Grèce : 40% de créanciers privés prêts à échanger leurs obligations souveraines

A 24h de l'heure limite pour apporter leurs obligations grecques à l'échange, des chiffres contradictoires circulent sur le taux de participation des créanciers privés. Une chose est sure : les banques et autres investisseurs institutionnels sont encore trop peu nombreux à s'être décidés à participer à l'opération. Sur les 206 milliards d'euros détenus par les créanciers privés, seulement 40,8% feraient l'objet de l'opération. La Grèce espère pourtant une participation à hauteur de 75% à 90% pour alléger sa dette publique et pouvoir bénéficier du deuxième plan d'aide européen.
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Qu'elle semble bien loin l'hypothèse de départ du gouvernement grec et du FMI d'un minimum de 95% de participation des créanciers privés à l'échange de dette avec Athènes... Désormais, la simple perspective de voir au moins les trois quarts du montant visé par cette opération relève de l'optimisme.

Les créanciers privés s'étant déjà prononcés en faveur de l'échange de dette grecque ne représentent pour l'instant que 40,8%, soit 84 milliards d'euros, du montant total visé par cette opération de 206 milliards d'euros, a indiqué mercredi l'Institut de la finance internationale (IIF). Cette organisation représente les banques, assureurs et gestionnaires de fonds détenteurs d'obligations grecques dans les négociations avec Athènes.

Bataille de chiffres

En début d'après-midi, l'IIF avait indiqué que, compte tenu de sa connaissance des participants au programme d'échange (PSI pour "Private sector involvment), seulement 39,3% des obligations faisaient pour l'instant l'objet de l'opération. Quelques heures plus tard, l'organisation a publié un communiqué dans lequel figurait deux banques (Bank of Cyprus et Landesbank Baden-Wurttemberg) et trois milliards d'euros supplémentaires. Le dernier chiffre officiel porte donc à 84 milliards d'euros, soit 40,8% de participation, les actifs éligibles au PSI.

Cette très légère mise à jour est intervenu quelques minutes après que Bloomberg estime à 58% le taux de participation. "Les plus grandes banques grecques, la plupart des fonds de pension du pays et plus de trente banques et compagnies d'assurance européennes (...) ont accepté l'offre. Cela porte donc le total à au moins 120 milliards d'euros", explique l'agence américaine.

Date limite : ce jeudi 21H00 heure française

La date limite pour apporter ses titres à l'échange est fixée à jeudi 21H00 heure française (20H00 GMT). L'échange concerne 206 milliards d'euros de titres de dette détenus par les créanciers privés (banques, fonds d'investissement, assureurs, etc). Au total, la dette grecque dépasse les 350 milliards d'euros.

La Grèce a déjà indiqué qu'elle ne procèderait pas à l'échange si le taux de participation n'atteignait pas au moins 75% de cette partie de la dette grecque détenue par les créanciers privés.

Elle a également annoncé que si ce seuil était atteint, elle pourrait contraindre, par le biais de clauses d'action collective (CAC), l'ensemble des créanciers privés à se soumettre à l'échange.

Plus que 73,5 milliards d'euros à trouver...

Si on retient ce chiffre de 75%, soit 154,5 milliards d'euros sur les 206 milliards détenus par les créanciers privés, il manquerait donc, après l'annonce de l'IIF de la participation au PSI de 84 milliards d'euros d'obligations, il resterait donc 70,5 milliards d'euros d'engagement manquant.

A ce jour, aucun établissement financier non-grec détenant un montant significatif de dette grecque ne s'est officiellement prononcé contre l'échange.

Plusieurs grandes banques, assureurs et fonds d'investissement n'ont pas encore fait part publiquement de leur décision.

L'IIF, qui représente les principaux établissements financiers mondiaux, cite dans un communiqué 30 banques, assureurs et fonds d'investissement ayant apporté publiquement leur soutien au plan.

Une "tendance favorable"

Les annonces de banques, assureurs et fonds d'investissement, qui ont indiqué mercredi qu'ils participeraient à l'échange de dette grec représente "une bonne indication de tendance", s'est félicité l'un des deux représentants des créanciers privés Jean Lemierre à l'AFP.

"C'est très important actuellement de voir que beaucoup d'institutions qui ont des montants importants (de dette grecque) vont a l'échange", a fait valoir le conseiller du président de BNP Paribas, Baudouin Prot, et co-négociateur en chef lors des négociations qui ont mené à l'accord du 21 février à Bruxelles.

Pour Jean Lemierre, si les fonds d'investissement, en particulier, n'ont toujours pas fait part publiquement de leur choix de participer ou non, c'est qu'ils "n'ont pas à rendre public leur décision" et qu'ils "n'ont pas besoin de le dire", contrairement aux institutions cotées.

 

La liste complète des 32 participants déclarés auprès de l'IIF :

Ageas, Allianz, Alpha Bank, AXA, Banque Postale, Bank of Cyprus, BBVA, BNP Paribas, BPCE, CNP Assurances, Commerzbank, Credit Agricole, DekaBank, Deutsche Bank, Dexia, Emporiki Bank of Greece, Eurobank EFG, Generali, Greylock Capital Management, Groupama, HSBC, ING, Intesa San Paolo, KBC, Landesbank Baden-Wurttemberg, Marfin Popular Bank, Metlife, National Bank of Greece, Piraeus Bank, Royal Bank of Scotland, Societe Generale, Unicredit

Retrouvez l'article de la rédaction "Grèce : les investisseurs vont-ils participer à l'échange d'obligations ?" (contenu réservé aux abonnés)

 

Commentaires 3
à écrit le 08/03/2012 à 10:38
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Si comme ci dessus la liste est publiée c'est transparent et chacun pourra éventuellement adopter une position vis à vis de son courtier et/ou de sa banque. Maintenant les montants présentés à l'échange ne sont pas divulgués! 100 milliards de perte ...

à écrit le 08/03/2012 à 5:25
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Je ne sais pas pour vous, mais il me semblerait normal que les banques françaises impliquées aient à rendre des compte aux français. Pour leurs clients, s'ils restent chez eux, c'est qu'ils sont vraiment .... simplets ?

le 08/03/2012 à 12:22
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Bastien, si l'on applique votre principe à d'autres obligations que les grecques, plus personne n'a de banque... Délicat, non..?? Attendez de voir le Portugal, l'Espagne et l'Italie. Nous allons beaucoup moins "rire".. Je n'ose vous parler des prêts ...

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