TikTok : après la décision du Sénat américain, ByteDance compte se battre et refuse de vendre son réseau social

ByteDance, la maison mère chinoise de TikTok, a annoncé jeudi qu'elle n'avait aucune intention de vendre son application, malgré une nouvelle loi américaine qui l'oblige à couper tout lien avec la Chine sous peine d'interdiction aux Etats-Unis.
Le Sénat américain a adopté mardi un texte, promulgué le lendemain par le président Joe Biden, qui oblige ByteDance à vendre son réseau social.
Le Sénat américain a adopté mardi un texte, promulgué le lendemain par le président Joe Biden, qui oblige ByteDance à vendre son réseau social. (Crédits : Mike Blake)

ByeDance n'a pas l'intention de se laisser faire. Le Sénat américain a adopté mardi un texte, promulgué le lendemain par le président Joe Biden, qui oblige le géant chinois à vendre son réseau social. TikTok dispose désormais d'un peu moins de 270 jours (près de neuf mois) pour trouver de nouveaux investisseurs non chinois.

Si aucun repreneur n'est trouvé, le groupe verra son réseau social disparaître des magasins d'applications d'Apple et Google et ne pourra plus la mettre à jour. En d'autres termes, l'application dépérira lentement aux Etats-Unis, à moins que ByteDance ne décide de fermer totalement TikTok dans ce pays.

En effet, TikTok est depuis plusieurs années dans le collimateur des autorités américaines qui estiment que l'application de vidéos courtes permet au gouvernement chinois d'espionner et de manipuler les citoyens américains. Au centre des craintes notamment se trouve une loi chinoise de 2017 qui impose aux entreprises locales de remettre sur demande des autorités des données personnelles qui relèveraient de la sécurité nationale. Mais son propriétaire, le groupe privé ByteDance, créé à Pékin, conteste ces allégations.

Lire aussiPourquoi l'avenir de TikTok est en danger

ByteDance compte se battre

Malgré la pression, ByteDance n'a pas l'intention de céder. « Les informations de la presse étrangère selon lesquelles ByteDance envisagerait de vendre TikTok sont fausses », a affirmé le groupe sur Jinri Toutiao, une autre application qui lui appartient, ajoutant qu'il ne « compte pas vendre TikTok ».

« Nous allons continuer à nous battre pour vos droits dans les tribunaux. Les faits et la Constitution sont de notre côté et nous nous attendons à l'emporter », a assuré à ses abonnés le patron de TikTok, Shou Zi Chew, un Singapourien.

L'entreprise a en plus des raisons d'être optimiste : elle a déjà réussi à inverser un décret similaire de l'ancien président, Donald Trump, en 2020. Elle avait alors déposé un recours et un juge avait suspendu provisoirement le décret, estimant que les raisons invoquées pour l'interdiction étaient exagérées et la liberté d'expression menacée. Le gouvernement Trump avait ensuite tenté de forcer la vente de TikTok aux groupes Oracle et Walmart, sans succès.

La nouvelle loi vise à contourner les difficultés rencontrées précédemment. Des experts estiment que la Cour suprême pourrait être sensible aux arguments de sécurité nationale avancés par les élus, sans certitude cependant. Candidat républicain face au président sortant pour les élections de novembre prochain, Trump se dit désormais opposé à l'interdiction de TikTok, qui profiterait, selon lui, à un concurrent, Meta (Facebook, Instagram).

Lire aussiInterdiction de TikTok aux États-Unis : quels enseignements tirer de la loi signée par Joe Biden ?

Trouver un repreneur : une tâche ardue

TikTok, qui a cru de façon spectaculaire pendant la pandémie, compte 170 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis. Sa valeur est difficile à estimer, en particulier dans le cas d'une vente contrainte. En 2020, ByteDance avait fixé son prix à 60 milliards de dollars, selon l'agence Bloomberg.

Trouver une entreprise susceptible de pouvoir s'offrir TikTok n'est en soit pas une mince affaire. Meta, maison mère d'Instagram, ou le géant américain de l'internet Google, seraient probablement empêchés de racheter l'application pour des raisons de concurrence. Même Microsoft, propriétaire de LinkedIn, réseau social professionnel, et désormais première capitalisation mondiale, pourrait avoir des difficultés avec les autorités de la concurrence s'il se lançait dans l'opération.

