Les syndicats européens en panne de stratégie face à l'austérité

Alors que la crise grecque et plus largement celle de l'euro ont poussé les États à adopter des plans d'austérité budgétaire, les syndicats, en France et en Europe, tentent de faire entendre leur voix pour dire qu'une autre construction européenne est possible.
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Combattre les plans d'austérité, tel est le mot d'ordre des syndicats en cette rentrée. À l'échelon national, mais également au niveau européen, tant la question de la gouvernance européenne est au coeur des débats. Il leur reste maintenant à trouver la meilleure manière d'y arriver, ce qui ne sera pas simple.

En France d'abord, où les syndicats apparaissent divisés sur fond d'élections professionnelles qui se tiendront en octobre dans les fonctions publiques et, plus tard, de scrutin présidentiel. « Il y a des traits communs dans les différents pays européens, mais la France a un double particularisme : l'échec sur les retraites - en général un tel résultat rend plus difficile la remobilisation de ceux qui ont pu s'engager - et le contexte politique avec les prochaines élections qui vont favoriser l'attentisme d'une partie des gens », estime Stéphane Sirot, professeur d'histoire politique et sociale à l'université de Cergy-Pontoise. « Il y a bien une surenchère syndicale, mais cela ne traduit pas une dégradation du climat social, qui est atone », abonde Jean-Dominique Simonpoli, directeur de l'association Dialogues.

Mobilisation le 11 octobre

Reçu mercredi par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, veut croire l'inverse en évoquant la « journée nationale d'action interprofessionnelle » prévue le 11 octobre. « Nous comptons bien rappeler aux responsables politiques que les salariés forment les plus gros bataillons d'électeurs », avant de souligner que ce que « disent les syndicats n'est pas sans écho, ni sans répercussion sur le débat politique ». Il ajoute que « les salariés se mobilisent en Italie et en Espagne », sans oublier, l'euromanifestation qui sera organisée le 17 septembre à Wroclaw en Pologne, après celle du 21 juin à Luxembourg. Et s'il reconnaît que « les initiatives européennes et bilatérales sont peu relayées, il est positif qu'elles existent ».

Reste que leur impact sur les décisions prises par les chefs d'État et gouvernement est encore peu palpable. L'une des raisons avancées par Stéphane Sirot pour expliquer cette faiblesse tient au fait que « les syndicats, en France comme ailleurs, mobilisent sur des méthodes d'après-guerre, la journée de grève ou de manifestation, avec des mots d'ordre creux pour satisfaire le plus grand nombre. Or, face à ce type de mobilisation qui marchait jusque dans les années 1980, les pouvoirs publics ne bougent pas et attendent qu'elle meurt de sa belle mort. Ces derniers ont modifié leurs pratiques et ne sont plus dans l'optique d'un compromis. « C'est un basculement du rapport de forces capital/travail, au détriment du second. Et dans ce contexte, la crise est instrumentalisée à l'envi », analyse Stéphane Sirot. Et ce dernier de conclure : « avec le mouvement des ?indignés?, les syndicats doivent se remettre en cause car il ne prennent pas en compte une demande de radicalité. Ils sont tout autant interpellés par la population que les pouvoirs publics. Et tous sont en crise. » À bon entendeur...

Commentaires 3
à écrit le 08/09/2011 à 11:26
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Et si le syndicats étaient en panne à cause de l'Europe. il y a de telles divergences et attentes entre peys qu'il n'y a ps d'unité possible sauf à la marge. Toujours le plus petit dénominateur commune de l'Europe. ET on nous dit que la solution c'es...

à écrit le 08/09/2011 à 8:47
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Qu'il fait bon vivre qu'en étant un fonctionnaire car il n'y a que le fameux "Sud Rail" qui peut se permettre de faire la guerre illimité en temps de crise.

à écrit le 08/09/2011 à 6:20
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Que peuvent-ils faire? Marcher, casser et faire du bruit ne pourront modifier la réalité. Les caisses des États sont vides. Chercher à faire pression sur les gouvernements par ces actes sera d'aucune utilité.

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