Les grandes écoles critiquées pour leur refus de quotas de boursiers

Le rejet par la Conférence des grandes écoles d'introduire un quota de 30% de boursiers dans leurs effectifs provoquent de vives réactions d'indignation. Le projet du gouvernement s'en trouve renforcé.

Paradoxalement, les grandes écoles ne pouvaient pas rendre un meilleur service au gouvernement en rejetant son projet d'introduire un quota de 30% de boursiers dans leurs effectifs. D'autant que le motif invoqué par la Conférence des grandes écoles (CGE), à savoir que cette mesure «amènerait inévitablement une baisse du niveau moyen», est très politiquement incorrect.

Les réactions vis-à-vis de l'organisme ne se sont pas faites attendre, sont très vives et quasi unanimes. En effet, cette prise de position a été qualifiée d'« antisociale » par le patron de l'Institut d'études politiques de Paris, Richard Descoings, le premier à avoir ouvert son école, en 2001, à des étudiants venant de zones d'éducation prioritaires. Le commissaire à la Diversité et à l'Egalité des chances, Yazid Sabeg, ainsi que SOS Racisme ont jugé ce refus « scandaleux ». Alain Minc et François Pinault s'étonnent dans Le Monde de ce jeudi "que dans la société contemporaine, on puisse être aussi réactionnaire". Ils disent même avoir eu "un haut le coeur" en lisant la réaction de la CGE, et affirment refuser qu'un concours passé à 20 ans "fixe à jamais une hiérarchie entre jeunes Français". Selon eux, "l'équilibre de la société passe par le rétablissement de la promotion sociale et à cette aune-là le respect absolu des modes de recrutement traditionnels est suicidaire".

Actuellement, les écoles d'ingénieurs comptent dans leurs rangs en moyenne 23 % de boursiers. Mais le chiffre chute à 11 % dans le cas de Polytechnique. Et à 12% à l'Essec ou à HEC pour les écoles de commerce. Parallèlement, plusieurs écoles s'échinent à attirer des recrues moins traditionnelles. Ainsi, l'ENA, école nationale d'administration qui forme les futurs hauts fonctionnaires et responsables politiques, a ouvert en septembre une prépa destinée à former des jeunes talents d'origine modeste au concours d'entrée.

Reste que même la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, se dit opposée à la méthode des quotas. Elle considère en effet que les établissements doivent plutôt « changer leurs méthodes de recrutement pour prendre des jeunes qui ont de la valeur ».

La polémique lancée autour de cette proposition pourrait amener le gouvernement, en recherche de popularité, à s'en servir comme outil de relance de l'ascenseur social.

Commentaires 3
à écrit le 09/01/2010 à 12:01
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La CGE a raison de faire du "politiquement incorrect". C'est une des seules façons de résister à la vague démagogique actuelle d'égalitarisme et de misérabilisme!

à écrit le 06/01/2010 à 11:38
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Tout à fait d'accord avec "unpeudeserieux". Ajouton que ce projet de loi ne vise qu'à contourner des problèmes qu'il faudrait régler en amont c'est à dire dans l'enseignement primaire, secondaire puis en classe Prépa. Que devient l'équité si tous les...

à écrit le 06/01/2010 à 10:33
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Plus de bourses peut-être, quelles que soient les etudes, pourvu qu'elles soeint de bon niveau et que l'etudiant la merite. Mais l'attribution d'une bourse ne doit pas être un moyen de contourner la selection. Au fait, le pays des bourses, c'est les ...

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