" La France ne crée pas assez d'emplois qualifiés ! "

Dans un entretien accordé à La Tribune, Pierre-Antoine Gailly, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) se veut prudent quant à la reprise actuellement en cours. Il invite à imiter le modèle éducatif allemand qui valorise depuis longtemps l'apprentissage.
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La Tribune - Pierre-Antoine Gailly, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), peut-on parler de reprise économique en Ile-de-France ?

Pierre-Antoine Gaully - Il faut être prudent. Certes, l'activité redémarre mais avec une courbe en forme de tôle ondulée. Les bonnes performances trimestrielles ne s'enchaînent malheureusement pas plus pour l'instant en Ile-de-France que dans la France toute entière.

- Quels sont les secteurs les plus dynamiques ?

- Sans surprise, ceux qui sont tournés vers l'étranger et qui s'inscrivent dans la dynamique mondiale. Il s'agit par exemple du tourisme, des industries à haute valeur ajoutée, des services financiers... qui profitent à plein de l'effervescence économique des pays émergents En revanche, les entreprises qui n'ont qu'une activité domestique tournent à un rythme bien plus modéré. Comment voulez vous qu'une entreprise qui ne travaille qu'en France fasse des étincelles alors que le PIB progresse de 1,5% par an ? C'est impossible.

- Pourtant, l'emploi repart progressivement.

- Comme l'investissement, il progresse faiblement, essentiellement dans l'intérim. Par ailleurs, il faut bien admettre que les entreprises les plus dynamiques n'ont pas une activité à forte intensité de main d'oeuvre. Ce n'est pas parce qu'elles affichent une jolie santé qu'elles embauchent forcément et qu'elles recutent en France !

- Qui embauche alors ?

- Ce sont par exemple les services aux entreprises mais aussi les services à la personne et le secteur de l'hôtellerie et de la restauration dont l'activité est stimulée par l'arrivée de touristes des pays émergents.

- Ce ne sont pas vraiment des emplois qualifiés...

- C'est vrai. A la CCIP, nos constatons en effet une moindre qualification des embauches. C'est la raison pour laquelle des efforts supplémentaires doivent être faits pour améliorer la formation, via notamment l'apprentissage.

- Cette formule fonctionne-t-elle ?

- Tout à fait, en particulier dans certains métiers comme la restauration porté par une sorte d'engouement médiatique pour l'art culinaire. Les métiers du cuir sont aussi bien valorisés en raison de la renommée du secteur du luxe français. En revanche, parce que l'apprentissage est assimilé au travail manuel, il n'a pas encore le succès qu'il mériterait d'avoir. Il faut savoir qu'en Allemagne, un pays dont les atouts sont régulièrement vantés par les pouvoirs publics, l'apprentissage est une voie choisie par un jeune sur deux. Dès 15-16 ans, les jeunes allemands savent ce qu'ils veulent faire comme métier et ils en apprennent les rudiments.

- Quelles seront les conséquences de la réforme consulaire pour les entreprises ?

- « Pendant les travaux, la vente continue. » Les entreprises françaises et d'Ile de France ne doivent pas pâtir des profondes transformations à venir des réseaux des chambres de commerce. En Ile de France, nous avons jusqu'en 2013 pour mener ce chantier consistant à mutualiser les compétences humaines et techniques des chambres de la région. Les entreprises de la région Ile-de-France doivent être les bénéficiaires de cette réforme.

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