Le répit sera de courte durée. Le gouvernement le sait. La semaine dernière, les prix du gazole et du SP 95 sont passés en-dessous de la barre des 2 euros le litre, en moyenne, selon le ministère de la Transition écologique. Depuis trois mois, les prix à la pompe n'avaient jamais reflué. Reste qu'avec un baril de pétrole à plus de 118 dollars, les tarifs vont très rapidement remonter. De quoi inquiéter encore les Français, et alimenter la colère qui s'exprime ici ou là dans l'Hexagone.
Des actions de mobilisation depuis plus d'une semaine
En effet, depuis une semaine, plusieurs actions et blocages sont apparus. Le gouvernement comptait beaucoup sur son plan de résilience pour calmer le jeu. Présenté mercredi dernier, par Jean Castex, les mesures de soutien annoncées n'ont pas suffit. Dès vendredi, par exemple, face à la menace d'un blocage du pays par les routiers, le gouvernement a lâché 400 millions d'euros aux transporteurs. Mais, las, lundi matin, ces professionnels - s'estimant trahis par leurs représentants - se mobilisaient et organisaient des opérations escargot.
Et ce mardi, des ronds points étaient encore bloqués par des transporteurs dans la Manche. A Lorient, le préfet appelle les pêcheurs, qui continuent à limiter la circulation, à libérer le port pour éviter les trop grandes pertes de produits. Ces pêcheurs demandent des mesures supplémentaires. Selon eux, les 35 centimes d'euros par litre promis par le gouvernement ne leur permettent pas de tenir.
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Trouver la martingale
Alors que faire de plus ? Sur TF1 lundi soir, Jean Castex a promis de prolonger pour les automobilistes réguliers et les ménages modestes les mesures de soutien au delà du 31 juillet, date à laquelle la remise de 15 centimes d'euros sur le litre de carburant s'arrêtera.
Certes, l'exécutif compte beaucoup sur cette ristourne que tous les automobilistes auront lors de leur passage à la pompe à partir du 1er avril prochain. "Dans les prochaines semaines, on va voir les prix baisser à la pompe", assure Emmanuel Macron sur France bleu, qui évoque un "quoi qu'il en coute" sur les carburants. Un investissement "colossal", selon le chef de l'Etat, qui rappelle que le "bouclier tarifaire a couté, au total, 20 à 25 milliards d'euros annuels à l'Etat".
Reste que le gouvernement planche sur d'autres dispositifs. Ne serait-ce que parce qu'au sein de l'exécutif, des critiques du plan de résilience ont fusé. Certains ont estimé que d'une part, les aides aux particuliers n'étaient pas assez ciblées, et trop dispendieuses et d'autres part, que pour les professionnels, certains dispositifs - comme la prise en charge de la moitié du surplus des coûts des carburants pour certaines sociétés, en fonction du chiffre d'affaires - étaient beaucoup trop techniques pour des TPE-PME, peu visibles.
Une des options sur la table serait de demander aux énergéticiens - Total, EDF, etc. - , qui font des très gros profits avec la hausse des cours, une contribution exceptionnelle. Cette taxe pourrait permettre de compenser la flambée du prix des carburants. Elle serait aussi un signal donné aux électeurs de gauche. Mais, pour l'heure, rien n'est arbitré.
Un chèque alimentaire pour les plus démunis
En revanche, Emmanuel Macron entend mettre en place "un chèque alimentaire" pour aider les plus démunis à faire face aux hausses de prix des denrées de première nécessité, mais aussi à mieux se nourrir, en privilégiant les circuits courts. Le chef de l'Etat accède ainsi à une demande des associations caritatives. Il n'a pas précisé le calendrier, mais selon nos informations, le délai serait très court. Et pour cause, à trois semaines de l'élection présidentielle, pas question de prendre le risque de voir un mouvement du type des Gilets jaunes apparaitre. Emmanuel Macron passerait alors pour un candidat /président ne sachant pas maintenir l'ordre, et surtout peu attentif aux vraies difficultés de sa population...