"Avec l'annonce de la BCE, le variable redevient attractif", selon Frédéric Senan, DG délégué de Meilleurtaux

Le 5 mars, la Banque centrale européenne a ramené son taux directeur à 1,5%. Chez le courtier en crédit Meilleurtaux, on y voit l'opportunité de reconsidérer le crédit variable.

La Tribune: Le passage à 1,5% du taux directeur va-t-il modifier les prêts immobiliers à taux fixe ?

Frédéric Senan, DG délégué de Meilleurtaux: Pas dans l'immédiat. Certes, ils vont continuer de baisser, comme depuis l'été 2008. En deux mois, les emprunts sur 20 ans ont chuté de 0,7 à 0,8 point pour atteindre du 4,5 à 4,75%. Mais ce n'est pas directement lié aux changements de la BCE. En revanche, on ressentira très rapidement les répercussions sur les taux variables. Suite aux annonces successives de la BCE, ils sont déjà passés de 3,7% à 1,6% en à peine quatre mois.

Les taux variables sont-ils redevenus intéressants aujourd'hui ?

Pas systématiquement. En effet, le niveau du variable dépend non seulement des taux de la BCE mais aussi de trois autres facteurs : le coût de l'assurance pour plafonner le taux en cas de hausse, la marge que s'octroie la banque et surtout le coût du refinancement pour la banque. Ce dernier peut être très élevé si l'établissement est mal noté. Ce qui, du coup, l'empêche de présenter un taux variable compétitif par rapport au taux fixe.

Quels établissements affichent des taux performants ?

BNP Paribas proposait il y a peu du variable autour de 3,4% sur 20 ans. Il était « capé à 1 point » ce qui signifie que même en cas de forte hausse des taux pendant la durée du prêt, il ne pourrait jamais excéder 4,4%. Soit le niveau du taux fixe. Nos clients n'avaient donc aucun risque à le prendre. Le Crédit du Nord envoie lui aussi des offres très attractives.

Le variable avait presque disparu des grilles de crédit des banques. La situation a-t-elle changé ?

En partie seulement. Selon les difficultés rencontrées dans le refinancement et la stratégie adoptée sur la structure de la collecte, les établissements ont plus ou moins intérêt à mettre en avant ce type de prêt. Nous avons d'ailleurs remarqué que 20 à 30% d'entre eux n'en proposent toujours pas.

Nombre d'épargnants ont été échaudés par les récents scandales. Vos clients acceptent-ils facilement l'idée d'un crédit variable ?

Il est vrai que, de prime abord, les emprunteurs sont souvent frileux lorsqu'on les oriente vers ce produit. Mais ils ont entendu parler de la baisse des taux de la BCE. Et ils comprennent bien où est leur intérêt, du moment qu'on leur prouve que les mensualités n'exploseront pas et que la durée du crédit ne sera pas rallongée.

Quels points faut-il vérifier avant de signer ?

Avant tout, il faut être certain que le variable est bel et bien capé, et donc que le taux ne dépassera pas un certain niveau quoi qu'il arrive. Pour l'instant, nous déconseillons les «capé +2», c'est-à-dire qu'un taux à 3,5% peut monter jusqu'à 5,5%. Ensuite, il faut toujours comparer au fixe que l'on aurait obtenu : si, une fois capé, le taux reste inférieur, c'est une bonne affaire. S'il le dépasse très légèrement, l'emprunteur peut demander au banquier d'emprunter la moitié du capital en fixe, et l'autre en variable. Une façon d'introduire un léger risque pour bénéficier, en contrepartie, d'un meilleur taux.

Les crédits à la consommation vont-ils également baisser dans les semaines qui viennent ?

Bien sûr, car la durée de ces prêts excède rarement 24 ou 36 mois. Les établissements spécialisés se refinancent donc sur les taux à court terme, étroitement liés à ceux de la BCE. Nous avons déjà vu fleurir des promotions à 3,6%, 3,4%, voire 2,9% l'an. Et cela devrait continuer puisque beaucoup de ces crédits sont souscrits en mars et avril.

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