"Les arbitrages pour la retraite se programment dès 45 ou 50 ans"

Marc Darnault, associé chez Optimaretraite, société de vérification, calcul et optimisation des droits à la retraite.

La Tribune - Les nouvelles règles en matière de retraite permettent de cumuler une pension avec un emploi sans limite ou de continuer à travailler pour optimiser sa pension. A-t-on réellement toujours le choix ?

Marc Darnault - En réalité, il existe deux écueils à ce choix : d'une part, le cumul n'est possible que si vous liquidez tous vos régimes de retraite. Or, si vous avez travaillé à l'étranger, il se peut que vous soyez bloqué par certaines règlementations, qui ne permettent la liquidation qu'à 64 ans, par exemple. D'autre part, les régimes de retraite des salariés exigent l'arrêt du contrat de travail pour pourvoir opter ensuite pour le cumul avec un autre emploi (ou le même, après rédaction d'un nouveau contrat). Or, certains salariés craignent de s'engager dans une rupture de contrat qui ne serait pas suivie par la suite de la signature d'un nouveau par l'employeur.

Doit-on privilégier le cumul emploi-retraite ou continuer de travailler pour bénéficier du nouveau régime de la surcote ?

La libéralisation du cumul emploi-retraite incite les gens à liquider leur retraite et à reprendre un emploi chez le même employeur ou chez un autre pour cumuler. Parallèlement, les personnes qui décident de continuer à travailler alors qu'elles ont droit à leur retraite à taux plein bénéficient d'une majoration de retraite de 1,25 % par trimestre, soit 5 % par année travaillée en plus. Pour savoir ce qui est le plus intéressant, il y a lieu de se livrer à des calculs. Nos études montrent que, pour un cadre, selon sa carrière et son niveau de salaire, les réponses peuvent être opposées. Ainsi, en tenant compte de l'espérance de vie et de la capitalisation de la pension pendant un à cinq ans, un cadre percevant un revenu annuel de 75 000 ? aura certainement intérêt à opter pour le cumul emploi retraite, alors qu'avec un salaire de 195 000 ?, le taux plein de la liquidation des droits Agirc n'intervenant qu'à 65 ans pour la tranche C (revenus élevés), le cadre a toutes les chances de devoir continuer à travailler pour la surcote.

Quand doit-on commencer à se poser les questions de choix entre cumul ou surcote, rachat de trimestres etc... ?

Lorsque l'on a une carrière significative, les arbitrages concernant la retraite se programment dès l'âge de 45-50 ans. Non pas pour racheter des trimestres immédiatement. Mais pour provisionner. Lorsque l'on connaît le coût d'achat des trimestres manquants, il est judicieux de placer le montant nécessaire sur un support qui sera disponible à l'époque envisagée pour un rachat. De la sorte, même si la législation évolue (et généralement, ça ne va pas dans un sens favorable aux assurés), on se ménage la possibilité de racheter des trimestres juste avant de partir à la retraite. Nos études montrent qu'un cadre salarié percevant 33 903 ? par an, totalisant 4 403 points Arrco et 36 750 points Agirc a intérêt à racheter 12 trimestres pour pouvoir partir à 60 ans à la retraite. En revanche, dès 62 ans, le rachat n'est plus forcément profitable. Il faut donc procéder à une analyse fine. Celle-ci fait parfois apparaître des résultats inattendus. Ainsi, il est parfois plus intéressant de partir à 60 ans avec une petite décote que de travailler jusqu'à 61 ans...

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