"En offrant des congés illimités, je prends un risque"

Philippe Laval, Pdg d'une PME innovante, a fait le choix d'appliquer le modèle proposé par certaines entreprises américaines comme Netflix ou Virgin. Il explique à La Tribune comment il procède. Bilan d'étape.
Giulietta Gamberini
Les congés illimités peuvent être mis en place dans une entreprise de taille importante "à condition de les appliquer dans le cadre de plus petites unités", selon Philippe Laval.

Le modèle des congés illimités, proposés outre-Atlantique par des entreprises telles que Netflix et Virgin, se heurte en France à des difficultés d'ordre juridique voire culturel. Cependant, certains employeurs, notamment à la tête de PME innovantes, tentent de mettre en place ce modèle au sein de leur société. C'est le cas de Philippe Laval, PDG d'Evercontact, société d'une dizaine de salariés située en Île-de France, qui développe un système de mise à jour automatique des carnets d'adresses. Il a expliqué à La Tribune sa méthode.

La Tribune: Concrètement, comment procédez-vous pour appliquer votre système de congés illimités?

Philippe Laval: "Les congés illimités sont issus d'un accord purement  verbal, conclu au niveau de l'entreprise. Les contrats de travail des salariés prévoient en effet l'application du régime légal. L'accord informel est traduit en pratique par le biais d'un mécanisme comptable décorrélé de la réalité. Ainsi, chaque mois, les deux jours et demi auxquels, légalement, les salariés ont droit sont comptabilisés comme pris dans leurs fiches de paie. En revanche, quand les employés prennent réellement leurs congés, les jours pris ne sont pas enregistrés."

Cette décorrélation entre règle et réalité ne vous fait-elle pas courir un risque en tant qu'employeur?

"En appliquant ce modèle, je prends en effet un risque juridique. En vertu du mécanisme comptable auquel nous avons recours, lorsqu'un salarié quitte la société, on considère que celui-ci a pris tous ses congés payés. Il n'a donc droit à aucune indemnité à ce titre. Si en réalité il n'a pas encore bénéficié de tous les congés que la loi et son contrat lui accordent sur l'année, il est donc inévitablement perdant. En cas de séparation conflictuelle, il pourrait avoir envie d'ouvrir un contentieux, et de tenter de prouver par  des moyens autres que ses fiches de paie (par ses mails, son agenda) que son solde de congés est positif."

Qu'est-ce qui permet à ce modèle de fonctionner?

"La structure de mon entreprise est particulièrement favorable à ce modèle. Nous sommes une dizaine. Tous les employés sont des cadres-autonomes, rémunérés selon le régime du forfait-jour, et les profils individuels composant nos équipes sont variés: si, par exemple, nous n'employions que des parents, des difficultés lors des vacances scolaires seraient inévitables.

Le fonctionnement de la société est par ailleurs fondé sur le partage des objectifs et sur la transparence: chaque mois tous les chiffres sont publiés. Ainsi responsabilisés, les salariés font un usage très raisonnable de leur liberté et la coordination fonctionne bien. Il nous est d'ailleurs déjà arrivé de nous séparer de salariés après la mise en place des congés illimités, mais aucun contentieux n'a jamais été ouvert. Si le système n'abuse pas de vous, vous n'êtes pas tenté d'abuser de lui."

Les congés illimités, seraient-ils applicables dans une entreprise plus grande?

"Oui, à condition de les appliquer dans le cadre de plus petites unités. Mais il faut garder à l'esprit que le modèle des congés illimités ne peut pas tenir uniquement du politiquement correct: il fonctionne seulement si tous les salariés estiment que leur travail a un sens et sont fiers de ce qu'ils accomplissent."

