Les ouvrières de Lejaby déterminées à sauver leur emploi

Une centaine d'ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby occupent pour le troisième jour le siège social de leur entreprise en banlieue lyonnaise, pour protester contre un plan social prévoyant 197 licenciements.

Une centaine d'ouvrières occupent depuis jeudi soir le siège social du fabricant de lingerie féminine haut de gamme Lejaby à Rillieux-la-Pape, en banlieue lyonnaise, pour protester contre un plan social prévoyant la fermeture de trois sites de production et 197 licenciements.

"On restera"

"On est désespérées, on est fatiguées, on se demande ce qu'on va faire de nos enfants", dit Nicole Mendez, délégué CFDT de l'entreprise, pour justifier l'occupation des locaux ddu siège. "On restera là pendant le week-end, et encore la semaine prochaine", prévient Brigitte Figueroa, 50 ans, déléguée CGT du site de Bellegarde. Avec le site de Bourg-en-Bresse (Ain) et celui du Teil (Ardèche), l'usine de Bellegarde (Ain) doit être fermée avant la fin de l'année dans le cadre d'une délocalisation de la production vers la Tunisie, le Maroc, la Chine et la Pologne.

Avec peu d'espoir de sauver leur emploi, les salariées tentent de négocier au mieux leurs indemnités. Elles auraient demandé la somme de 70.000 par personne avec 420 euros par année de travail.

Parallèlement, une action judiciaire est engagée devant le tribunal de grande instance de Lyon qui doit examiner mardi prochain une demande d'annulation de la procédure de licenciement. Le motif invoqué est que l'actuel propriétaire de Lejaby, le groupe autrichien Palmers Textil, intente un procès au précédent propriétaire, l'américain Warnaco, pour casser la vente. "Palmers a caché le fait qu'il avait engagé, depuis novembre dernier, un procès contre l'américain Warnaco pour faire annuler la vente de Lejaby", explique l'avocat des ouvrières, Me Pierre Masanovic. "On est en présence d'une situation tout à fait inédite. Si la vente de Lejaby était effectivement cassée, on repartirait sur une situation totalement nouvelle".

Pas de séquestration de patron

Ces ouvrières du textile, qui ont travaillé parfois vingt ou trente ans dans l'entreprise, n'envisagent toutefois pas de séquestrer leur direction, comme cela s'est fait dans diverses branches de l'industrie française ces derniers mois, et disent ne pas comprendre les choix stratégiques de leur direction, qui contredisent selon elles ceux du gouvernement. "Lors des états généraux de l'Industrie, il a été conclu que l'habillement, la mode et le luxe devaient être les priorités de la France, car les savoir-faire sont là et nous, on les expédie à l'extérieur", constate Nicole Mendez (CFDT).

Lejaby produit plusieurs grandes marques de lingerie féminine en dehors de la sienne, comme Rasurel, Nina Ricci et Elixir. Elle a déjà licencié 225 salariés en 2003 pour délocaliser. "Lejaby présente des résultats positifs mais pour augmenter les bénéfices, elle prévoit de faire passer la production réalisée en France de 30% aujourd'hui à 7%", dit Nicole Mendez.

Le marché de la lingerie féminine est estimé à 14,3 milliards d'euros en Europe et à 2,6 milliards en France. Les françaises dépensent en moyenne 98 euros par an pour leurs dessous. Pour un soutien-gorge produit en France, six sont importés.

 

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