Législatives : une majorité de gauche probablement, mais laquelle ?

Le résultat des élections législatives, dont le premier tour a lieu ce dimanche 10 juin, va déterminer l'étendue du pouvoir du Parti socialiste. Celui-ci aura t-il la majorité absolue à lui tout seul? Hypothèse peu probable. Selon les instituts de sondage, c'est le scénario d'une majorité PS, Europe Ecologie-Les Verts, Radicaux de gauche, MRC qui tient la corde... Mais un bon score du Front de Gauche pourrait venir perturber les choses. L'hypothèse d'une nouvelle cohabitation découlant d'une victoire de la droite semble, en revanche, peu plausible.
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Une majorité absolue pour le seul parti socialiste à l'Assemblée nationale au soir du 17 juin ? Les socialistes l'espèrent... Après tout ceci s'était déjà produit en juin 1981 après l'élection de François Mitterrand à l'Elysée. Mais, en 2012, rien n'est moins sûr. Les jeux semblent même beaucoup plus ouverts qu'il y a trente et un ans. Certes, le scénario d'une nouvelle cohabitation semble peu probable. Selon le dernier sondage Ipsos Logica publié vendredi 8 juin pour France Télévisions, Radio France et Le Monde, seulement 18% des sondés imaginent une victoire de la droite (UMP, Radicaux et Nouveau Centre). Et 35% seulement des personnes interrogées votant à droite au premier tour estiment possible que leur camp l'emporte au soir du second tour...

Il faut dire que plusieurs députés de l'UMP ont eux-mêmes donné de la voix pour dire à quel point la cohabitation ne correspondait pas à l'esprit des institutions de la Vème République. Ceci dit, selon le sondage Ipsos Logica, la droite est très loin de s'effondrer, en renvoyant à l'Assemblée entre 231 et 285 députés (au lieu de 314 dans la chambre sortante). Le FN, lui, obtiendrait entre zéro et trois sièges. Ce scénario de la cohabitation peu probable évacué, d'autres cas de figure peuvent se présenter. Tour d'horizon.

Le PS majoritaire à lui tout seul

Cette situation, équivalente à celle de 1981 semble peu certaine. Cela signifierait qu'à lui tout seul, le PS gagne dans 289 des 577 circonscriptions. S'il se réalisait, pour la première fois de l'histoire de la cinquième République, on trouverait un socialiste à l'Elysée, à Matignon, à la présidence de l'Assemblée nationale et à celle du Sénat. Bref, un " Etat PS" hégémonique qui, dans quelques mois ou quelques années, en cas de grandes difficultés, pourrait devenir un véritable fardeau pour ses promoteurs. L'UMP ayant beau jeu de dire " vous aviez tous les pouvoirs et vous avez échoué".

Mathématiquement, de toute façon, l'hypothèse est quasi irréalisable. En effet, aux termes des accords passés avec les partis associés pour la mandature, le PS a  "réservé" 65 circonscriptions à Europe Ecologie- Les Verts (EE-LV), 9 au Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) et 32 aux Radicaux de Gauche (PRG). Autant de circonscriptions, donc, où le PS ne présentera pas de candidats. Parmi les instituts de sondage, seul OpinionWay croit dans cette hypothèse,en attribuant à l'unique PS entre 292 et 324 sièges. Les autres instituts se montrent plus réservés.

Le PS et les partis alliés ont la majorité

C'est le scénario le plus plausible. TNS Sofres estime que l'ensemble PS,divers gauche, EEL-V, MRC remportera entre 292 et 327 sièges et OpinionWay, dans l'une de ses hypothèses, fixe la fourchette entre 308 et 346. Une telle majorité ne serait pas forcément facile à tenir. Les problèmes ne viendront sans doute pas du PRG. Dans l'Assemblée sortante, 7 députés PRG étaient apparentés au groupe socialiste. Ils peuvent espérer gagner entre 7 et 10 sièges. Ce qui pourrait leur permettre de constituer un groupe autonome (15 députés au minimum). A priori, ce nouveau groupe ne devrait pas faire défaut pour voter les projets de loi.

