Total : Thierry Desmarest s'efface totalement

Ceux qui s'attendaient à voir un Thierry Desmarest ému lors de sa dernière assemblée générale, après quinze ans passés à la tête du géant pétrolier, en auront été pour leurs frais. Il a fallu attendre la fin d'une très longue et très classique intervention technique pour qu'il aborde son départ. « Le moment est venu de m'éloigner des responsabilités que vous m'avez confiées en mai 1995, et je ne vous cacherai pas l'émotion que je ressens en ce moment », a-t-il déclaré d'un ton égal. Évoquant les « moments difficiles et les événements douloureux » qu'ont été le naufrage de l'Erika en 1999, et l'explosion de l'usine AZF en 2001, ses seuls mots sont allés vers les actionnaires du groupe. « Vous avez été d'un soutien indéfectible, et j'en garde un souvenir ému », a-t-il lancé aux 4.000 personnes qui remplissaient la grande salle du Palais des congrès à Paris.Élegance et déterminationSalué par des applaudissements appuyés, il a été remplacé sur l'estrade par Christophe de Margerie, plus ostensiblement dans l'émotion. « Je suis particulèrement honoré, fier, amicalement touché. Beaucoup de mots seraient risibles, insuffisants », a déclaré le nouveau PDG de Total, cherchant ses mots, avant de se lancer dans un bref hommage. « Cet homme que je respecte a tenu cette société avec beaucoup d'élégance, de détermination et de respect pour l'ensemble des parties prenantes. » « Thierry n'aime pas beaucoup qu'on parle de lui », s'est-t-il rapidement interrompu. Et l'assemblée générale a poursuivi son cours normal, avec l'habituelle litanie de chiffres et de graphiques. Thierry Desmarest, 64 ans, qui a été réelu administrateur pour trois ans, avec 94,18 % des votes, devrait rester à la tête du comité de nomination et de la gouvernance. « La première mesure que je vais prendre, en tant que PDG, sera de le nommer président d'honneur du groupe », a en outre promis Christophe de Margerie.Décontraction, enfin L'ancien PDG du groupe a introduit Total parmi les cinq premiers groupes pétroliers internationaux en s'emparant en quelques mois - en 1999 - du belge Petrofina, puis de son grand concurrent hexagonal, Elf. C'est seulement en fin d'assemblée générale, en menant la traditionnelle séance de questions-réponses avec la salle, que Thierry Desmarest, enfin souriant, a affiché aisance et décontraction, se contentant pour l'essentiel de passer la parole à Christophe de Margerie. Visiblement très content de laisser à son successeur le soin de répondre aux questions très variées des actionnaires individuels.
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