Bourse : les quatre thèmes à jouer en 2011

Que fera la Bourse l'année prochaine ? Devant l'incertitude, autant privilégier les valeurs qui profitent des hausses en se comportant mieux que les autres en phase de baisse.
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Après une décennie marquée par plusieurs crises (Internet, immobilière, bancaire, financière, boursière...), les doutes sont nombreux et la confiance n'est plus de mise.

Comment, dès lors, prendre ses marques à l'aube d'une nouvelle année boursière ? « L'atonie de la croissance économique ne constitue pas nécessairement un obstacle à la performance des investissements », rappelait récemment la société de gestion danoise Sparinvest. Pour preuve, certaines valeurs ou fonds affichent des performances exceptionnelles sans jamais sembler tenir compte des excès de morosité du marché. Qu'elles soient alimentées par des flux d'achat importants de la part des investisseurs ou par de bonnes perspectives de long terme, les dynamiques positives qui nourrissent ces performances apportent deux atouts primordiaux dans le contexte actuel : la visibilité et la stabilité.

À quoi ressemblera l'année 2011 ? Une nouvelle descente aux enfer ou un rally boursier ? Bien malin qui le dira. Mais une chose semble acquise en cette fin d'année : certains thèmes boursiers sont plus porteurs que d'autres pour bénéficier de la reprise ou, au contraire, se prémunir de la chute. Et le moment est sans doute venu de miser dessus, si ce n'est déjà fait. « La Tribune » en a sélectionné quatre, en vogue ces derniers temps, et a demandé à des experts de livrer leur analyse pour 2011.

D'abord, les problématiques d'infrastructures, qui deviennent essentielles avec le vieillissement de la population dans les pays développés et l'amélioration du niveau de vie des populations émergentes.

Autre thème qui a le vent dans le dos : l'approche dite « value », qui privilégie les titres décotés. Cette catégorie affiche des performances soutenues et régulières en traversant les crises sans accident majeur. Un sacré atout en cette période d'incertitude. Les obligations convertibles méritent également le détour pour leur côté sécuritaire, même si elles ont été fortement impactées par la crise de 2008.

Champions de l'année 2010, les marchés émergents ont beaucoup progressé. Mais il reste peut-être encore un réservoir d'appréciation, à condition de bien choisir...

Aujourd'hui, même si, au regard du faible rendement offert par les autres classes d'actifs, le consensus semble assez positif pour les actions en 2011, mieux vaut rester prudent et adopter une stratégie « ceinture et bretelles » en attendant que l'horizon se dégage. Un portefeuille qui résiste mieux dans les périodes difficiles sera toujours plus performant dans la phase haussière qui suit, puisque davantage de capital a été préservé... Bien entendu, on a beau réduire la volatilité d'un portefeuille, on ne sera jamais à l'abri d'un nouveau séisme boursier.

C'est pourquoi la première des choses à faire avant d'investir à nouveau en Bourse est de nettoyer convenablement son ou ses portefeuilles boursiers. La question est particulièrement d'actualité cette année. En effet, dès 2011, le traditionnel « seuil de cession » disparaîtra, sans parler de l'alourdissement des plus-values et les prélèvements sociaux (voir interview). Un excellent moyen de repartir du bon pied et de remettre les compteurs à zéro.

4 experts décortiquent 4 thèmes

1 - Les besoins en infrastructures explosent au niveau mondial

La croissance démographique mondiale et la dynamique économique des pays émergents suscitent de nombreux besoins en infrastructures. L'univers d'investissement est vaste : « il y a les infrastructures de base, nécessaires à la vie quotidienne des populations, comme les routes, ponts et tunnels, ainsi que les réseaux de transmission et de distribution d'eau et d'énergie. À celles-ci s'ajoutent les infrastructures à valeur ajoutée que sont les ports, les aéroports, le chemin de fer et les centrales de production d'énergie. Enfin, on considère également les projets commerciaux et opportunistes qui améliorent les conditions de vie et de travail comme les réseaux satellites et la production d'énergie par des groupes privés », énumère Mark Weisdorf, directeur de la gestion du pôle actifs réels (infrastructures) chez JP Morgan.

Parallèlement aux ambitieux plans d'investissement chinois et indiens, un récent état des lieux au niveau mondial fait également apparaître d'importants besoins dans les pays développés : « pour l'Europe, ceux-ci sont supérieurs à 1.300 milliards d'euros pour les dix prochaines années », confirme le gérant, qui avance par ailleurs le chiffre de 2.200 milliards de dollars pour les États-Unis d'ici à 2015. Nombreuses sont les sociétés françaises qui vont bénéficier de cette manne. Parmi les plus citées pour participer aux futurs grands chantiers : Vinci, Eiffage, Bouygues, Saint-Gobain, GDF-Suez ou encore Veolia.

2 - Le massacre de certains titres en 2010 favorise l'approche « value »

Pour éviter de trop fortes déconvenues et maîtriser le risque global de son portefeuille, ne pas payer un titre trop cher est une condition sine qua non. C'est le principe même de la gestion dite « value » qui privilégie les titres décotés et qui, de ce fait, conserve la faveur des investisseurs en 2011 après une année 2010 plus favorable aux entreprises de croissance.

« L'incertitude à court terme a pour conséquence des prix attrayants pour les acheteurs de sociétés sous-évaluées, riches en actifs. En se basant sur les fondamentaux des entreprises, il est possible de saisir de réelles opportunités sur les marchés d'autant que le contexte, caractérisé par des taux bas, est propice au lancement de nouvelles opérations de fusions et acquisitions », observe Michael Albrechtslund, directeur général de Sparinvest AM, société de gestion danoise spécialisée dans l'approche « value ».