Oracle pourrait en revanche revenir dans la partie. Depuis sa première tentative de rachat, poussée par le gouvernement Trump, le groupe a aidé TikTok à répondre aux exigences américaines en matière de sécurité nationale via un programme, le Projet Texas, qui place les données des utilisateurs américains dans une entreprise à part, mais toujours sous le contrôle de ByteDance.

Dans ce contexte, l'ancien secrétaire au Trésor de Trump, Steven Mnuchin, s'est dit intéressé et a affirmé en début de mois qu'il créait un pool d'investisseurs en vue de faire une offre à ByteDance. Mais il a peu d'expérience dans le secteur technologique et les experts estiment que ses ambitions en ce domaine sont exagérées.

Pékin ne cache pas sa colère

Une vente se heurterait de plus à l'opposition des autorités chinoises, qui avaient fustigé le mois dernier les « méthodes de voyou » du Sénat américain. Pékin avait invité Washington à « respecter les règles de l'économie de marché » et fait savoir qu'elle prendrait « toutes les mesures nécessaires pour préserver ses droits et intérêts légitimes », alors que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est en Chine à l'occasion de sa deuxième visite dans le pays en moins d'un an.

Pour Pékin, le risque est de voir la situation du réseau social créer un précédent dans lequel une entreprise chinoise se faire tordre le bras pour revendre un de ses actifs les plus profitables, en particulier son algorithme, que ses compétiteurs jalousent.

En 2020, le ministère chinois du Commerce a amendé sa liste des technologies soumises à des restrictions ou interdictions d'exportation. La liste comprend notamment des technologies d'intelligence artificielle (traitement des données, recommandation de contenus, etc.) qui ont fait le succès de TikTok, où les vidéos s'affichent sur l'écran des utilisateurs principalement en fonction de leurs goûts.

TikTok suspend dans l'UE ses récompenses accusées de susciter l'addiction

En Europe également, TikTok fait parler de lui. Le réseau avait lancé son nouveau service controversé en France et en Espagne fin mars, accusé dans l'UE de susciter l'addiction. Baptisée TikTok Lite, cette fonction de l'application récompensait les utilisateurs avec des jetons s'ils se connectaient quotidiennement pendant dix jours, s'ils passaient du temps à regarder des vidéos (avec une limite de 60 à 85 min par jour) et s'ils faisaient certaines actions, comme aimer des vidéos et suivre des créateurs de contenus. Ces pièces étaient ensuite échangeables contre des cartes-cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon.

Le réseau social avait été accusé de renforcer dangereusement la dépendance au réseau social en poussant les utilisateurs à rester connectés. « Nos enfants ne sont pas des cobayes pour les réseaux sociaux », a aussitôt réagi le commissaire européen au Numérique, Thierry Breton, qui avait annoncé lundi l'ouverture d'une enquête de Bruxelles et menacé de prononcer la suspension dès jeudi.

Le réseau a annoncé de ce fait mercredi qu'il suspendait « volontairement » la fonction de sa nouvelle application. La plateforme chinoise était déjà sous le coup d'une enquête de la Commission, ouverte en février, pour des manquements présumés en matière de protection des mineurs dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 26/04/2024 à 14:09
Signaler
Non mais en plus ils filment le génocide de Gaza, faut pas déconner ! les bombes de deux tonnes, les charniers que l'on découvre, et surtout il permet aux gens finalement de voir ce qui se passe sans la censure que l'occident tente d'installer en ex...

le 28/04/2024 à 11:21
Signaler
Après ce qu’ont commis les palestiniens le 7 octobre et les tentatives d’entrisme de cette religion, les multiples attaques terroristes que font les musulmans, vous arrivez encore à nous expliquer le contraire de la réalité… typiquement français, le ...

à écrit le 26/04/2024 à 13:51
Signaler
Il faut "virer" TOUS les réseaux dits "sociaux".

le 27/04/2024 à 0:22
Signaler
Tout à fait d accord , c’était mieux de s occuper de leurs gosses , de leur sexualité et de leur niveau culturel … inventer ou mette en scène la. Le qu on a pas comme 95% des utilisateurs- trices rend pas plus intelligents . C est que du narcissisme ...

le 27/04/2024 à 0:23
Signaler
Tout à fait d accord , les gens feraient mieux de s occuper de leurs gosses , de leur sexualité et de leur niveau culturel … inventer ou mette en scène la vie qu on a pas comme 95% des utilisateurs- trices rend pas plus intelligents .voir est pathét...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.