L’âge ne fait plus le sénior !

OPINION. La notion de sénior est aujourd'hui obsolète. Elle ne permet plus de répondre efficacement aux problématiques associées à l'allongement de la vie professionnelle. Elle doit être abandonnée au profit de mesures individualisées qui viseront non plus l'âge mais le parcours professionnel. Il est temps d'imaginer de nouveaux dispositifs dans lesquels chaque salarié pourra, tout au long de sa carrière, influer sur son destin professionnel et renouveler sa motivation professionnelle, avec l'objectif d'un maintien durable dans l'emploi. Par Arnaud Teissier, Avocat associé - Capstan avocats
(Crédits : DR)

Pour être efficace, la récente réforme des retraites doit se traduire par un allongement effectif de la vie professionnelle. Il faut donc imaginer les solutions qui vont favoriser un maintien dans l'emploi des salariés jusqu'à leur départ à la retraite. L'échec récent des négociations interprofessionnelles sur le pacte de la vie au travail est une parfaite illustration du paradoxe qui existe entre la nécessité de maintenir les séniors en emploi et l'incapacité des partenaires sociaux à s'entendre sur les mesures à mettre en place pour y parvenir.

Dans les accords déjà existants (accord d'entreprise ou conventions collectives de branche), la gestion des salariés âgés est trop souvent envisagée exclusivement sous l'angle des toutes dernières années de vie professionnelle. Ce qui échoue à répondre aux problématiques rencontrées par les salariés âgés et en particulier celle qui concerne leur maintien dans l'emploi.

Changer de paradigme

Le sujet est envisagé à l'envers. Alors que l'on souhaite que les salariés âgés travaillent de plus en plus tard, on ne leur propose souvent que des mesures incitatives de départ anticipé (congé de fin de carrière, retraite progressive ...), dispositifs que les accords déploient à travers des « âges pivot » qui conditionnent les mesures à l'appartenance à chaque tranche d'âge. Or, l'âge ne fait pas le sénior. Et le sénior n'a pas le monopole des freins ou obstacles au travail comme ceux de l'usure professionnelle, physique ou psychologique.

C'est donc une erreur de raisonner de manière systématique et trop rigide. Il ne faut plus se concentrer sur la notion de séniorité, mais sur celle du parcours professionnel individuel. Pour cela, il y a lieu de s'intéresser aux mécanismes qui vont rendre acceptable le maintien en activité tout au long de la carrière, et ce quel que soit l'âge du salarié.

Trouver les ressorts d'un épanouissement professionnel individuel renouvelé

Chacun doit pouvoir mener une réflexion sur son propre parcours professionnel et se voir proposer un éventail de mesures dans lequel il choisira les solutions qui garantiront sa motivation professionnelle.

Une organisation du travail qui favorise l'autonomie, la flexibilité, la participation des salariés aux décisions de l'entreprise doivent servir de pistes pour la rédaction d'accords conventionnels qui offriront à chaque salarié d'accompagner ses souhaits d'évolution à courts, moyens, ou longs termes.

L'allongement de la vie professionnelle ne doit plus être un obstacle. Chacun doit pouvoir trouver un épanouissement professionnel renouvelé, malgré son avancée en âge.

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Commentaires 2
à écrit le 24/04/2024 à 8:14
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30 heures à partir de 55 ans, 25 à partir de 60, 20 à partir de 65 et-c... en adaptant bien entendu la volonté du travailleur en question et là les gens bosseraient jusqu’au bout de leurs vies sans souci mais c’est pas facile d’avoir des idées en UER...

à écrit le 23/04/2024 à 14:50
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La grosse difficulté est qu'en France, la gestion RH est souvent celle d'un pays sous-développé, d'où l'appétence du patronat pour la main d'oeuvre importée pour (ne pas) résoudre le problème...

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