A priori, tous les secteurs de la cote peuvent contenir des titres « value ». Pour les identifier, il faut procéder à une analyse financière rigoureuse et comparer les valorisations de chacun des titres en fonction du métier et des perspectives de chaque entreprise. Un travail aujourd'hui facilité par les outils informatiques et les bases de données financières disponibles desquelles émergent certaines valeurs telles que l'industriel danois AP Moeller Maersk, l'assureur japonais Ms&Ad, l'aéroport de Francfort ou encore le britannique Sainsbury.

3 - Les pays émergents ont encore un potentiel de croissance

Les équipes du groupe autrichien Raiffeisen Capital Management en sont convaincues : les marchés émergents constitueront de nouveau des piliers de croissance en 2011. « Certes, les cours ont notablement progressé depuis 2008, mais nous ne sommes pas en présence d'une bulle financière. La situation des émergents aujourd'hui n'a rien à voir avec celle du Japon dans les années 1990 ou celle des valeurs technologiques au début des années 2000. Les niveaux de valorisation restent actuellement proches de leur moyenne sur dix ans », constate Philippe Leroy, responsable du bureau de Paris de Raiffeisen Capital Management.

Le thème de la consommation est bien sûr central avec l'émergence des classes moyennes locales, soucieuses d'améliorer leurs conditions de vie. Reste à faire face à la volatilité. Une solution consiste à procéder à des investissements programmés, en plaçant par exemple une petite somme tous les mois, pour accompagner la croissance de ces marchés dans la durée.

Une autre manière de contrer la volatilité consiste à adopter une approche « value », c'est-à-dire à investir dans les titres décotés, au regard de la valeur comptable des actifs, tout en mettant l'accent sur la rentabilité de la société.

Au niveau géographique, Raiffeisen Emerging Markets Aktien privilégie tout particulièrement les pays émergents suivants : la Russie, la Corée, la Thaïlande et l'Afrique du Sud.

4 - Les obligations convertibles constituent un bon compromis

Les obligations convertibles permettent de miser sur la hausse des indices boursiers tout en bénéficiant pour partie de la protection et du rendement d'une obligation. Si, dès le départ, ce produit, qui donne la possibilité à son souscripteur de transformer son titre obligataire en action, est prometteur, il est particulièrement adapté à cette fin d'année. « Les convertibles s'adaptent bien à la situation actuelle : moins volatiles que les actions, elles offrent un bon niveau de rendement global alors que les taux d'intérêt sans risque, en particulier les obligations d'Etat, rapportent très peu », explique Nathalia Barazal, gérante du LO Funds - Convertible Bond chez Lombard Odier. Elle note par ailleurs que « les entreprises, moins endettées, ont réalisé d'importants gains de productivité. Ce qui sécurise les créanciers et a un impact positif sur les cours ». Enfin, les nouvelles règles prudentielles imposent aux grands investisseurs, fonds de pension, banques et groupes d'assurance, de réduire leur exposition aux risques de marché. La souscription d'obligations convertibles constitue un bon compromis et les flux d'investissement anticipés pour 2011 ne manqueront pas de revaloriser cette catégorie.

Parmi les valeurs préférées de la gérante du groupe helvétique figurent Acergy et Seadril, deux sociétés norvégiennes actives dans l'industrie parapétrolière, ou encore EMC, spécialisée dans le stockage d'informations.

Comment nettoyer son portefeuille boursier ?

Interveiw de Claude Lagadec, Fiscaliste patrimonial chez Cortal Consors

Que faire de son portefeuille d'actions en cette fin d'année ?

Le seuil de cession de 25.830 euros en deçà duquel les plus-values étaient exonérées d'impôts devrait disparaître. Si l'on a des plus-values latentes, il peut être opportun d'en profiter une dernière fois et d'échapper ainsi à la taxation de 18 %. Depuis cette année, en revanche, les plus-values sont soumises dès le premier euro aux contributions sociales de 12,1 %.

Et quand on est en moins-value ?

On peut parfaitement prendre ses pertes qui viendront réduire leurs éventuelles plus-values déjà enregistrées, quitte à racheter leurs titres dans la foulée s'ils souhaitent rester investis. Dans tous les cas, il faut savoir que les pertes sont reportables pendant dix ans sur les plus-values à venir.

Or le taux d'imposition va augmenter.

Il devait passer à 19 % l'an prochain mais il y a une chance que ce soit décalé à 2012. Les contributions sociales pourraient également augmenter pour s'établir à 12,3 %. Les pertes enregistrées aujourd'hui, si elles ne compensent pas de plus-values réalisées en 2010, compenseront les plus-values à venir dont les prélèvements seront plus élevés. Enregistrer partiellement ou totalement ses pertes est donc optimal, sauf dans l'hypothèse où l'on souhaite conserver durablement ses titres. La loi prévoit l'exonération de taxe sur les plus-values pour les actionnaires détenant leurs titres depuis au moins 5 ans. Ceux qui détiendront leurs titres depuis le 1er janvier 2006 au plus tard, obtiendront donc une exonération du tiers de leurs plus-values en 2012, deux tiers en 2013 et de l'intégralité en 2014. Mais un report de trois ans de cette mesure a été envisagé, d'où une application au plus tôt en 2015. Nous en saurons plus lors du débat de 2011 sur la fiscalité du patrimoine.

 

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