A quelques heures du coup d'envoi de l'Euro de football, Myriam El Khomri s'était dite "prête à recevoir Philippe Martinez dans la minute si cela peut permettre de lever tous les blocages dans le pays". Elle pourrait ainsi avancer le rendez-vous avec le leader de la CGT prévu pour le 17 juin. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a répondu favorablement à son appel à une rencontre, se disant "disposé" à rencontrer la ministre du Travail "même ce week-end", tout en prévenant que "la mobilisation continue".
Grève suspendue jusqu'à mardi dans la raffinerie de Donges
On pourrait penser que le mouvement contre la Loi Travail commence à s'essouffler et voir dans la prise de position de Philippe Martinez un début de recul. D'autant plus que la mobilisation d'une partie des secteurs ralentit.
- Ainsi, vendredi en fin de matinée, la SNCF faisait état d'un taux de grévistes de 7,1%, encore en baisse par rapport aux neuf jours précédents. Mais ce chiffre cache de grandes disparités selon les catégories de salariés. Certaines sections locales de la CGT ont appelé à la suspension de la grève.
- La grève contre la loi travail a été suspendue jusqu'à mardi à la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) par moins de 200 salariés - sur les 650 que compte la raffinerie - qui assistaient à une assemblée générale, a-t-on appris vendredi auprès de la CGT.
Débrayages dans les centrales, grève des éboueurs
Néanmoins, des secteurs restent toujours autant mobilisés.
- La grève des éboueurs, agents territoriaux, chauffeurs de camions-bennes perturbe depuis plus de dix jours les principaux sites de la région parisienne dont le plus important, Ivry-sur-Seine/Paris 13, en grève continue depuis 12 jours. La maire (PS) de Paris Anne Hidalgo a pourtant assuré vendredi matin que "toutes les ordures ser(aie)nt ramassées" dans la capitale.
- Les actions locales se multiplient avec les blocages temporaires de routes, ports, écluses, perturbent la distribution du courant, ont bloqué vendredi le dépôt de carburants de Lespinasse, près de Toulouse, installé des barrages filtrants dans le Pas-de-Calais, bloqué des voies et procédé à une opération escargot dans l'Aisne.
- Dans l'énergie, des débrayages dans plusieurs centrales ont généré une légère baisse de la production jeudi, et la CGT, qui a appelé ses militants à amplifier le mouvement, revendique avoir basculé plusieurs centaines de milliers de compteurs en heures creuses.
Examen du texte au Sénat à partir du 13 juin
Par ailleurs, mardi prochain représente une journée test pour laquelle l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL espère mobiliser plus massivement que lors des dernières manifestation lancées au niveau national. L'intersyndicale-ci a appelé à "renforcer la mobilisation" contre le projet de loi travail et à participer "massivement" à la manifestation nationale prévue le 14 juin à Paris pour obtenir le retrait d'un texte porteur de "régressions sociales". La journée de mobilisation a lieu le lendemain du passage de la Loi Travail au Sénat.
Le palais du Luxembourg, à majorité de droite, se penchera sur le projet de loi travail pendant près de deux semaines, du 13 au 24 juin, et un vote solennel sera organisé le 28 juin. Il fera ensuite l'objet d'une commission mixte paritaire chargée de trouver un accord avec l'Assemblée. En cas d'échec, les députés auront le dernier mot.