En revanche, des turbulences sont attendues par les socialistes du côté des "écolos". Ceux-ci sont actuellement trois à siéger à l'Assemblée. L'accord passé avec le PS pourrait leur assurer un gain de 20 nouveaux élus. Ce groupe pourrait parfois être tenté de rentrer en dissidence avec ses alliés socialistes, notamment sur les questions énergétiques, le nucléaire en particulier. Même si le "contrat de mandature" signé avec le PS, la présence de ministres "écolos" au gouvernement et le faible score d'Eva Joly à la présidentielle devraient venir freiner leurs velléités.

Le Front de Gauche en renfort

Dernier scénario, le PS et ses alliés n'ont pas la majorité absolue en raison d'un très bon score du Front de Gauche. Actuellement, le groupe "Gauche démocrate et républicaine", où siègent les communistes, compte 20 membres. Le sondage Ipsos Logica estime que, grâce à l'étiquette Front de Gauche, ce nombre pourrait monter à 23, voire même, hypothèse haute, 26. Il faut rappeler que le Front de Gauche est un conglomérat de différents partis, dont le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Parti communiste français (PCF). A priori, ce sont essentiellement des communistes qui devraient être élus à l'Assemblée. Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, sera alors peut-être tenté de séduire la branche PCF en lui proposant d'avoir des ministres. Une façon pour le locataire de Matignon d'élargir sa majorité.

Mais il n'est pas certain que le PCF accepte. Pour sa part, Jean-luc Mélenchon a déjà annoncé que le Parti de Gauche ne rentrerait pas au gouvernement. Si le Front de gauche reste dans un rôle de soutien critique, le PS et ses alliés risquent de devoir faire face à une sorte de chantage permanent, notamment à l'occasion des débats sur les lois de finances ou de financement de la Sécurité sociale où le Front de Gauche voudra certainement jouer au "Monsieur plus" sur les recettes émanant de la taxation du capital... Cependant, Jean-Luc Mélenchon a assuré qu'il ne voterait jamais une motion de censure contre le gouvernement socialiste. Quoi qu'il en soit, Jean-Marc Ayrault pourra s'inspirer de l'exemple de Michel Rocard qui, en 1988, à la tête d'une majorité étriquée, avait su trouver des alliances ponctuelles sur chaque texte de loi important.

 

Commentaires 7
à écrit le 11/06/2012 à 11:25
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SPIP bien vu: Devant l?insolence du parti socialiste qui s'allie avec le front de gauche et des médias qui comme à l'habitude montre clairement leur choix à gauche, je ne comprends pas pourquoi l'UMP ne passe pas des accords avec le FN.

à écrit le 11/06/2012 à 10:43
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Le FN sera peu représenté, Mélenchon a pris une belle giffle et son parti sera peu représenté c'est le cocu des socialistes, les verts seront un peu représentés mais ils n'ont pas beaucoup de caractère et diront toujours oui aux socialistes donc fort...

à écrit le 10/06/2012 à 18:52
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Et avec probablement un bon 15% des voix, le FN n'aura donc que 1 à 3 députés. Vous avez dit démocratie? Cet article me fait doucement rigoler. Je n'adhère pas aux thèses du FN, mais en quoi ce parti extrémiste l'est moins que les coco/front de gauch...

à écrit le 10/06/2012 à 18:00
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Gauche caviars.

à écrit le 10/06/2012 à 17:33
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On s'en fout de qui sera élu. De toute façon on les voit jamais.

à écrit le 10/06/2012 à 13:35
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il faut bien lire 20 heures !!!

à écrit le 10/06/2012 à 13:34
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je croyais les commentaires ne se bornant pas à la participation, légalement interdits , jusqu' à 2 heures le jour du scrutin... cet article très bien fait par ailleurs contient en filigrame quelques incitations ???

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