Diplôme d'ingénieur : la proposition de créer un label universitaire inquiète les écoles

Une récente étude propose de créer un modèle de formation universitaire d'ingénieurs.

C'est un petit pavé jeté discrètement dans la marre des écoles d'ingénieurs. Alors que ces 200 écoles (qui accueillent 122.000 étudiants) sont une spécificité française (modèle en cinq ans, ou en trois ans après une classe préparatoire), une étude que vient de publier l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (AERES) propose de mettre en place un référentiel pour la formation universitaire au métier d'ingénieur afin de labelliser des "masters en ingénierie".

L'objectif de ce "cursus d'ingénierie" serait de rendre plus lisible et mieux encadrée une offre universitaire déjà existante (environ 4.000 diplômés de master ingénierie par an hors écoles, soit 13% des diplômés d'écoles) mais très dispersée et peu visible du fait d'un éventail "énorme des (micro) spécialités" . Il s'agirait aussi de proposer une alternative au modèle des écoles qui attire "plus particulièrement les forts en maths", est adapté à la formation de "certaines catégories d'ingénieurs de haut niveau" mais ne "couvre pas tous les besoins d'un marché en ingénieurs très multiforme".

"Arguments infondés"

De quoi hérisser le poil des représentants des écoles et la commission des titres d'ingénieurs (CTI) qui accrédite, depuis 1934, toutes les formations d'ingénieur. La CTI, échaudée par la volonté de l'AERES de l'absorber en 2008 et non consultée pour le rapport, estime ce document "partiel et partial dans la mesure où, s'il pose de vraies questions, il est mal fondé", estime son président Bernard Remaud. Selon lui, l'offre universitaire est suffisante puisque quarante universités sont habilitées à délivrer le titre d'ingénieur et que l'on compte douze écoles Polytech internes aux universités (2.900 ingénieurs diplômés par an). La conférence des grandes écoles (CGE) soutient la CTI, estimant "étrange" l'idée d'un référentiel de formation universitaire et jugeant le rapport "contradictoire". De son côté, le Bureau national des élèves ingénieurs (BNEI) juge "les arguments de l'AERES infondés". "La demande en ingénieurs du marché n'est déjà pas couverte par les écoles et celles-ci ont largement diversifié leurs voies d'accès, notamment en lien avec les universités. Aujourd'hui, seulement 40 % des élèves sont issus des classes préparatoires", indique le président du BNEI, Guillaume Perrin. Pour Paul Jacquet, président de la conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI), "il ne faut pas banaliser le titre d'ingénieur. Les universités dans lesquelles devraient se développer ces masters labellisés abritent souvent déjà une école d'ingénieur. Nous allons discuter avec la ministre de l'Enseignement supérieur et l'AERES et demander à ce qu'il n'y ait pas d'ambiguïté."  Contactée, l'AERES, qui exclut toute vélléité d'accréditer ou de labelliser des diplômes, objecte que ce projet de référentiel a pour seul objectif de faciliter l'évaluation des masters en ingénierie existants

Plus largement, selon Bernard Remaud,  le problème de fond est surtout la désaffection des jeunes pour ce secteur, la démographie déclinante et la faible attractivité de l'offre de masters en ingénierie.  Un contexte tendu donc, qui rend les écoles d'autant moins enclines à accepter une plus grande concurrence de la part des universités.

Commentaires 24
à écrit le 29/12/2010 à 18:43
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Le niveau des écoles d'ingénieur est très inégal et il faut y regarder à deux fois avant de recruter un ingénieur selon l'école dont il est issu. Pour les écoles des groupes 1 et 2, les mauvaises surprises sont rares, mais pour les autres, attention....

à écrit le 22/12/2010 à 16:52
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il est grand temps de recruter des ingenieurs en recherche et developpement,pour braver la chine et les usa , et de payer la recherche a sa juste valeur et non pas recruter des modelisateurs pour la finance!quant a mixer les universités et les grande...

à écrit le 22/12/2010 à 14:45
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Intéressant mais bourré de fautes d'orthographe, c'est récurrent et lassant ....

à écrit le 22/12/2010 à 7:11
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Comme le mot architecte, le mot ingénieur désigne à la fois un métier et un titre caractérisant la formation. La grosse différence entre mastère et ingénieur, outre la voie d'accès plus sélective, c'est que les études d'ingénieur sont sous-tendues su...

le 22/12/2010 à 7:58
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Je tiens juste à signaler que les masters (et non mastère) sont tous aussi sélectifs qu'un grand nombre d'écoles d'ingénieurs! Par ailleurs les écoles d'ingénieurs ont tendance à ne plus faire de formations très techniques mais au contraire ouvrir l...

