La dotation au FESF : un casse-tête pour l'Allemagne

L'Allemagne, tout en accentuant sa pression sur le gouvernement grec, hésite à doter le fond de stabilité européen par peur de dégrader ses comptes... et la notation des agences.
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Ce mardi, à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel rencontre son homologue grec Andréas Papandréou en marge d'une réunion avec des industriels allemands. La rencontre risque d'être tendue. Car, alors que le Bundestag doit voter jeudi 29 octobre l'élargissement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) décidé le 21 juillet dernier, le secrétaire d'État allemand aux Finances, Jörg Asmussen, pressenti pour être nommé au directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a exclu un déblocage de la prochaine tranche de l'aide à Athènes lors de la prochaine réunion de l'eurogroupe le 3 octobre. Et, a-t-il ajouté, menaçant, il n'y en aura pas du tout si la Troïka « n'est pas convaincue par les mesures prises et mises en oeuvre par la Grèce ». D'autant que la semaine dernière au FMI la pression sur les Européens pour trouver une issue à la crise a été forte.

Or, Athènes a besoin de cet argent rapidement pour faire face à ses dépenses courantes. C'est dire si la pression ne se dément pas sur la Grèce. Le ministre grec des Finances, Evangélos Venizélos, a même dû démentir formellement toute discussion sur une « faillite ordonnée » de son pays avec le FMI et la BCE.

marge de manoeuvre limité

En réalité, malgré les dénégations officielles habituelles, il semble que la question soit désormais de savoir comment empêcher la contagion d'un défaut grec au reste de la zone euro. Dimanche, dans une interview télévisée, Angela Merkel n'a pas exclue que les garanties que l'Allemagne apportera au FESF soient effectivement utilisées. Elle a donc défendu l'utilité du mécanisme permanent de stabilité européen, qui doit être mis en place à partir de 2013. Vendredi, son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, avait, du reste, évoqué dès vendredi une possible naissance de ce mécanisme avant la date prévue de mi-2013. Mais la marge de manoeuvre de l'Allemagne et des autres pays européens est limité : l'agence de notation S&P a prévenu qu'une augmentation de la dotation du FESF pourrait avoir des conséquences négatives sur la notation de l'Allemagne. Il faudra donc trouver d'autres formes de dotation de ce fonds dont les 440 milliards d'euros sont insuffisants pour empêcher, en cas de panique, que l'Italie ou l'Espagne ne soient épargnées. Parmi les pistes, on évoque la capacité que pourrait acquérir le FESF de se refinancer auprès de la BCE afin de disposer des moyens suffisants pour riposter à une attaque contre un pays membre sur les marchés.

Mais la proposition a fait bondir le président de la Bundesbank Jens Weidmann, qui y voit un moyen de financer les dettes souveraines par de la création monétaire. Wolfgang Schäuble, l'a soutenu, affirmant qu'il existait « d'autres moyens de renforcer le FESF ». Il s'est cependant bien gardé de dire lesquelles. Il est décidément bien difficile de concilier les priorités de Berlin avec l'urgence de la situation de la zone euro.

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