fait plonger le cours du bitcoin

  • L'Autorité bancaire européenne (EBA):  "Actuellement, il n'existe dans l'Union européenne aucune protection règlementaire qui préserverait les consommateurs de pertes dans le cas d'une faillite de plate-formes d'échange de monnaies virtuelles" prévient l'Autorité bancaire européenne (EBA) dans un communiqué paru le 13 décembre.

    Le régulateur précise qu'aucune compensation n'est prévue en cas de piratage des "porte-monnaies numériques" ou de problèmes d'acheminement de transferts d'argent. Il indique d'ailleurs qu'il est en train d'évaluer "si les monnaies virtuelles peuvent et doivent être régulées et supervisées".

  • La Banque centrale indienne (RBI): "Les monnaies virtuelles ne reposent sur aucun actif et en tant que tel, leur valeur peut-être sujette à la spéculation", a mis en garde l'institution fin décembre 2013. La RBI n'a pas formellement interdit les échanges de bitcoins, mais la principale plateforme de transaction de bitcoins du pays a suspendu ses opérations suite à cette mise en garde.

  • La Banque centrale russe: l'emploi de "moyens de paiement anonymes et de monnaies virtuelles, dont la plus célèbre d'entre elles, le bitcoin" est interdit en Russie, rappelle le parquet général dans un communiqué publié le 10 février 2014. L'institution a organisé une table ronde avec la banque centrale, le ministre de l'intérieur et les services de renseignement, au cours de laquelle ont été décidées "des mesures communes concrètes" pour lutter contre la devise virtuelle.

  • Le PDG de JPMorgan: Jamie Dimon n'a pas mâché ses mots lors du forum de Davos janvier dernier. "La question qui se pose n'est pas 'est-ce qu'il faut accepter le Bitcoin ?' mais 'est-ce que l'on doit seulement accepter de travailler avec des gens qui en banalise l'usage ?'". Idem pour le Secrétaire général du Trésor Américain, Jack Lew, qui a affirmé à la même occasion "On en a parlé avec Jamie Dimon, et il semble que l'on partage tous les deux un certain sentiment d'incrédulité vis-à-vis de tout ce phénomène."

LES CURIEUX

  • Ben Bernanke, président en partance de la FED:  Dans une lettre adressée lundi 18 novembre 2013 à la commission de la sécurité intérieure, Ben Bernanke a donné son aval à la nouvelle monnaie apatride, en présentant le Bitcoin comme une bonne alternative à l'actuel transfert d'argent dans le monde entier. Lors d'une audition devant le Sénat américin, il assurait qu'il avait du "potentiel".

>> Ben Bernanke fait flirter le bitcoin avec les 800 dollars en novembre 2013

  • Le Département de la Justice des Etats-Unis: Le United States Department of Justice, (DoJ) a jugé le bitcoin "légitime" au mois de novembre. Mythili Raman, la représentante du ministère de la Justice, a toutefois invité les élus américains à la "vigilance".

>> Les autorités américaines ne disent pas non au bitcoin

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(Article créé le 13/12/2013 09:47, mis à jour le 11/02/2014 13:00)