à écrit le 22/12/2010 à 4:01
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Mais pourquoi changer quelque chose qui marche? Les écoles françaises d?ingénieurs sont réputées pour la qualité de la formation dispensée à leurs élèves. Ceci est bien sur le résultat d'une politique stricte de contrôle de l'enseignement. Il est ...

à écrit le 21/12/2010 à 15:50
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Mon fils a obtenu un DESS calcul d'elements finis il y a 17 ans à Valenciennes et depuis il travaille aux USA et a toujours eu des postes de responsabilités dans de grands groupes :ce qu'il n'aurait pu avoir en France ....Par contre certains de ses c...

le 21/12/2010 à 17:37
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Et que faut-il en déduire ?

le 22/12/2010 à 8:51
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Pour ceux qui galerent en France et qui ont ce genre de bagages: http://jobs.ac.uk. Les doctorats et Post Docts sont tres prises au Royaume Uni.

le 28/12/2010 à 6:42
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Il faut en déduire que Valenciennes est un tremplin pour le nouveau monde.

à écrit le 21/12/2010 à 14:58
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les universites ont montre qu'elles pouvaient faire aussi bien que les meilleurs grandes ecoles de management (prendre Dauphine par ex.) Maintenant pour des etudes d'ingenieur, il ne s'agit pas de plomber les grandes ecoles qui font un excellent trav...

le 21/12/2010 à 18:31
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Dauphine est un tres bon exemple d'Universite qui se comporte, par certains aspects comme une Ecole, la selection a l'entree en est un bon exemple. Elle n'est d'ailleurs plus reellement consideree comme une universite mais comme un "Grand Etablisseme...

le 22/12/2010 à 1:58
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Une université même avec le statut de grand établissement reste une université.

le 22/12/2010 à 6:56
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Oui mais si son mode de fonctionnement intrinsèque (selection) ainsi que sa gestion (statut de Grand Etablissement) n'est pas celui d'une universite... on s'en eloigne. La reussite de Dauphine pose des questions sur les autres universites et les blo...

à écrit le 21/12/2010 à 13:41
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Il s'agit d'un juste retour des choses : seules les universités avaient le droit de décerner les diplômes de master; puis l'autorisation a été donnée à de nombreuses autres "institutions de formation". L'université aura le droit de délivrer des diplô...

le 21/12/2010 à 18:24
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Difficile de faire plus dense en âneries? Le travail de la CTI est d?une telle qualite qu?elle est même appelée depuis l?étranger pour aller y evaluer des établissements. Le premier exemple qui me vient en tete est la très prestigieuse EPFL (Ecole Po...

à écrit le 21/12/2010 à 12:46
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Depuis que j'ai obtenu mon diplôme d'ingénieur, je vois bien la man?uvre consistant à glisser tout diplôme vers l'étiquette du "master" anglo-saxon. Qui recouvre tout et surtout n'importe quoi. Ce n'est certes pas le diplôme qui fait la valeur, mais ...

à écrit le 21/12/2010 à 12:24
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Je trouve que c'est une trés bonne idée! Mais il faudrait aussi développer l'idée de "reseau d'anciens universitaires" pour modifier et améliorer l'image de la formation universitaire face au lobby de certaines écoles.

à écrit le 21/12/2010 à 12:06
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On va assister a une baisse generale des niveaux qui va ramener la France dans le peloton des mediocres de la planete. Un ingenieur est quelqu'un capable d'utiliser des concepts pour repondre a des besoins. Un technicien, lui, utilise des solutions ...

le 21/12/2010 à 12:28
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Gregory vous avez l'esprit bien borné et le regard fermé par des oeillères. Comment oser affirmer qu'un universitaire ne peut être qu'un technicien et qu'il ne peut pas utiliser des concepts!!! c'est d'une absurdité!

le 22/12/2010 à 9:09
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Bon , j'avais prepare une reponse mais le systeme l'a efface en se mettant a jour. En gros, si les universites se mettent a former des ingenieurs surnumeraires, il va y avoir un probleme de niveau de sortie puisqu'il y a un deja un probleme de niveau...

à écrit le 21/12/2010 à 9:05
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Difficile d'accepter la concurrence même si on se destine à oeuvrer pour le capitalisme libéral !

le 21/12/2010 à 9:40
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Le problème n'est pas celui de la concurrence entre écoles et universités mais de celui entre agences de certification. D'une part, la CTI a fait ses preuves : les ingénieurs français sont appréciés dans le monde entier. D'autre part, les écoles d'in...

le 26/12/2010 à 14:32
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Exactement, et la volonté par le ministère de contrôler TOUT. La CTI est un organisme indépendant du ministère. Le ministère veut pouvoir nommer tout le monde...

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