Rupert Murdoch reste seul maître à bord de son empire

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Rupert Murdoch est resté droit dans ses bottes mercredi soir, à l'occasion de la présentation des résultats annuels de son groupe News Corp. Des chiffres plutôt bons et une hausse du dividende qui ont été accueillis par une hausse du cours de 16 % jeudi à l'ouverture. Combatif, le magnat des médias a exclu de se désengager de la presse écrite, dans laquelle il s'est dit « très confiant » : « Je suis choqué par ce qui s'est passé dans un recoin du groupe, qui est ?News of the World?. Mais tout le reste va bien ».

Ensuite, le patriarche âgé de 80 ans a refusé de se limiter à un poste de président non exécutif : « Le conseil d'administration et moi-même pensons que je dois rester président et directeur général ». Il s'est aussi exprimé sur sa succession plus clairement qu'auparavant. Il a désigné comme successeur immédiat son directeur opérationnel Chase Carey, mais en ne fermant pas totalement la porte à son fils James, jusque-là considéré comme le dauphin désigné, mais qui a été fragilisé par le scandale des écoutes téléphoniques menées par « News of the World », qui relève de son périmètre. « J'espère que le poste [de PDG] ne sera pas disponible dans un avenir proche. Mais Chase est mon associé. Lui et moi dirigeons cette société en équipe. Si je passais sous un bus, je suis sûr qu'il me remplacerait immédiatement. Mais Chase et moi avons toute confiance en James ».

« Discussions libres »

Surtout, le magnat australo-américain a balayé les critiques sur la gouvernance de son empire, et notamment sur son conseil d'administration : « Je ne prévois aucun changement. C'est un conseil d'administration très solide, qui est très souvent très critique, et nous avons beaucoup de discussions libres ».

Le conseil d'administration est composé de 16 membres, dont 9 sont officiellement indépendants. Mais beaucoup ont des liens avec News Corp ou la famille Murdoch. Ainsi, deux d'entre eux sont des anciens barons du groupe. Un troisième est le parrain d'un petit-fils de Rupert. Un quatrième est un ancien président de Goldman Sachs, qui a été la banque conseil de News Corp lors de multiples rachats. Un cinquième a présidé une compagnie aérienne australienne dont News Corp détenait 50 %. Un sixième (l'ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar) détenait 50 % d'un cabinet de conseil travaillant pour News Corp. Sans oublier une héritière de la famille Bancroft (qui a vendu le « Wall Street Journal » à News Corp,) critiquée pour son manque d'expérience financière - elle est chanteuse d'opéra.

Ceci est d'autant plus critiqué que la famille Murdoch ne détient que 12 % du capital du groupe, mais a créé une catégorie d'actions sans droit de vote, ce qui lui permet de verrouiller le contrôle (la famille détient 39,7 % des actions avec droits de vote). Récemment, plusieurs fonds de pension comme Calpers ont donc critiqué la gouvernance du groupe. Mais Rupert Murdoch n'a fait qu'une seule concession : il a reporté à plus tard l'entrée de sa fille Elisabeth au sein du conseil d'administration, où siègent déjà ses fils James et Lachlan. Elisabeth vient de vendre à News Corp sa société de production Shine pour 472 millions d'euros. Un rachat contesté en justice par des actionnaires minoritaires, qui accusent Rupert d'utiliser News Corp comme « un magasin de friandises familial ».

Commentaires 2
à écrit le 15/08/2011 à 18:30
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Murdoch a ébranlé son empire en espionnant des gens ressemblant à son lecteur et il a donc d'autant moins envie de le lâcher. J'espère que les gens liront moins ses torchons. Mais il y a un risque, le vote extrémiste. Les journaux à scandale servent ...

à écrit le 15/08/2011 à 16:36
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Qu'espère-t-il : gagner et gagner toujours plus de fric qu'il emportera avec lui le jour dernier venu ?

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