Giulietta Gamberini
Commentaires 20
à écrit le 10/10/2014 à 13:48
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Virgin vient d'annoncer, donc on sait pas encore comment va fonctionner son système. Pour Netfix, je sais que leurs traductions sont effectuées par la société Acclaro qui emploie elle-même des pigistes. Par conséquent, il leur suffit d'avoir un réser...

le 10/10/2014 à 16:47
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Rapport avec la choucroute ? Toutes les entreprises ont des pigistes / prestataires / cdd / stagiaires / fournisseurs / esclaves sous une forme ou sous une autre. Ce sont eux, avec les chômeurs, qui permettent d'offrir des CDI à d'autres. La mise en ...

le 10/10/2014 à 18:37
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@Bob: sauf que si on généralise ce système, on n'a plus besoin de CDI :-) et cela devient plus difficle d'ajouter de la saucisse dans sa choucroute :-)

à écrit le 10/10/2014 à 9:58
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chich fait des leçons de morale dans ses commentaires mais sort de la bienveillance dans ses écrits. Un peu de vacances vous ferait du bien

le 10/10/2014 à 12:03
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J'en reviens des vacances^^. Je suis juste ulcéré du niveau des commentaires sur ce site. Je prend les choses trop à coeur, c'est tout moi héhé. Bonne fin de journée quand même.

le 10/10/2014 à 14:43
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@Chich pour votre ulcère ,une gélule de Mopral le soir .

à écrit le 10/10/2014 à 9:53
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C'est ça la différence : c'est un contrat de confiance où les salariés sont impliqués dans le développement et le fonctionnement de l'entreprise. De ce fait, leur travail a un double sens.

à écrit le 10/10/2014 à 9:22
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Le rêve de tout patron: une entreprise autogérée par des esclaves (humains ou artificiels) corvéables à merci tout en profitant d'une juteuse rémunération. Le risque? Que les esclaves se révoltent et prennent le contrôle de l'entreprise.

le 10/10/2014 à 9:26
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Euh je crois que vous n'avez strictement rien compris à l'article....

le 10/10/2014 à 9:34
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Un patron d'une entreprise d'une dizaine de salariés, tous cadres et autonomes dans leur travail, est très, très loin de la caricature que vous dressez...

le 10/10/2014 à 14:53
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La "lutte des classes", c'est mort. Votre description d'une réalité qui n'existe plus vraiment sous nos latitudes n'a que pour objectif de continuer à justifier des réglementations inadaptés, obsolètes et qui entravent notre activité économique, pour...

à écrit le 10/10/2014 à 8:53
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un dispositif comme ça dans la fonction publique , et vous n'avez plus personne au boulot.Un avantage cependant , il n'y aurait plus de grève dans l'éducation nationale.

le 10/10/2014 à 9:20
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Alors que vous, bien sur, il faut vous pousser pour prendre vos vacances. J'ai du mal à comprendre quel genre de vie vous pouvez avoir pour être aussi haineux et sectaire à même pas 9h du mat'...Encore un(e) qui ne tire pas son coup...

le 10/10/2014 à 14:01
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IL ne faut pas prendre ton cas personnel pour une généralité.Je sais de quoi je parle quand j'écris .Regardez vous avant de donner des leçons de morale car au vu de l'heure de vos écrits vous ne devez pas en faire lourd

le 10/10/2014 à 14:13
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@chich vos propos défensifs s'apparentent à un mécanisme projectif en relation avec des troubles caractériels .Ne prenez pas votre cas pour une généralité .

le 10/10/2014 à 17:26
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@rockit : c'est le diagnostique le plus optimiste qu'on m'ai fait depuis des années. Merci je croyais vraiment que j'allais mal, vous m'avez rassuré docteur.

le 10/10/2014 à 18:37
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@chich...Moi je suis fonctionnaire et si jamais on me propose des congés illimités je me barre et je reviens plus...( mes collègues feront la même...) et j'ai bien tiré ce matin et ce soir ça ira bien....rassure toi !

à écrit le 10/10/2014 à 8:34
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cette approche est réservée aux sociétés high tech.... ou les salariés, en congé ou pas, sont connectés à leurs ordinateurs en permanence......en fait, il peuvent travailler... en congé.... mais allez appliquer ça dans un hopital, un atelier de pr...

le 10/10/2014 à 9:18
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Pas applicable dans un hopital : oui merci je pense que 99% des gens ici l'avaient compris

le 10/10/2014 à 9:26
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Ce procédé d'aliénation d'un salarié en lui demandant un engagement sans limite sinon celle de sa rémunération dérisoire sans droit de vote au conseil d'administration est un nouveau mouvement de rétablissement de l'esclavage dans nos sociétés modern...

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