"La récession va faire évoluer l'Allemagne"

Pour le député européen (PS)* Liem Hoang Ngoc , il va s'écouler au moins un an d'ici la ratification par les pays membres du nouveau pacte de stabilité. Sous l'effet de la récession, les pays européens, y compris l'Allemagne, devraient finir par accepter une renégociation du traité et promouvoir une politique plus axée sur la croissance

-Les conservateurs européens ont tout l'air de vouloir isoler François Hollande, notamment parce qu'il veut renégocier le traité sur la rigueur budgétaire. Le candidat PS a-t-il vraiment une chance de parvenir à cette renégociation ?

-Comme dans les autres pays, ce traité devra faire l'objet d'une ratification en France. François Hollande, s'il est élu, pourra s'appuyer sur la légitimité que lui conférera cette élection et sur un vote du parlement en faveur d'une renégociation. On peut même imaginer une consultation des Français par référendum, qui aboutirait à un rejet du texte tel qu'il existe aujourd'hui: un tel vote en faveur d'une nouvelle négociation, un tel soutien du peuple, donnerait encore plus de poids au nouveau président, dans une négociation européenne.

-Mais il faut que les 25 pays européens acceptent une telle révision...
Il va s'écouler du temps entre l'élection présidentielle et la fin du processus de ratification dans les autres pays. Les opinions peuvent évoluer. En Allemagne, en premier lieu, où des élections ont lieu en 2013. Sous l'effet de la récession qui va réduire les débouchés pour les exportations, les Allemands vont s'interroger de plus en plus sur la nécessité d'une politique de relance de la croissance.

-Le parti social-démocrate est encore partagé...
-Oui, mais il y a de bonnes chances qu'il évolue vers les positions françaises. D'autant que, j'insiste, la récession européenne qui se profile, et qui sera importante, sous l'effet des politiques d'austérité budgétaire va amener l'opinion à changer. Déjà, l'Espagne souligne qu'elle ne peut atteindre ses objectifs. Le Portugal est mal en point. Et, en Italie, Mario Monti a indiqué qu'il serait inapproprié d'engager de nouvelles mesures d'austérité face à la récession. Les dirigeants européens vont finir par être pragmatiques, et comprendre que seule une politique de croissance peut nous tirer d'affaire. Pour autant, ce qui m'inquiète, à court terme, ce sont les man?uvres des conservateurs au Parlement européen pour faire passer avant l'été dans « la législation dérivée » (dans deux directives - le « two pack » - qui doivent compléter le paquet gouvernance adopté en septembre dernier - « six pack ») la « règle d'or » que veulent inscrire Merkel et Sarkozy dans le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG). Leur but serait alors de prévenir une éventuelle renégociation de ce traité par la France en cas de victoire de la gauche.

*(secrétaire national adjoint en charge de l'économie au PS, auteur de lLes théories économiques, petit manuel hétérodoxe, La Dispute, 2011)
 

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