"La transparence doit s'imposer aux activités internationales des grands groupes"

Après l'annonce de Total selon laquelle le groupe pétrolier renonçait au bénéfice mondial consolidé, le candidat à la primaire socialiste veut que les multinationales fassent la lumière sur leurs bénéfices réalisés à l'étranger.
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Etes-vous favorable à une imposition supplémentaire pour Total qui vient d'annoncer la hausse des prix de l'essence ?

L'efficacité d'une nouvelle taxe me paraît illusoire, car les groupes du CAC 40 en général, et Total en particulier, paient déjà peu d'impôt sur les sociétés (IS) en France. Avant d'envisager toute nouvelle taxe, il faut, d'abord, rendre à l'IS sa juste place dans notre système fiscal. Il n'arrive plus aujourd'hui qu'en quatrième position de nos prélèvements obligatoires après la TVA, la CSG et l'impôt sur le revenu. En outre, il est vecteur d'injustices manifestes car les PME sont imposées à un taux réel deux fois supérieur à celui des entreprises du CAC 40. Les raisons de cette injustice découlent, en grande partie, des cadeaux fiscaux offerts par la droite, depuis dix ans.

Le renoncement de Total au bénéfice mondial consolidé vous satisfait-il ?

C'est un premier pas. Mais il existe bien d'autres niches fiscales qui méritent d'être rediscutées. La déduction des intérêts d'emprunt pour l'acquisition des titres de participation, les reports de déficit... sont autant de moyens de réduire l'IS des grandes entreprises. Mais il faut exiger, surtout, plus de transparence pour permettre aux consommateurs d'apprécier la pertinence des prix et à l'Etat de mieux contrôler l'activité des grands groupes à travers le monde. Nous savons tous qu'une plus grande transparence sur les marchés financiers aurait limité les effets de la crise des subprimes.

Que recommandez vous pour améliorer cette transparence ?

Il faut une réglementation contraignante. Nous devons obliger les grands groupes, notamment dans les activités d'extraction, à dévoiler la part de leurs bénéfices et de leurs paiements réalisés, dans chaque pays, y compris dans les territoires où l'opacité est la règle. Je préconise donc le principe du reporting pays par pays, défendu par de nombreuses ONG et instauré aux Etats-Unis par la loi Dodd-Frank du 21 juillet 2010.

Etes-vous d'accord avec la proposition de François Fillon de taxer une partie des revenus "extravagants" des dirigeants d'entreprises via l'impôt sur les sociétés ?

Soyons clairs. Sur cette idée, c'est François Fillon qui est enfin d'accord avec la gauche ! Depuis dix ans, la droite a constamment réduit la progressivité de l'impôt sur le revenu. La taxation des revenus de capitaux mobiliers est ainsi tombée de 40 à 19% pour les ménages les plus riches. Or, une très grande partie des revenus des dirigeants du CAC 40 est attribuée sous la forme de stock-options ou de dividendes. J'aimerais pouvoir mettre ce retournement brutal au crédit de la droite. Mais je crains qu'il s'agisse plus d'une manoeuvre préélectorale que d'une sincère conversion à l'équité.

Commentaires 4
à écrit le 16/07/2011 à 16:55
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La transparence? Mais que les politiques et les partis politiques et les syndicats commencent par eux mêmes; les grands groupes ont détourné (au moins fiscalement) légalement et illégalement des milliers de milliards depuis des décennies et curieusem...

à écrit le 15/07/2011 à 21:01
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Ne pas oublier que ceux qui sont à l'origine de la crise ne sont pas les groupes comme Total, mais au contraire les banques. Il faudrait donc avant tout plus de transparences, et plus de régulations sur le secteur bancaire. Que penser, aussi, des CDS...

à écrit le 15/07/2011 à 14:40
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et aussi aux GRANDS POLITIQUES, la transparence!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

à écrit le 15/07/2011 à 10:41
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c'est qui ?

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