à Angoulême, la bande dessinée est en fête

Rendez-vous annuel incontournable depuis 1974, le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, qui ouvre aujourd'hui, rassemble chaque année plus de 200.000 visiteurs, 200 éditeurs et 1.000 auteurs. Bonne surprise, le cru BD 2008 a échappé à la crise. Selon le rapport annuel de l'Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD), la production de bande dessinée a augmenté de 10 % en 2008 pour atteindre les 4.746 titres, dont 3.592 nouveautés. Le manga tient toujours une place de choix dans la production ; il représente près d'un tiers des sorties. « Sur le plan artistique, c'est une très bonne année », s'enthousiasme Benoît Mouchart, directeur artistique du festival. Le secteur représente à lui seul environ 6,5 % du chiffre d'affaires de l'édition, soit 320 millions d'euros (« Livres Hebdo »/Ipsos). « Sur un marché de l'édition mature, la bande dessinée et les livres jeunesse sont les deux secteurs les plus dynamiques », explique Claude de Saint-Vincent, directeur général de Média Participations, premier éditeur français de bande dessinée (« XIII », « Largo Winch »?). Une vitalité qui ne se dément pas depuis quatorze ans. Régulièrement, les bandes dessinées se retrouvent sur le podium des meilleures ventes de livres. En 2008, le douzième album de Titeuf, « le Sens de la vie », édité par Glénat, rafle la deuxième place des meilleures ventes toutes catégories de l'année avec 495.400 exemplaires vendus.Mais le dynamisme de la production de bande dessinée commence pourtant à inquiéter. En cinq ans, elle a plus que doublé. « Depuis deux ou trois ans, la BD est entrée en surproduction », analyse Claude de Saint-Vincent. « Une contraction du marché s'amorce », ajoute-t-il. De fait, pour le premier trimestre 2009, le nombre de titres annoncé est en recul de 7,7 % par rapport à la même période en 2008, selon « Livres Hebdo ».relais de croissance« Produire une BD coûte beaucoup plus cher qu'un roman en termes de fabrication, et se vend moins cher. Du coup, le point d'équilibre est beaucoup plus élevé. Pour un roman, il se trouve aux environs de 2.500 exemplaires alors qu'il faut en vendre plus de 10.000 pour une bande dessinée avant d'atteindre le point mort », explique Claude de Saint-Vincent.Si le nombre de titres publiés est en constante progression, les tirages s'étiolent. « En 2008, 95 séries ont été tirées à plus de 50.000 exemplaires », rapporte Gilles Ratier, secrétaire général de l'ACBD, dans son rapport annuel. Mais pour ces séries à succès, les relais de croissance sont nombreux. Produits dérivés, adaptation sur petit ou grand écran permettent aux héros de toucher de nouveaux publics. « Depuis toujours, la bande dessinée s'est déclinée en tee-shirts, fournitures scolaires et autres pots à moutarde », rapporte Claude de Saint-Vincent. Mais « cette stratégie ne concerne qu'environ 10 % de notre catalogue », nuance-t-il.dujardin en lucky lukeEn revanche, sur le grand écran, la tendance est plus récente. Le succès de l'adaptation de Largo Winch (voir ci-contre) sera suivi par la sortie en octobre prochain d'un « Lucky Luke » incarné par Jean Dujardin. Aux États-Unis, le tournage des aventures de Tintin a commencé sous la houlette de Steven Spielberg. À Angoulême, les producteurs de cinéma sont d'ailleurs de plus en plus présents. « Dans les années à venir, nous comptons développer ces rencontres entre éditeurs de bande dessinées et producteurs de manière plus professionnelle dans le cadre du festival », souligne Benoît Mouchart.
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