Le monde des bulles est sur le point d'exploser

Les auteurs de bande dessinée sont en colère. En cause, l'annonce du RAAP (Régime des Artistes Auteurs Professionnels) d'une hausse des cotisations de 8% pour la retraite complémentaire obligatoire.
"On ne peut pas financer les retraites de demain avec la précarité d'aujourd'hui" Martin Leclerc. /cc Flickr ActuaLitté

Dans une lettre ouverte adressée à Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, 748 auteurs de bande dessinée alertent le gouvernement sur leurs conditions de travail. La lettre, diffusée mardi et intitulée "Le temps est-il venu de nous dire adieu ?", réclame la suspension d'une hausse prévue de leurs cotisations retraite début 2016.

Dans une période ou les revenus, les avances, et les droits d'auteurs ne cessent de diminuer, la réforme vient perturber le monde des bulles.

"Depuis des années, sans bruit, sans révolte, nous survivons par passion pour notre métier, pour nos histoires et ceux qui les lisent, mais aujourd'hui, nous voyons notre fin approcher et nous refusons de nous y résigner" peut-on lire dans la lettre adressée à Aurélie Filippetti.

Une réforme qui arrive "comme un cheveux sur la soupe" pour Martin Leclerc, alias Maël, illustrateur de bande dessinée. "Le pire dans cette histoire, c'est que personne n'a été consulté. Il n'y a eu aucun accord, aucun agrément. Un comble lorsque l'on voit ce qu'ils nous proposent !"

Une hausse des cotisations qui atteint 8%

Cotisant à hauteur de 10% pour les prestations sociales, l'annonce d'un taux de cotisation de 8% pour la retraite complémentaire obligatoire est un scandale pour les auteurs. "Cette hausse représente pour nous 1 mois de revenus. Ça va créer de gros soucis chez le plus faible d'entre nous" déplore Lewis Trondheim, auteur de bande dessinée.

D'autant plus que la situation est "incompréhensible. La RAAP ( association dont dépend la retraite des auteurs) à envoyé une lettre aux cotisants, le 5 mai 2014, faisant mention du fait qu' "en effet notre régime est sein avec un excellent "rendement technique de nos points de retraites"".

La goutte d'eau qui fait déborder le vase

Comprenant 1.500 auteurs de bande dessinée en France, l'annonce de la réforme a fait l'effet d'une bombe. Près de la moitié des auteurs sont mobilisés. "On est de plus en plus solidaire" se rassure Lewis Trondheim. Une solidarité qui s'explique, selon Martin Leclerc, par le fait que les deux tiers de la profession vivent au niveau du SMIC.

"Parfois nous avons l'impression qu'ils ne connaissent pas nos conditions de travail. Nous sommes dans un système qui exploite notre situation. On ne sait pas comment s'en sortir. Quand on fait ce métier, on le fait à fond. Alors lorsque l'on apprend que les cotisations vont être multipliées par 6 c'est insupportable pour nous tous !" s'agace Martin Leclerc.

Un problème de méthode

Un problème, pour les auteurs, qui réside dans le nouveau calcul des obligations de retraite complémentaire. Dans le système actuel, les auteurs choisissent leurs échelons (4) situés entre 250 et 1.700 euros. Or, la réforme propose la proportionnalité des cotisations. Une aberration pour Martin Leclerc :

"C'est encore ceux qui cotisent le moins qui seront le plus touchés. On ne peut pas financer les retraites de demain avec la précarité d'aujourd'hui".

Un sentiment partagé par l'ensemble de la profession que résume le Groupement BD du Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs :

"La piste qui nous apparaît la plus évidente serait d'envisager un réel financement de la couverture sociale des auteurs par les acteurs de la chaîne du livre qui bénéficient le plus du travail de ces professionnels, comme c'est le cas dans d'autres domaines artistiques".

 

Commentaires 12
à écrit le 18/06/2014 à 12:07
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C'est pour tout le monde pareil, et encore, tout le monde n'a pas droit à des échelons! Est-ce normal qu'un intérimaire doivent donner jusqu'à une quarantaine d'euros de sa paie pour une journée de boulot? Sur un inventaire ou on peine a attei...

à écrit le 14/06/2014 à 10:14
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Messieurs de la Tribune. Le mouvement dont vous parlez ci-dessus ne se limite pas aux auteurs de BD, mais à tous les auteurs en sens large du terme, car tous sont concernés par la réforme des retraites. Merci d'en prendre compte.

à écrit le 12/06/2014 à 12:58
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La France a déjà dit adieu à plus de la moitié de son industrie manufacturière, ces dernières années, avec la perte de plusieurs millions d’emplois pour financer les amuseurs publique et autres saltimbanques, ainsi que la fonction publique… Il est g...

le 13/06/2014 à 22:32
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Cher Frédéric... D'où vient toute cette animosité ?!... L'auteur (BD) est le travailleur idéal, pas d'horaires, pas de week-ends, pas de vacances tant que le boulot (souvent payé tripette) n'est pas terminé, une fois cela fait il faut rembrayer sur ...

le 14/06/2014 à 10:20
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alors offrons aux artistes les mêmes avantage, car jusqu'à présent, ils n'ont pas droit au chômage , aux congé maladies, aux congés payés.

le 18/06/2014 à 11:31
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Les saltimbanques seraient ravis, cher monsieur! On veut bien supporter les mêmes charges pour les mêmes conditions! Vous nous offrez le chômage (parce qu'on en a pas), les congés payés (parce que ça non plus), les arrêts maladie (dois-je vraiment ...

à écrit le 12/06/2014 à 12:40
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Et quand ils seront en retraite avec seulement 3 sous, comme les agriculteurs maintenant, ils iront pleurer pour qu'on augmente les minima sociaux pour éviter de crever de faim ?

le 13/06/2014 à 22:36
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Personne ne pleure. Nous demandons à ne pas nous faire étrangler. Vous avez déjà vu des manifs et opérations escargots "d'auteurs en colère" ?!... Nan ?!... Un peu de décence dans vos propos, s'il vous plaît. Ça va chez vous, sinon ?!...

le 18/06/2014 à 11:35
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Oui enfin, à ce rythme là, il n'y en aura pas beaucoup qui iront jusqu'à la retraite. Si la moitié de la profession arrête parce qu'un mois de revenus c'est trop (qui pourrait dire le contraire ?), ça va compliquer un tantinet le financement des di...

à écrit le 12/06/2014 à 11:16
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Bonjour, Quelques points méritent d'être éclairci dans l'article. La majorité des auteurs cotisent en classe spéciale minimum ( environ 400€ par an ) n'ayant pas les moyens de cotiser d'avantage. La réforme leur promet des cotisations largement s...

à écrit le 12/06/2014 à 10:47
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Complémentaire obligatoire?? c'est la meilleure et à n'importe quel prix là effectivement on ne peux plus buller tranquille.

à écrit le 12/06/2014 à 9:56
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"notre régime est sein" ca serait pas plutot sain ;-) Pour le reste, rien d etonnant: la france est un pays qui est dirige par des vieux pour les vieux. il faut donc taxer pour payer de belles retraites et des soins medicaux quasi gratuit et ne pas ...

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